Sciuscià

 

Un métrage, une image : M (1951)

Remake merdique ? Matrice apocryphe, puisque Psychose (Hitchcock, 1960) s’y profile, même les mannequins du Baiser du tueur (Kubrick, 1955), d’ailleurs. Ni M le maudit (Lang, 1931), ni Furie (Lang, 1936), M s’avère assez longuet, ponctué d’annotations drolatiques, décontractées, surtout sises au sein du Bradbury Building, bâtiment au baroque amerloque, dont le vide évident, l’agitation sans tension, symbolisent ainsi, ironique métonymie, ceux d’un film qui frise l’inutile. Losey glosait à Ciment son désir de se démarquer du modèle allemand, son parti pris d’opposer un individu « malade » à une société « coupable », d’en plus portraiturer le « produit » de la « matriarcale et matérialiste petite classe moyenne américaine », amen. En 1974, face à Friedkin, Fritz se défendit de s’être soucié de sociologie, a fortiori pré-nazie ; face au freudisme risible, pléonasme, du « schizophrène paranoïaque », branleur à lacet essoufflé, bourreau de statuette en pâte à modeler, accessoirement, magnanime, de cosmopolites gamines, le tueur infantile et infanticide de Peter Lorre demeure une énigme en or, alors que le tourment du Norman (Bates) à sa maman paraît presque un étalon, itou impuissant, peut-être idem un peu « pédé », n’en déplaise au lobby LGBT, de svelte délicatesse. Pourvu d’une pareille psychologisation à la con, psychanalyse simpliste, pléonasme, bis, à la sauce US, le personnage du collectionneur de godasses suscite vite, comme on dit, un ennui poli, dommage pour Wayne (Le Mystère Andromède, Wise, 1971), le body language où il excelle, le monologue d’épilogue, applaudi de l’équipe, chic. Tout ceci ne suffit, il faut aussi, in extremis, moraliser la moralité d’incertaine sécurité, d’identité divisée, de pègre complice, portée sur le journalisme, de dépassée police, via le trépas de l’alcoolique avocat, l’épigone de Capone conduit par conséquent à la chaise l’électrisant. Avec Aldrich en assistant, en suspect de carnet ; avec ses collaborateurs illico victimes du maccarthysme ; avec sa brièveté de précise et soignée, vraie-fausse série B ; avec Les Chaussons rouges (Powell & Pressburger, 1948) en mise en abyme du motif fétichiste, en motif de gifle flanquée en famille, viva la paranoïa, les Cocos, on les découvrira, accusera, oui ou non en « robe rouge » de commissariat ; avec une flûte de tumulte, empruntée au Joueur homonyme de Hamelin ; avec ses verres en l’air, son fauteuil de coiffeur, son oiseau posé, envolé, remémoré ; avec des médias d’interdictions à foison, gestes barrières d’aujourd’hui, d’hier ; avec son masochisme mâtiné de dolorisme, car clou christique, stigmates patraques, culpabilité de « crucifié » inclus, le tandem de balances dénonçons, en duo de larrons en addition, M demeure donc une curiosité recommandable à moitié, une visite vivante et valeureuse à L.A., Bunker Hill de cité damnée, dépressive, même si les cinéphiles peuvent en définitive lui préférer, fi de regrets, arrière, Modesty Blaise (1966) raté, la série de The Servant (1963), Monsieur Klein (1976) et Don Giovanni (1979), accessit au Garçon aux cheveux verts (1948).

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir