Ne vous retournez pas (3) : Un mois de cinéma
Des films, des films, des films… Fuite futile ? Exil utile !
- 4 Könige (Theresa von Eltz, 2015)
Vol au-dessus d’un nid de coucou rencontre Breakfast Club :
premier film d’une femme passée par l’oxfordienne université, par Frears &
Loach (dé)formée, experte en publicités, ce psychodrame au carré, très
téléfilmé, accuse l’incompétence des adultes, adoucit des ados le tumulte.
Débuté en POV, en caméra portée, le conte teuton de Noël, un brin à la truelle,
vaut avant tout pour son casting en quatuor, presque en or, échauffant la
fable réchauffée.
- L’Apprenti salaud (Michel Deville, 1977)
Comédie insipide commise par un
cinéaste estimable ; un petit employé de quincaillerie
pseudo-quadragénaire, endeuillé de sa grand-mère, se réinvente en gros escroc
de province, à base d’héritage, au sein d’un alpage. Lamoureux joue le jeu,
Christine Dejoux avec lui et nous fait joujou, quatre ans avant La
Soupe aux choux, mais cette moralité sur la célébrité peine à
passionner, tant pis pour l’increvable Carmen de Bizet. Du Deville en vain,
dommage.
- Bruka Queen of Evil (Albert Yu, 1973)
Film fou, souvent risible, souvent sublime,
qui fait suite et explicite Kung-fu aux Philippines. Manda
redevient (in)humaine, un videur viré, à maman malade, à sœur en pleurs, y
affronte des femmes ophidiennes, des hommes de pierre, des nains malsains, un batman abominable et même un arbre
animé, olé. Muni d’une corde incroyable, le délivreur de vierges à sacrifier
décime Miss Gil + sa grand-mère à
terre, prêtresse serpentine : ciné insensé, filmé sous LSD.
- Comme s’il en pleuvait (Jose Luis Monter, 1963)
« Eddie pour les dames »,
vrai-faux miso, cogneur doté d’un cœur, se retrouve vite au centre de la toile
d’araignée (titre ibérique) tissée par le dissimulé Martinez. Si l’argument
s’avère décevant, manipulation à la con, à gros biffetons, ce divertissement
plutôt plaisant bénéficie du noir et blanc élégant de Michel Kelber, éclaireur de
Un
carnet de bal ou French Cancan. Constantine,
souriant, solide, délaisse Silvia Solar, préfère Elisa Montés, amour en mesure…
- Divine (Max Ophuls, 1935)
Vive la vigne ! Évadez-vous de
la vile ville ! Ophuls, cette fois flanqué de la peu experte Colette, profite
d’un appartement (de studio) parisien pour déployer ses célèbres
« travellings analytiques » prisés par Stanley Kubrick. Pourtant la
description anecdotique et moralisatrice
du music-hall jamais ne décolle,
malgré les dames, la came. La douce et dure Simone Berriau n’en fait pas trop,
sa scène stoïque au serpent inspira Lang, autre Allemand ?
- Les Égouts du paradis (José Giovanni, 1979)
Une vingtaine d’années
après Le Trou, le réalisateur recreuse, cette fois-ci en sens
inverse. Certes, le comportementalisme collectif cesse d’être métaphysique,
devient plutôt ludique, Giovanni parvient toutefois, à sa modeste façon, à
filmer l’effort, la fatigue, l’euphorie. Huster répète pour Parking,
Orphée égoutier, au romantisme frelaté, parcours droitiste de Spaggiari oblige.
Ainsi, un opus autant
sympathique/anecdotique que le casse qu’il duplique.
- Je serai seule ce soir (Jean de Baroncelli, 1931)
Le virus de la gravité sévit dans vos vies : voici un film aussi
léger qu’un ballon d’enfant, voire une bulle de champagne, où une épouse
multitrompée recrute ses prétendants par cartes interposées. Au début des
années 30, on parlait de « nègre » sans y penser, Clouzot écrivait,
van Parys composait, Bertin & Perrey se refusaient, s’embrassaient, au sein
d’une vraie-fausse sociologie jolie, de comédie sentimentale, presque musicale,
anecdotique, conviviale.
- Kung-fu aux Philippines (Felix Villar & Albert Yu, 1973)
La gamine, fissa orpheline, se fout
de Racine, illico elle grandit,
belle, altière, au cours d’un panoramique de cimetière, elle va vite se venger,
de la foule affolée, superstitieuse, incendiaire de ses père et mère, engager
un gang, puis deux, tandis qu’un
immaculé médecin se sert de ses pieds et poings : mélo drolatique de
différence, de souffrance, de harcèlement, d’embrasement, illuminé par le
charisme de Rosemarie Gil, Méduse à Manille.
- Moi, fleur bleue (Éric Le Hung, 1977)
Téléfilm sentimental effroyable, qui
frise la SF, puisque Rome, mannequin marin, y succombe aussitôt à Yanne,
camionneur cosmopolite ; sans doute impossible à (re)faire et financer
aujourd’hui, pour des raisons de morale, de sociologie, risque majeur du
détournement de mineur(e), ce total ratage possède cependant un bref instant de
grâce, en travelling achevé sur un
visage, celui de la francophone Jodie Foster, lisant le rosé Ronsard…
- Monte Cristo (Emmett J. Flynn, 1922)
Dispensable Dantès à la sauce
US ? Réussite longtemps inédite, retrouvée/réinventée en parallèle au
protagoniste, disons destin complice, peu importent, en effet, de la cellule
les quatre (ou trois) murs, du temps l’usure. Bien entouré, bien casté, John
Gilbert fait l’affaire et la réalisation précise de Flynn, profitant du fric de
la Fox, mérite l’estime. La coda confine à la caritas, le vengeur vengé,
cultivé, revient vers la pauvreté, loin de ses ennemis démolis…
- Non ci resta che piangere (Roberto Benigni & Massimo
Troisi, 1984)
Neuf ans avant Les Visiteurs, couple en (dé)route,
quel voyage temporel à la truelle. Comme dans le contemporain Il
était une fois en Amérique de Leone, autre odyssée sur la durée, on y
entend le convenant Yesterday by Lennon
& McCartney ; on y croise aussi un certain Vinci. Mais, dès le
générique statique, on devine vite le vide de l’entreprise, cependant par les
spectateurs plébiscitée. Abrégeons : long numéro falot, à logo(rrhée), du tandem de téléfilm.
- L’Ours et la Poupée (Michel Deville, 1970)
Ceci se voudrait une vive
sentimentale comédie, aussi légère et enjouée que les multiples morceaux de
Rossini, dommage pour le sarcastique Kubrick en mode mécanique. Hélas, le film
fait fissa naufrage, se transforme, in
fine, en interminable vraie-fausse scène de ménage. Carpe patraque à grosse
culotte, lapin musicien à chienchien, Bardot & Cassel ne cessent de se
détester afin bien sûr de mieux s’aimer : insipide et déjà défraîchi dès
sa sortie.
- Un condé (Yves Boisset, 1970)
Biopic d’un
flic ? Davantage vengeance dédoublée, de la violence réversibilité. Cinéaste dispensable,
« humaniste » médiocre, donneur de leçon à la moindre occasion,
Boisset, déjà doté de sa finesse éléphantesque, imite et moralise Melville,
irrite un ministre, attire le public. La farouche Françoise se fait défigurer
par le durassien Garcin, Bouquet joue les Javert vénère : ciné
pseudo-politique, à prétentions éthiques, fascisme de la police, Harry
rit.
- Virus (John Bruno, 1999)
Allez, un Alien maritime qui remémore Terminator et La Guerre (froide) des mondes. Parmi une communauté cosmopolite de mecs assimilés à des microbes et obnubilés par le fric, les impeccables Jamie Lee Curtis & Joanna Pacula + Gale Ann Hurd en coulisse, cameronienne productrice, maintiennent à flot le gros rafiot coulé par la critique, le public et même la fifille de Tony, tant pis. Divertissement écervelé, adapté d’une BD ? Item énergique et drolatique…
Les films que l'on assaisonne de sa critique ou que l'on évite, c'est selon,
RépondreSupprimersont peut-être les plus "parlant" question de sentiment personnel, et je parle pour moi également en écrivant cela à ma manière,
bon relativement à L’Apprenti salaud, tout le portrait d'un cynique qui rencontre sur son chemin plus retord que lui sous la forme d'une femme enfant,
un gamin à gaminerie ce que lui est aussi puisqu'il ne parvient pas à sortir de ses névroses, ainsi l'emprisonnement de sa psyché dans les Dix Commandements,
le film est truffé de clins d'oeil à l'Ancien et au Nouveau Testament, question pognon, il jouit de ses tours pendables faits aux auvergnats et notables mais ne profite pas de l'argent comme il s'en tient à tenir la main de la belle et n'arriva pas à conclure, elle alors amoureuse dépitée, elle retourne sa veste et se venge, une sorte de marivaudage des temps modernes, moi j'ai beaucoup aimé, Lamoureux est toujours excellent, boulevardier et populaire raffiné avec un fond noir et triste malgré son rire en coin, la frimousse de l'actrice est fraîche, une rareté déjà à cette époque faisandée du cinéma sur le déclin question sentimentalité...
Non ci resta che piangere, ben ce film me fait tellement penser à une bande de copains italiens que j'avais jadis, les mimiques, les histoires de soeurs et aussi
le crochet du droit un peu politique qu'envoie le Roberto au découvreur de l'Amérique, effet boomerang, c'est lourd mais c'est tellement bien joué,
Benigni et Troisi sont tellement attachants et puis l'Italie et son soleil de l'époque, la Fiat Ritmo décapotable waouhhh...
Un Condé, Michel Bouquet est d'une densité extraordinaire et sauve le film
pour moi
bon ce ne sont qu'opinions personnelles qui ne valent...
Affolants, affligeants, les films, en effet, nous reflètent, au défi, toutefois, de nous identifier, CQFD...
SupprimerPersonnellement je n'ai pas peur de m'identifier à ce qui est affligeant voir affolant comme film? surtout si ça me permet de dévoiler une part non dévoilée jusque-là du monde ou de moi-même, comprendre et ne pas juger
Supprimercomme disait le grand romancier belge et spinoziste, au moins une fois !
Toutefois c'est vrai, comme tout, tout ça a une limite,
et on est dans un monde où c'est à chacun sa vérité...
il faut de tout pour faire un monde dit-ton, les bons comme les moyens et mauvais films... moi ce sont les films d'horreur que je ne supporte pas...
il y en a tellement d'horreurs dans ce monde réel que je fait comme une overdose, tant qu'à faire d'être l'héroïne du man, ma drogue est toute virtuelle, plaisir purement esthétique de la performance et fan pour son énergie communicative aussi...
WURST - Firestorm Amsterdam https://www.youtube.com/watch?v=t8UkEFdb8eg&list=LL&index=18
https://www.youtube.com/watch?v=qCBycQIPrKU
SupprimerManipulations 1984, Christine Dejoux toujours bluffante de naturel
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=5nnEhRlTao8
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/12/la-prima-linea-tu-ne-tueras-point.html
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=oSbV2rhS82E