L’Esprit de Caïn
Un métrage, une image : Scanners (1981)
Au menu du programme, informatique et
narratif, particulièrement paranoïaque : une guérilla entre groupuscules
terroristes, sectaires (sillage de Chromosome 3), en prélude aux
affrontements tribaux et virtuels de eXistenZ, la dimension corporatiste
en moins. Candide et cobaye face à un public, acteur filmé-manipulé de sa
fiction intime, Stephen Lack paraît un Caligari transparent, constamment
dépassé par les événements, une sorte d’homme sans qualités à la Musil, de
coquille vide trop remplie par le brouhaha du monde extérieur. Scanners
ou le cinéma, des deux côtés de l’écran, comme une expérience, la prise de
contrôle virale et au carré d’un imaginaire, décuplée par la panoplie suspecte
du « genre » conspirationniste, royaume de fantômes, de fantoches, de
projections, d’introspections, « petite mort » et auto-enfantement
encadrés par deux orgasmes graphiques à l’ouverture et à la fermeture. Marginal
asocial en brouillon de Johnny Smith, vivant comme lui son « don » à
la façon d’une malédiction, Vale ignore sans doute Juvénal mais cherche à
atteindre son idéal de santé, sinon de sainteté : mens sana in corpore sano, en effet. L’intrigue picaresque, au
filigrane d’inceste, met sur son chemin (de croix, cf. son martyre final avec
stigmates de sang et d’embrasement) Darryl Revok (magistral Michael Ironside,
recroisé récemment en amputé pour The Machinist), renégat au plan
planétaire et réfractaire à l’idée de norme (« Nous mettrons le monde des
normaux à genoux », professe-t-il). En Revok il convient de lire, inversé « dans
un miroir, obscurément », comme disait saint Paul aux Corinthiens (puis
Dick aux lecteurs en VO de Substance Mort, malicieusement
intitulé A Scanner Darkly), Cover : couverture, dissimulation, également
reprise, nouvelle version, en musique – notons que la numérisation des scanners contemporains procède par
duplication, transformation d’un objet en image ou traduction d’une image en
objet (l’imprimante 3D de Consumés se spécialisera dans les artefacts sexuels).
Pour lire l’intégralité du texte,
rendez-vous sur M. Cronenberg.
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