The Doom Generation : Poledouris en public

 

Fumer nuit à la santé, en effet, mais moins à la musique, chic…

Peu importe le filmage médiocre des captations à l’unisson, peu importe qu’aucune autre composition du modeste et prolifique Basil Poledouris au beau et haut niveau de celle-ci ne se hisse : Conan the Barbarian, conçue à l’occasion de l’estimable et mésestimé métrage homonyme de l’ami John Milius (Conan le Barbare, 1982), demeure une œuvre majeure, un sommet d’épopée, un zénith de lyrisme, dont la constante inspiration, la maestria thématique, l’absolue sincérité lui assurent une reconnaissante éternité, au moins parmi les cinéphiles atteints d’inoffensive mélomanie. Les hommes meurent, les femmes idem, ah, valeureuse Valeria, sur son bûcher enflammé davantage à la Jim  Morrison (Light My Fire) qu’à la Jeanne d’Arc, cependant leur survivent leurs rêves réalisés, leurs mirages matérialisés. Le chef-d’œuvre audacieux et généreux de Poledouris, lui-même admirateur des mouvements et des tourments du maestro Miklós Rózsa, comme son incontournable confrère Jerry Goldsmith, mérite donc d’être écouté, réécouté, revisité, revitalisé en concert, CQFD. Cette musique magnifique, puissante et poignante, délicate et intacte, prend alors une sorte de dimension d’élection, fissa se transforme en acoustique épiphanie maintenant et ici, a fortiori dirigée par deux chefs sudistes et investis. Durant quelques minutes de calme et de tumulte, les sexes s’accordent, osent la concorde, n’en déplaise à toutes celles et tous ceux qui désormais, depuis déjà longtemps, veulent vous diviser, via des clivages désolants. A contrario, à contre-courant, règne ainsi une double harmonie, des instrumentistes au service des mélodies, admirez à l’instant la pertinence et la précision de l’orchestration, due au fidèle Greg McRitchie. L’enclume de Crom résonne, de l’acier l’énigme ressuscite, les cavaliers de la fatalité du sinistre serpent Thulsa Doom s’incarnent illico dans des choristes l’irrésistible houle. Au creux de chaque rythme, chaque motif, chaque articulation construite autant sur la raison que sur l’émotion, on sent le cœur du compositeur accompagner, sublimer, la moralité ludique et désenchantée du cinéaste, récit d’asservissement et d’affranchissement, de monstres, de merveilles, de mythes, de réveil. À des années-lumière de l’académisme, sinon du cynisme, musical hollywoodien, sachant ne pas singer l’héritage classé classique européen, Basil Poledouris affirme avec style et sensibilité sa sienne identité immédiatement ouverte à/sur l’altérité, poème indépendant, intransigeant, qui emporte l’auditeur ou le spectateur au sein serein de son élancé élan. Qu’importe le cancer pulmonaire du père ou époux adoré, perdu : Conan se redresse encore, fier, fragile et fort…

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