Miami Vice
Pour mon père
On sourit assez souvent, estival, indulgent,
à ce divertissement, en effet « bon enfant », comme si soudain, de
façon impossible, Sur les quais (Elia Kazan, 1954) croisait Scarface (Brian De Palma,
1983). Un chômeur mutique rencontre un « clandestin » charismatique.
Les affamés de Floride contredisent fissa que « l’habit ne fait pas le
moine », démontrent que l’uniforme fait le (vrai-faux) flic. Bye-bye au braquage du fourgon blindé, a priori rempli du fric du supermarché,
vive les délices de la sudiste, sinon raciste, police. On s’en souvient, le
Charlie Chaplin du Kid (1921) affrontait un
officier, signature de la nature anarchiste de l’imagerie humoristique. Ici
aussi, on devine vite la rive du mélodrame, car notre tandem récalcitrant, faisant tout pour se faire virer, vient in fine en aide à une famille
« d’étrangers », terme à relativiser, surtout aux USA, oui-da, en
l’occurrence des Chinois, dont le seul « soutien de famille », voleur
doté d’un cœur, lui-même passager sans billet, succomba aux sbires du
« Balafré », surnom connoté, après Capone, avant Montana. Formé par
l’armée, directeur de la photographie souvent pour Sergio Corbucci, à l’occasion
pour Mario Caiano, beau boulot en stéréo sur Les Amants d’outre-tombe
(Caiano, 1965) + Un train pour Durango (idem,
1968), sur Django (Corbucci, 1966), Enzo Barboni, aka E.B. Clucher, mon cher, se spécialisa ensuite au sein des opus en série de Terence Hill & Bud
Spencer, dont il signa le presque matriciel On l’appelle Trinita
(1970). Entre deux scènes, ou plutôt plusieurs, de bonnes bagarres sereines,
inoffensives, régressives, de bagnoles cabossées, de notables malmenés, de
resto dévasté, de stade déguisé, de bowling
débordé, Barboni bénéficie des présences de la sensuelle Laura Gemser,
« Emmanuelle » informelle, du solide David Huddleston, bientôt chez
Peter Hyams (Capricorn One, 1978) puis Roman Polanski (Frantic,
1988), Éloge des « forces de l’ordre » ? Salut à une certaine
masculinité…
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