Sac de nœuds
Fumer nuirait à la santé, mais à
vouloir acheter sa marque préférée, porte-bonheur puéril, on se fait courser,
renverser, mais à devoir enfumer son petit monde immonde, on observe, désespéré,
sa maison en train de « partir en fumée », en effet. Magnanime,
consolante, la maman incontinente, redoutable, remémore au voleur amateur,
menteur, papounet paupérisé de fifille financée, exilée à l’université, que
durant la « guerre de Corée », toute la ville brûlait… Premier opus impersonnel, superficiel, signé du
cinéaste-scénariste Kim Yong-hoon, Lucky Strike se moque des célèbres cigarettes, de ses silhouettes suspectes, du
« coup de pot » d’argot de VO. Il entrecroise les parcours sans
amour, il remonte la chronologie, démonte la combine machiavélique, il découvre
dès le début, à qui sait suivre les faits divers de la TV, le faisceau trafiqué
des suivantes, simultanées destinées. Au whodunit
occidental se substitue ainsi un who will
have it doublement asiatique, puisque adaptation d’un polar nippon. Découpé
en chapitres, ce spectacle assez divertissant, bien sûr satirique, un brin
arythmique, répond à sa façon aux accusations de misogynie adressées ici à la
sud-coréenne cinématographie : une femme y découpe une autre femme,
dommage pour la supposée solidarité sexuée, pour l’identique requin tatoué,
pour l’altruisme très intéressé. Perdue parmi des hommes immatures, médiocres,
machistes, mention spéciale au mari minable, tabasseur d’épouse au sol, fissa comploteuse,
détrompée, démembrée, l’ex-tenancière
du bar à hôtesses, prédatrice supérieure, femme fatale infernale, surclasse,
sinon massacre, l’ensemble, semble presque sur le point de s’en sortir, de
récupérer in fine le fameux magot molto macabre, hélas rattrapée in extremis, disons harponnée dans la
cuisse, toilettes touristiques, par sa cannibale némésis. Dix ans après The
Housemaid
(Im Sang-soo), Jeon Do-yeon prête sa beauté, son talent, à cette sorte d’Arlésienne
sereine, homicide, féminicide, figure irrésistible de cynisme suprême. Au terme
du manège, une troisième femme, dite de ménage, de l’employé remercié de sauna
en pleurs supra, unique héroïne
éthique, hérite du fric inique, morale moralité d’un métrage davantage mineur
que marxiste.
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