Les Granges brûlées
Un métrage, une image : Les Folies fermières (2022)
Chronique hétéroclite, quasi sympathique, au sein jamais
malsain, puisque coproduit TF1, de laquelle la « sévère » et
souriante et sculpturale Sabrina (Ouazani) ressemble un brin à l’Elektra de
Frank Miller, ma chère ? Certes, cependant, en sourdine, contre la
déprime, un poil davantage, car ce métrage filme sans façon, sans contrefaçon,
en dépit des dépressions, une France en souffrance, de seconde chance, de rêve
adulte et d’enfance, c’est-à-dire, donc, ni la nation selon Macron &
Mélenchon, ni celle de Le Pen. On pourrait reprocher à la comédie dramatique
d’Améris de manquer d’originalité, de style, de s’inscrire, ainsi, aussi, parmi
le sillon cynique du fameux et fallacieux feel
good movie, tel le cabaret, cet endroit où « s’abriter », où
ses soucis et soi-même (s’)oublier, comme l’affirme le Monsieur Loyal déloyal,
à moumoute monumentale, venu déverser sa bile débile devant l’ex-athlète de pole dance et escort à Nice, fichtre. Toutefois,
l’auteur du loupé Profession du père (2020), pas de naguère, déjà coécrit en
compagnie de Murielle Magellan, tu m’en diras tant, scénariste hélas assez peu
exploratrice, esquisse une communauté, une ruralité, doté d’un regard délesté
de condescendance, de mise à distance. Ouvrage choral, sentimental, plutôt que
pastoral, Les Folies fermières survole à sa manière, via une certaine délicatesse, une absence de rudesse, au propre et
figuré, cf. le plan dernier, scène improvisée, public captivé, en drone capturés, remplacés par le réel
fermier du Tarn, il ne désarme, ses spectacles possèdent leur pareil charme,
fiction d’aujourd’hui et fait divers d’hier, référencés, reflétés, le médiatique
malaise paysan, devenu sous-imagerie du pays, en écho aux difficultés du boulot
de policier, professeur, j’en passe et des pires, pas des meilleurs. La fable
affable, adaptée, dixit l’affiche,
d’une « fabuleuse histoire vraie », salut Amélie, à son poulain,
pardi, bienvenue au veau, mis bas en tandem illico,
montre des femmes fortes, des types fragiles, certifie et célèbre les efforts
d’un collectif, au creux duquel peuvent s’exprimer, se renforcer, les capacités
d’individualités passionnées, inégales, marginales, intégrées, dissimulées. Le
vendeur de Weldom se révèle vite un adorateur de Dalida, la danseuse malchanceuse
une jongleuse lumineuse, l’hypnotiseur à la Béla Lugosi in extremis un natif de
Limoges, patraque et cardiaque, qui picore d’occultes pilules, en rime au
Merrin de Friedkin (L’Exorciste, 1973),
l’épicière sourde, demi-muette, une magicienne point obsolète, amoureuse
instantanée de fils de fermier aux tifs bleutés, de plus partenaire de planches.
Tangent à tous ces gens désireux d’être heureux, de (sur)vivre mieux, de
relever le défi, d’offrir des paillettes près de la paille, le personnage du
grand-père amer, porté par un Guy Marchand désabusé, cinglant, fait office de
figure infernale, refroidissante, pyromane, se délecte de « dignité »,
se débecte de la « pute », du « pédé », finit par foutre le
feu à sa grange étrange, pas bien, tant pis pour Patrick Sébastien. Améris
l’immortalise au milieu des flammes, le rédime durant de discrets
applaudissements. Éclairé avec doigté par la DP Virginie Saint-Martin, membre
de la BSC, elle le vaut bien, Les Folies fermières ne confine au
dépliant touristique, le Cantal, ça vous gagne, souligne la nécessité de
l’onirique et du politique, en antidote au morose, sinon à la saisie. Sa
modestie n’incite au dithyrambique, louanges, reconnaissance, elle (se) permet
de respirer…
Bonsoir, je n'arrive pas à savoir si vous avez aimé ou pas ce film qui n'est malheureusement pas resté très longtemps à l'affiche. Il faut dire que la bande--annonce était ce qu'il y avait de mieux dans le film mais j'ai trouvé l'ensemble très sympathique même si c'est bourré d'invraisemblance. Bonne soirée.
RépondreSupprimerArticle pourtant explicite...
SupprimerLes films à l'affiche s'enfuient fissa, en effet !
Sur les bandes-annonces, ceci aussi :
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2017/10/le-temps-quil-reste-besoin-humain-de-la.html
Bon après-midi.