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Affichage des articles du 2025

El Jodo

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  Exils # 68 (08/01/2025) « Do you want to go on? » demande l’alchimiste au voleur, c’est-à-dire le cinéaste à l’acteur. Certains spectateurs répondront non, moins fans et financeurs qu’Ono & Lennon. Cependant ce métrage de son âge se suit sans déplaisir, constamment amusant à défaut d’être surprenant. Une cinquantaine d’années après sa sortie limitée, doté d’un budget de millionnaire utilisé à moitié, La Montagne sacrée (1973) ne ressemble en rien à un évangile ni à un texte bouddhiste, n’en déplaise au polyvalent stakhanoviste, ici scénariste, réalisateur, compositeur, costumier, décorateur et producteur. L’auteur de BD remarqué vient du mime et du théâtre, tendance panique, il connaît donc l’éloquence du silence, le mouvement des tableaux vivants. Adapté de Daumal vaguement, d’un livre de chevet de Mitterrand, l’ opus magnum rappelle bien sûr Buñuel & Fellini, le Mexique au passage patrie d’adoption du drôle d’Espagnol. Le Chilien taquin tacle autant les...

Femme(s) des années quatre-vingt

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  Exils # 67 (07/01/2025) À sa sortie, en écho à Carrie, mais pas au « bal du diable », tout le monde se moqua sans états d’âme de la « cousine de Superman ». Il fallut donc attendre Patty Jenkins pour lui adresser un clin d’œil logique et chronologique avec Wonder Woman 1984 (2020). Une quarantaine d’années après, Supergirl (1984) ne s’avère vite ni un produit cynique, ni une déclinaison à la con. À l’instar de l’intéressant et idem mésestimé Superman 3 (Lester, 1983), où l’immaculé Clark Kent découvrait puis combattait son propre et sale Mister Hyde, au creux d’une casse auto ensuite réoccupée par Jim Muro ( Street Trash , 1987), aucun meilleur ennemi que soi-même, amen , l’analogique métrage en automatique pilotage du sieur Swarc, téléaste responsable et coupable itou des dispensables Les Dents de la mer 2 (1978) ou La Vengeance d’une blonde (1994), ne mérite l’amnésie, le mépris. Il s’agit en effet, en réalité, d’un film dont le féminisme profond et définit...

Le Dernier Cahier d’une condamnée

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  Exils # 66 (06/01/2025)   Comparé à l’ opus , Carrie paraît presque une comédie et Persona (Bergman, 1966) abstrait, bourgeois. Si Chahdortt Djavann revisite Stephen King, sans le savoir ni le vouloir, sa chronique d’une mort annoncée, via les derniers mots d’une ado emprisonnée, se déleste de télékinésie, du réalisme classé magique de García Márquez, de la malhonnêteté intellectuelle du gros Hugo, dont Le Dernier Jour d’un condamné , plaidoyer littéraire à la Bob Badinter, se refusait à fournir le motif de l’exécution afin de ne point affaiblir du lecteur l’empathique émotion. Bref et direct, La Muette donne à lire et ressentir le récit d’une Shéhérazade rajeunie, qui a contrario de la célèbre ancêtre citée dans le texte ne parviendra pas à sauver sa peau. Fatemeth déteste son prénom modelé sur celui de Mahomet, mais moins que sa mère remplie de bigoterie. La risible « sororité » avec laquelle se gargarisent les occidentales féministes, elles-mêmes muette...