Le Sexe qui parle : L’amour est une fête
Réputation usurpée ? Item à recommander…
Film schizophrénique jusque dans sa
forme, cf. les inserts directs, les
doublures de césure, mélange des régimes érotiques/pornographiques, voilà un
portrait de femme tourmentée, à la libido
divisée. Victime d’attouchements en famille, prostrée par un presque parricide,
Joëlle ne jouit plus. Pire, son sexe se met soudain à causer, à l’insulter, à la
diriger, à la mener par le bout du nez, à prendre son pied, à raconter à son
mari médiocre, démuni, son passé osé, masturbatoire, blasphématoire.
L’adolescente suce ainsi un tennisman, se déflore en compagnie de Pinocchio, avale
en tandem un surveillant surmembré, s’enfile
sur un curé au confessionnal, fichtre. Ensuite, désormais, elle glisse un
billet parmi l’intimité touchée d’une blonde inconnue, suivie dans la rue, s’occupe
via sa voie buccale de son assistant
sidéré, pratique un onanisme somnambulique, en petit public hypocrite,
stupéfait, prend en main deux spectateurs de salle classée spécialisée, puis le
trio descend illico copuler aux WC.
Auparavant, ablutions de baignoire, plaisant pommeau, elle se rêvait, éveillée,
lovée au sein d’une voiture noire, cernée par des mecs anonymes, dont le sperme
fluide disparaissait en raison de la succion des essuie-glace. Nue sous son
imperméable, Pénélope Lamour, remarquable, affole la foule, surtout masculine,
va voir un viol filmé, à couteau de giallo. Son époux dépité, dépassé, la prend
pour une putain, puisque son vocal vagin ne lui cache rien, il la gifle, se
fiche de la ville à ériger au Liban lointain. Même son amie psy, rescousse
maousse, succombe à la crevasse loquace, à son POV victorieux. Pendant ce
temps, sa tante peint, manipule les modèles, mâles, femelles, Sylvia Bourdon
déboule, abonde en objets, plumeau poilu, escarpin pointu, godemiché attaché, se
fait du fric d’indic, un journaliste, un photographe fissa rappliquent en
province, s’introduisent en douce, seconde agression, disons médiatique,
bagarre en banlieue, ire rurale, invasion de vandales.
Les souvenirs reviennent au milieu des
murs en mauvais état, aux affiches défraîchies, voici celle de West Side Story
(Jerome Robbins & Robert Wise, 1961). Béatrice Harnois accomplit tout cela,
cité supra, nantie d’un zèle de
professionnelle. Finalement, le fouille-merde enregistre la droguée, sa
confession à la con, micro mis au creux du con. Pourtant le couple épris, accouplé,
réconcilié, reflété, paraît se retrouver, arriver à évacuer la vorace invitée.
Néanmoins, miroité, à son tour contaminé, Éric doit endurer le rire
sarcastique, sardonique, sinon satanique, de la pipelette suspecte. On le voit,
on le devine, Le Sexe qui parle (1975) se caractérise par sa déprime, sa
dimension méta, Ni féministe, ni misogyne, réalisé par Frédéric Lansac, monté
par Gérard Kikoïne, il encapsule une époque, dévoile l’obscurité d’un hédonisme
embourgeoisé, associe désir, suicide, malédiction. Ce mélodrame adulte, au
rigoureux tumulte, pas un brin puritain, encore moins crétin, au scénario
co-signé par Didier Philippe-Gérard, matérialise sans manichéisme une tension
stimulante entre sentiment, sexualité, trauma,
orgasme, proférations, pulsions. Éclairé par Roger Fellous, musiqué par Mike
Steïthenson, situé au carrefour de L’Exorciste (William Friedkin,
1973), L’important c’est d’aimer (Andrzej Żuławski, 1975 aussi), Crusing
(Friedkin, bis, 1980), il mérite sa
renommée, supporte le poids des années, démontre idem que les films de fesse, leur supposée ivresse, souvent
relèvent, en définitive, d’un épuisant, épuisé, « empire de la tristesse »,
(re)lisez mon essai, merci, oh oui. Attablés, en train de manger, de mater un match à la TV, Éric en oublie de
répondre à Joëlle lui demandant s’il l’aime. Plus tard, de retour, pas trop
tard, court amour, elle s’avance doucement, telle Judy/Madeleine dans Vertigo
(Alfred Hitchcock, 1958), image davantage que mirage. « Je t’aime »
dit-elle à l’endormi, aussitôt contredite avec violence par sa ventriloque
vénère. Il se lève, écarte le tissu, caresse sa toison, ses mamelons, murmure à
son oreille, elle sourit, quelle mélancolie…
On dirait la projection d'un reflet de la vie de la belle Arielle D.
RépondreSupprimerpapillonnante et butinant des fleurs rouges comme le pavot, dans le sillage du Monarch,
ou encore de jolies chèvres broutant dans les champs cinématographiques de https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Ch%C3%A8vres_du_Pentagone
L'oeuvre de Lansac, irréductible à ses titres classés X, mérite d'être redécouverte.
SupprimerEn matière de bestialité, bouc satanique à la clé, lire aussi ceci, si vous l'osez :
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2020/10/black-candles-orgie-en-noir.html