La Tranchée
Un métrage, une image : À l'Ouest, rien de nouveau (1930)
Une brève remarque sur le producteur
du film, Carl Lammle Jr. L’expressionnisme « tempéré » (comme le clavier
de Bach) de l’œuvre, du à Arthur Edeson, directeur de la photographie sur Frankenstein,
L’Homme invisible mais aussi sur Le Faucon maltais et Casablanca, s’épanouira
dans les films d’horreur de la Universal, et le village du début, ainsi que le
brouillard lors de la « corvée de barbelés », paraissent tout droit sortis du
Loup-garou de Waggner. Le climat culturel volontiers germanophile de
l’ensemble, pas seulement dans la lumière, doit sans doute aux origines
paternelles, mais se retrouve aussi dans les productions Warner de l’époque.
Que les monstres appartiennent au
bestiaire fantastique ou au gangstérisme social, il s’agit dans les deux cas de
sonder la nuit (allemande et américaine) pour s’inspirer de ceux de la « vraie
vie » ou les faire advenir hors du cinéma (lecture de Kracauer). Les films
d’horreur s’avèrent souvent des films de guerre (d’autant plus ceux relevant du
sous-genre du survival) et
l’affirmation constitue un palindrome (le Milestone participe aussi du genre, à
sa façon, pas seulement à cause des rats de Nosferatu le vampire, car
il possède en outre le caractère sonore « fantomatique » propre aux débuts
du parlant). Question un peu provocante : et si, en contre-exemple de
l’auteurisme, Lammle Jr. se révélait le véritable auteur de sa filmographie de producteur,
malgré d’éminentes personnalités (Whale ou Browning, alors que le réalisateur
du Général
est mort à l’aube, sous-Sternberg pas déplaisant, semble bien moins
singulier), à la façon, disons, d’un Selznick ?
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