L’Autrichienne : Un instantané de Senta Berger

 

Petit portrait d’une femme fréquentable…

Senta par Peckinpah (Major Dundee, 1965, Croix de fer, 1977), Berger chez Duvivier (Diaboliquement vôtre, 1967) ; d’autres titres de sa filmographie, aussi, par chronologie classés, allez : C’est pas toujours du caviar (Radványi, 1961), L’Ombre d’un géant (Shavelson, 1966), Le Secret du rapport Quiller (Anderson, idem), L’Homme sans mémoire (Tessari, 1974), sans oublier, à la TV, longtemps après, pendant plus d’une quinzaine d’années, danke ARTE, Double Jeu, mon Dieu. Actrice et comédienne, Senta Berger au théâtre débuta, s’y forma, y retourna. Elle tourna en Allemagne, en Angleterre, en France, en Italie, elle fit un tour, voire un détour, à Hollywood, là-bas ne s’attarda, là-bas refusa le casting canapé d’un Darryl Zanuck guère eunuque, les féministes s’en félicitent, elle se maria, mit au monde deux mâles bientôt du métier, créa de production sa propre société, reçut une pelletée de prix, de Bambi à Romy, écrivit sa vie, succès de librairie, tandis que son CV de ciné, supra survolé, inclut itou des collaborations cosmopolites sous la direction hétéroclite de Litvak, Karlson, Wicki, Fisher, Foreman, Camerini, Vicas, Mastrocinque, Weidenmann, Sharp, Young, Risi, Molinaro, Levin, Enfield, Comencini, Festa Campanile, Boisset, Schlöndorff, Wenders, Martino, Arnold, Cervi, Monicelli et Verhoeven père & fils, époux + progéniture. Tout ceci, bien joli, décliné durant six décennies, ne saurait cependant résumer Senta Berger, que l’on ne connaît pas, dont on apprécie la persona, puisque les films, au fond, procèdent autant à l’identification d’une femme qu’à sa dissimulation, n’en déplaise au caro Michelangelo (Identificazione di una donna, Antonioni, 1982). La caresse et la cravache de Cocteau accordées au nom en oxymoron de Marlene Dietrich valent ainsi pour Romy Schneider & Senta Berger, néanmoins la dernière ne décalque l’impact de ses icônes consœurs, déploie sa sienne douceur, sa solidité individualisée. Saine et sensuelle, ni sainte ni salope, pourvue de visu d’un talent évident, à part pour les mesquins Américains, leur myope camelote, Senta sut par conséquent se diversifier, ne se reposer à satiété sur l’attrait de ses traits, caractéristique aristocratique toujours conservée, au nez des années. Au-delà, elle avorta, le manifesta, le milita, pourquoi pas, chantonna, écoutez-la, en haut, en duo, et même ne se démène sur sa version de l’increvable Lili Marleen. Car la retenue, la discrétion, la subtilité de Senta Berger participent en sus de sa valeur avérée, justifient en définitive ces lignes rapides, assez énamourées, je l’admets ou avoue volontiers. Revue récemment au côté de Mario Adorf, ami documenté, elle continue à éclairer, au présent, au passé, nos obsédantes obscurités…    

Commentaires

  1. Bel hommage distingué et élégant à une actrice femme de caractère...
    Le due vite di Mattia Pascal :"Bellissimo film del 1985 prodotto dalla RAI in 3 puntate, diretto da Mario Monicelli e liberamente tratto da "il fu Mattia Pascal" di Pirandello. E' la storia di Mattia Pascal (Marcello Mastroianni) che dopo tribolate relazioni sentimentali e un momento di particolare fortuna finanziaria viene misteriosamente dato per morto e per un caso si trova ad assistere anche ai suoi funerali. Approfittando di questa surreale situazione Mattia scappa per rifarsi una vita e soprattutto una nuova identità, tuttavia il destino gli riserverà un'amara e ridimensionata realtà."
    https://www.youtube.com/watch?v=0HY0ng8cK-k

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    1. Pas de Senta ici, on se console avec Caroline Berg & Laura del Sol...
      Pas de Senta là, on se (re)console avec Laura Morante & Andréa Ferréol :
      https://www.youtube.com/watch?v=Gxqegmp7Tgg

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    2. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Double_Vie_de_Mathias_Pascal

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    3. Quelque fois commenter c'est tenter d'initier quelque recherche personnelle...la mienne déjà c'est une première approche singulière ,
      en ce qui concerne l'inconnu qui tient le blog, c'est difficile souvent pour moi de communiquer en si peu de mots, ne pas trop s'imposer enfin tout ça c'est offert dans l'impulsion de sincérité première, pas de course à l'échalote, je ne suis pas spécialiste mais cinéphile très amateur,
      où le film est déjà connu et commenté ou pas, où le billet une fois lu cela me fait penser à quelque chose question ambiance et c'est mieux de commencer par le re commencement pour voir avec un autre regard, il est vrai que je revois plusieurs fois les films appréciés...celui-là je l'avais vu en Italie il y a bien longtemps...

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    4. Une actrice aux qualités qu'on dirait sous "exploitées" à voir sa performance d'incarnation franche et sa facilité à faire image dans une époque donnée, qui m'avait interpellée dans ce film de Sam Peckinpah découvert jadis par ce qu'un de mes amis cinéphiles en était fan, soit Major Dundee cité en premier dans votre billet, pour rester dans la droite ligne... et pourtant le genre Western est loin d'être ma tasse de thé
      https://www.youtube.com/watch?v=U_RDAfwX_yY

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    5. La principale intéressée doit donc dans la partie 2 se trouver.
      Pour l'incontournable Croix de fer, elle incarne une infirmière, en écho à Stéphane Audran, autre femme fréquentable, toujours la similaire guerre durant, toutefois cette fois chez Samuel Fuller (Au-delà de la gloire, 1980), idem filmeur doux-amer.
      https://www.youtube.com/watch?v=AonZdAfEQgA
      Préférer la qualité à la quantité, surtout avec Senta Berger, CQFD.

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    6. https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020948/senta-berger-a-l-honneur/

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