Pola X
Un métrage, une image : Carmen (1918)
Elle vient d’un monde nomade et son
âme
Chemine sur les grandes plaines
Je voudrais tant suivre sa caravane
Courir dans le sang de ses veines
Julien Clerc, Fille du feu
Tandis que le dragon à la con,
cependant doté de séduction, au village revenu via une permission, reçoit par courrier de brigadier sa promotion, se
fait fissa dégrader Dreyfus façon, toutefois pour différentes raisons, s’apprête
à (mé)connaître une poulette experte, une reconnue contrebandière, aux
survivants la Grande Guerre, anonyme ou Apollinaire, cède un (dé)goût doux-amer.
La Gitane ne fume pas de Gitanes, sa rivale à ragot et à lettre de rendez-vous volée,
collègue de boulot, commère et corbeau, elle poignarde plutôt illico, elle (se) joue de Don José, olé,
sa victime peu virile, à l’insu de son plein gré, elle le transforme, quel
homme, en meurtrier instantané, en trafiquant repentant, en assassin
passionnel, passionné, presque à pietà, à faste UFA, gare à Garcia. Carmen
se termine ainsi sur un quasi séculaire
féminicide, moins misogyne que moralité, maxime, on vous renvoie vers Wilde &
Mérimée, allez. Auparavant, un peu avant, coup de Trafalgar du côté de Gibraltar,
notre héroïne néanmoins magnanime s’entiche, chiche, Lubitsch, d’un beau
torero, donc elle devance la Linda Darnell de Arènes sanglantes
(Mamoulian, 1941), elle-même prénommée Carmen, quelle (dé)veine. Au revoir
Rita, Hayworth, qui d’autre ?, voilà Pola, Negri, pardi, qui indiffère,
adoucit, détourne, dévie, (l’)envoûte, (s’)ennuie, personnage principal, femme
en feu et de flamme, d’un film d’aventures sans rature ni usure, festif et
inoffensif. Flanqué des fidèles Hanns Kräly & Alfred Hansen, au scénario,
en dirlo photo, Ernst ne manie l’érotisme ni le manichéisme, ne souligne la
douce détresse de Dolores, ne juge sa fille forte et futile, constate, artiste
tragi-comique, mis en abyme, parmi la fumée du passé, (pré)occupé, de l’amour
les crimes. Rafraîchi par la fondation Murnau, escorté d’un score assez inspiré, où Tobias Schwencke
tisse les tubes de Bizet au mélancolique métaphysique du The Unanswered Question
de Charles Ives, (ré)écoutez-le ad hoc,
au creux de l’opus d’un compatriote (Cours,
Lola, cours, Tykwer, 1998), ou selon Valley of Love (Nicloux,
2015), ce sexuel et sexué mélodrame recommandable, malgré ses limites
poétiques, politiques, surtout lorsque comparé à la réussite ludique du suivant
et autrement stimulant La Poupée (1919), ma prose
s’il vous plaît (re)parcourez, (ra)conte encore, le temps d’un soir, une indémodable
histoire, une discutable gloire, d’évasion, d’émancipation, double acception, de
maîtrise/mainmise féminine, de mélasse mouligasse masculine. Qu’elle crève,
Carmen ? Dégage, mirage, vaine volute nervalienne, les obsédés du ciné,
celui de Rosi (Carmen, 1984), bénissent, à satiété, de Miss Migenes les cuisses lisses, bronzées, écartées…
Pola Negri in Vendetta (1919)
RépondreSupprimerhttps://www.flickr.com/photos/truusbobjantoo/36195757186
https://www.imdb.com/title/tt0012796/
Iva Zanicchi Zingara
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=Nu5EbVpOZLQ
https://www.youtube.com/watch?v=d03wJOgoq1k
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