Fortress : The Warriors
Les « risques du métier », le « trophée »
à ramener…
Adapté par
l’indispensable Everett De Roche du premier opus
de Gabrielle Lord, à succès instantané, au passage inspiré d’un « fait
divers » des seventies décalqué
sur une célèbre séquence de L’Inspecteur Harry (Don Siegel,
1971), co-produit par HBO, distribué en réduction en salles australiennes, voici
un vrai téléfilm valant mieux que de nombreux faux « films ».
Réalisateur de second unit sur Razorback (Russell
Mulcahy, 1984), documentariste gouvernemental, Arch Nicholson, décédé à la
cinquantaine, dommage, délivre un ouvrage attentif, inventif, in extremis
très ironique. Sorte de « sortie scolaire » hardcore, Fortress (1985), aka L’École de tous les dangers, amitiés
au compatriote Peter Weir (L’Année de tous les dangers, 1982),
relève du ravissement, du survival,
de la revanche vacharde. Cette fable affable, à la moralité immorale, aux
kidnappeurs masqués, identité d’animalité, de perverse lascivité, ressemble à
une « leçon de choses » guère morose, repose sur la transmission de
la solidarité, de la sauvagerie. Instit de « classe unique », Sally
Jones va vite devoir improviser à la veille des « grandes vacances ».
Les quatre criminels un peu concons escomptaient une grosse rançon ; au
bout du jeu dangereux, ils n’obtiendront que l’extermination, car les fugitifs
s’avèrent en définitive réactifs, se défendent en surplomb depuis un piégé
bastion, d’où le titre, chic. À l’aise avec les gosses, certes pas ceux de Mad
Max : Au-delà du dôme du tonnerre (George Miller, 1985),
quoique, Rachel Ward incarne une femme fréquentable, forte, fragile, une
héroïne héroïque, capable de ne pas paniquer, pourtant de pleurer. L’actrice
sous-estimée de L’Anti-gang (Burt Reynolds, 1981), Les cadavres ne portent pas de
costard
(Carl Reiner, 1982), Contre toute attente (Taylord
Hackford, 1984), connue à la TV via Les
oiseaux se cachent pour mourir, (me) remémore à sa modeste mesure la
Lillian Gish de La Nuit du chasseur (Charles Laughton, 1955), autre mère par
procuration à main armée.
Si Rebecca
Rigg, future mariée du Mentalist Simon Baker, ne possède
point de tampax, hélas, on compatit, on pense à Carrie (Brian De Palma,
1976), le reste du casting choral,
petite troupe plutôt personnalisée, vive Everett, bien dirigée par le director, séduit en raison de son
unisson, de son « esprit d’équipe », indeed. Ici, au creux d’une caverne évocatrice, beau boulot de déco
en studio, molto humide, utérine, on découvre la silhouette svelte de la « maîtresse » méritante, troublante, on s’apprivoise, on se dépasse, on terrasse
les agresseurs entre plaisir, peur. Davantage qu’au tandem William Golding & Peter Brook (Sa Majesté des mouches,
1963), on songe à Soudain l’été dernier (Joseph L. Mankiewicz, 1959), au Parfum
(Tom Tykwer, 2006), puisque l’épilogue pacifié, doté de policiers perplexes,
sinon impuissants, apprend au spectateur
stupéfait que le dernier adversaire subit des « mutilations » non
imputables à la faune locale, admirez précédemment la drolatique sidération des
kangourous au sortir du trou, un « démembrement » malaisant, mince, en
écho au conte amérindien lu à haute voix en coda, voilà, voilà. Commencé de
manière explicite par un guet domestique, par un chasseur mineur, Fortress
se conclut sur un cœur « révélateur » en bocal, preuve à la Poe,
relisez itou La Lettre volée, trop visible pour être vue, voui. Auparavant,
nos guerriers peinturlurés, impitoyables, assistent à un double meurtre de « seniors »,
traversent une forêt d’effroi, savourent les délices de l’assassinat.
L’éducation conduit donc à la civilisation ? Ce postulat sympa,
discutable, fait in fine sourire
Sally, nous aussi, idem les minots
munis de fourmis, d’un scorpion, revoilà le « Scorpio » que
combattait Clint Eastwood, au début de La Horde sauvage (Sam Peckinpah,
1969), justement. Vaincue, victorieuse, la violence virale, en reflet, « en
réunion », manœuvre le monde immonde, à la ville, à la campagne, chez les
enfants, « chez l’habitant », lucidité narquoise, pédagogie adulte, d’un
item méconnu, bienvenu, de saison, à
saluer à l’occasion.
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