At First Light : In girum imus nocte et consumimur igni
Fiat
lux ? Alex rules…
And everything went from wrong to right
And the stars came out and filled up the sky
The music you were playing really blew my mind
It was love at first sight
Jason Stone connaît-il Guy
Debord ? On l’ignore et ceci possède peu d’importance, puisqu’au sein de
l’univers cinématographique, par essence quantique, tout correspond, tout se
répond, à la façon du temple naturel adoubé par Baudelaire, ma chère. « Dans
une ténébreuse et profonde unité/Vaste comme la nuit et comme la clarté »,
At First Light (2018) comporte donc un papillon pas con, qui vient (épouser)
se poser sur une ampoule, ma poule. Métaphore, encore, que l’insecte coloré,
reflet de l’orphelin efflanqué, électrisé puis brûlé par sa bien-aimée,
elle-même envahie par une énergie étrangère, boucle bouclée avec un souvenir
d’enfance obsédant, évanescent. Comme tout film contemporain en partie occupé à faire le portrait d’une féminité tourmentée, At First Light arbore un
réservoir rural, variante de la piscine en ville, au creux duquel la juvénile
nageuse, a priori heureuse, bientôt
amnésique, se noie, voilà, envapée par un festif-nocif cachet, renaît in extremis, à jamais transformée,
transcendée, visitée par un flux inconnu, substitué au Saint-Esprit en transit,
de saison, Pentecôte, ma cocotte. Désormais doublures de Bonnie & Clyde,
que la survivante ne suivait pas, Alex & Sean vont devoir éviter leurs
poursuivants, assez désolants. S’il fallait fissa résumer le résultat, via des références cinéphiles, nous
dirions que Carrie au bal du diable (Brian De Palma, 1976) croise Rencontres
du troisième type (Steven Spielberg, 1977), que Starman (John Carpenter,
1984) épouse It Follows (David Robert Mitchell, 2014), selon cet item au titre ludique, jeu de mots en
écho à l’astronomie sentimentale de l’irrésistible Kylie Minogue, 2001,
l’odyssée de l’Australie, remarquez le raccord orange, étrange, du string et du bracelet, olé, des costumes
des danseurs tous en chœur, probablement chipés à La Soupe aux choux (Jean
Girault, 1981), bou diou.
Porté par une actrice et un acteur de
valeur, retenons les noms de Stefanie Scott & Théodore Pellerin, un souvent
excellent Saïd Taghmaoui, vu dans La Haine (Mathieu Kassovitz, 1991), Nationale
7 (Jean-Pierre Sinapi, 2000) ou Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017), ici
chasseur de lueurs, ponctué d’effets efficaces, bravo au saut en apesanteur,
cœur contre cœur, ce film en effet light,
lent, recycle ainsi la télékinésie, l’appel stellaire, le désert, les
militaires, le contact létal, surtout entre pudiques adolescents consentants, vade retro, Larry Clark. Tout ceci,
davantage indie qu’arty, associe précarité, miraculée,
retrouvailles, funérailles, parents par procuration, directrice des opérations
+ ancien de la maison, hélas se dissout à l’instar de l’héroïne, in fine métamorphosée en photons en
ascension. Un épilogue superflu relance la donne, retour de l’extraordinaire au
milieu des airs, cible d’hélicoptères, paraphe le ratage, dommage, car
l’ouvrage, basé sur ses personnages, les respecte, ne les outrage – si le Ciel
existe, John Hughes devrait apprécier, allez. Commencé à la manière d’un drame
naturaliste, beau travail du directeur de la photographie David Robert Jones,
ensuite conduit tel un teen movie, At
First Light nous ressert le repas rassis des ovnis, du gros complot
falot, de SF fadasse, pas vraiment badass.
À côté d’Alex/Stefanie, mère éphémère, mystérieuse, à la fois maternelle et
mortelle, Janet-Laine Green, jadis au générique des Envoûtés (John
Schlesinger, 1987), salutations au sang de poulet, compose un mémorable caméo
de grand-mère à l’agonie et aussitôt revenue à la vie, à l’envie, guérison
instantanée, instant drolatique avec l’asocial frérot, qui en oublie d’avaler son
matinal choco, tandis que la fifille grandie de Richard Burton, Kate de son
prénom, recadre les débats au centre de son centre, avant que le cobaye scanné
ne décide de se l’accaparer, de communiquer au moyen des innombrables miroirs
qu’il réoriente, par sa seule pensée, volonté.
Tourné au Canada, en California et dans le Nevada, en widescreen et, parfois, à l’aide de drones idoines, At First Light, en sus des
éléments précédents, de son estimable classicisme, inclut un bikini de nuit, le
joli regard d’une gamine en autocar, une
voiture de police volée en lévitation, un pick-up
coupé en deux, une exception incompréhensible, Alex résiste à ses capacités funestes,
et une attraction à la limite du sacrifice. Certes, Sean ne s’échine en héros de
Tarkovski, autre amoureux notoire des femmes à l’horizontale, inexplicables, inépuisables,
rematez son Miroir (1975), sa maman, ses fantômes, son poème d’homme, ou,
bien sûr, le céleste, sexué, similairement océanique, Solaris (1972). Passé un
certain âge, un âge certain, l’opus
ressemble à du « menu fretin », à une promesse non tenue ; si la
lectrice ou le lecteur se rappellent de frères et de sœurs, disons cantonnés à
la minorité, ce visionnage indulgent conviendra parfaitement, quand bien même
la toile étoilée, légère, désargentée, s’avère évidemment bien plus riche,
presque tous les soirs, tellement lestée de rêves, de vertiges, d’élan et de
néant, mon enfant…
20h17 Rue Darling Drame Psychologique de Bernard Émond (2003)
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=okEaEosEzUc
Lacer ses lacets, enlacer la serveuse, survivre sans être ivre, enquêter sans expliquer : évocation individuelle vite invalidée par sa voix off intrusive…
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