Les Possédés

 

Un métrage, une image : Gunblast Vodka (2001)

Filmée à l’esbroufe, fondée sur du snuff, filmique malbouffe, rien de neuf, cette comédie policière, en définitive pas si putassière, disposait, « sur le papier », d’un certain potentiel, même structurée « à la truelle », déployée en parallèle, presque un plan, un instant, dans chaque camp. Buddy movie délocalisé du côté de Cracovie, davantage de Wrocław, Gunblast Vodka voudrait bien, mine de rien, associer la satire au thriller, faire sourire la spectatrice et le spectateur, aussi leur faire peur, en sus se moquer de l’antisémitisme, surtout polonais, se soucier d’une muse dédoublée, décédée, kidnappée. Connaissant, reconnaissant, ses classiques, il vole au Voyeur (Powell, 1960) sa caméra-couteau, à Leroi & Ninn leurs filles tout sauf faciles, victimes en cuir. Le cocktail du méconnu Jean-Louis Daniel ne s’avère cependant substantiel, boit vite la tasse, hélas, décline son identité trafiquée, frelatée, de téléfilm peu friqué, par Canal+ co-financé, à scandale fadasse. Un super-flic sémite y fait donc équipe, pourvu d’un piètre policier, obsédé sexuel adepte de la philosophie de Marc Dorcel, à savoir traiter les « putes » en « princesses » et l’inverse, accessoirement croulant sous les plaintes, lui rappelle sa supérieure aux cheveux courts, aux manières masculines, par exemple pieds croisés au coin du bureau, gros cigare à la bouche. Des locales disparaissent, des mannequins idem, Laurel & Hardy enquêtent, la CIA menace, car l’ex du consul US subit un similaire triste sort, risque la mort, à notre religieux héros, à biscottos, ceux de Götz Otto, une morte bien-aimée remémore. L’ennemi se nomme Roublev, oui, oui, comme chez Tarkovski, ressemble à un Ludwig biblique, commercialise et livre les sévices, réside au sein malsain d’un château survolé en hélico, dont les oubliettes suspectes datent du temps d’antan, des galeries nazies, voui. En bonne logique symbolique, le diable capitaliste finira crucifié, en stéréo, à main armée, sacrifice un brin luciférien, parce qu’il le valait bien, hein ? Le Jürgen Prochnow du Bateau (Petersen, 1981) s’y colle, s’amuse en Méphisto, en vidéo, tandis que la jolie Angie (Everhart), aux capacités dramatiques découvertes dans Jade (Friedkin, 1995), passe la quasi-totalité du titre en chemisier immaculé, en culotte sans doute ad hoc. Du cinéma, que cela ? Du divertissement débilitant.      

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir