Si seulement Marc Seberg

 

Dix titres, dix stèles, désire, dit-elle…

Si seulement les chansons d’amour et de désamour de notre modernité (dé)moralisée, contaminée, condamnée, pouvaient posséder une seconde une once de l’élégance intense de celles de Marc Seberg… Si seulement ce chanteur charmeur qui jamais n’exista, sinon en toi et moi, sous une forme démultipliée d’individualités réunies, en sursis, revenait d’entre les morts vous éclairer encore, d’une éclaircie pas rassie, sus à l’ennemi, aux geignardes nostalgies, aux années enterrées, aux jeunesses effacées, fin de siècle, obsolètes… Si seulement Philippe Pascal, autrefois artiste apolitique de Fnac marseillaise, votre serviteur se le rappelle à l’aise, ne disparaissait, peut-être se suicidait, à la soixantaine, à Rennes… Si  seulement l’éphémère Pascale Le Berre, claviériste et compositrice, fredonnait davantage sur ces voyages efficaces, effectués tout sauf en solitaire, quelles belles et bonnes bouffées d’air, breton ou non… Si Brecht & Baudelaire ouvraient vite la porte des Doors à Jean Seberg, sylphide active à suaire à l’arrière (d’auto, désolée, Diego), qu’elle (re)connaisse la détresse du pervers de Peter (Lorre, qui d’autre, dans M le maudit, pardi, Fritz Lang, 1931) et les délices des sévices, prodigués en réunion selon les valeureux veloutés, vaches, à cravache, autour de Lou Reed… Si seulement décembre, celui de l’item homonyme, celui d’aujourd’hui, ne dispensait un goût de cendre, et l’Europe, E. Rope proche, moche, ne donnait envie de se pendre, de ne plus s’y laisser prendre… Si seulement Marc & Sylvie savaient ressusciter, remplacer le pragmatisme par le romantisme… Si la ligne de fuite sise au bout des nerfs, au terme de la Terre, imposait en douceur la perspective inversée de l’enfance, parvenait à radoucir les adultes souffrances… Si Anzia, Pierre Corneau, Pierre Thomas (re)passaient par là, histoire de l’estimable trio le point de vue avoir, les années quatre-vingt, tu t’en souviens, tu n’y reviens, rien de serein, nulle part, à part à peine ta tête suspecte posée contre, tour contre, un sein féminin… Si seulement le lyrisme suffisait à défaire l’amer et le risible, à inonder les immondices, non à nous faire rebrousser chemin, mouvement immobile, stérile, en définitive du Pouvoir complice, (re)pensez à la pauvre Eurydice, crevée au carré, mais bel et bien à décliner l’invitation à la con du déclin, du vaurien, du vaccin, à mettre en musique, (dé)laisse la mise en scène obscène au spectacle patraque, à sa société à satiété, engorgée jusqu’à la nausée, Jean-Sol Partre approuve, quelque chose, blanc, une réponse de l’instant, un pont vers l’avant… Hommes aimables, femme fréquentable, groupe sans entourloupe, chants d’hier, de maintenant, certainement.           

Commentaires

  1. Un bel hommage, en direct du coeur ...
    et comme un reflet-souvenir d'un dernier maudit poète:
    "Je me dispute avec le soir fragile et casse
    Casse comme une vitre et j'ai plusieurs cadavres
    On me recueille, on me recolle, et on se lasse :
    Je couche avec un coin de mur que mon air navre "
    Les barricades mystérieuses Olivier Larronde
    http://jacquelinewaechter.blogspot.com/2016/12/tu-es-mon-aureole-absente.html

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    Réponses
    1. https://www.youtube.com/watch?v=-YHa9KFU754

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    2. Les barricades mystérieuses ou l'élan brisé de Couperin à Larronde et comme un écho à
      ces "chants d’hier, de maintenant, certainement" de votre billet...
      https://www.pianomajeur.net/forum/viewtopic.php?t=19949&start=20

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    3. https://www.youtube.com/watch?v=yn7HXmzxqV8
      https://www.youtube.com/watch?v=myhnAZFR1po

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    4. Je suis le Ténébreux (Tim Story Remix) · Christopher Chaplin
      https://www.youtube.com/watch?v=2LrHir5wntw

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    5. https://www.youtube.com/watch?v=EgcULJSRK7M

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