Un corbeau et une « chose » : Sylvester Stallone, Edgar Allan Poe et John Carpenter
Avisons un autre (double) visage du célèbre boxeur à Philadelphie/vétéran
du Vietnam...
On l'ignore ou on l'oublie, mais cet
acteur/réalisateur/scénariste à réévaluer – pour des titres comme Fist,
La
Taverne de l'enfer, Les Faucons de la nuit, Cobra,
Haute
Sécurité ou Cop Land –, bien plus que pour la poussive franchise des Expendables (dispensables, en effet), icône populaire et prolétaire, héroïque et
mélancolique, souvent doloriste (éducation catholique oblige ?) chérit
depuis trente ans le projet d'un biopic…
d'Edgar Allan Poe ! Il s'en ouvrait d’ailleurs naguère dans les colonnes
du défunt Starfix.
Attirance des extrêmes, fascination fitzgéraldienne
de l'échec à contre-courant de l'esprit compétitif d'une certaine Amérique,
aveu implicite de marginalité, à Hollywood ou Baltimore (où sévit aussi un
certain John Waters...), reconnaissance de sa part d'ombre (façon Ellroy) : malgré toutes ses raisons probables
et sincères, le film ne verra certainement jamais le jour, rejoignant le
cimetière imaginaire des œuvres à rêver, quelque part et sans discrimination entre le Ronnie
Rocket de Lynch, le Leningrad de Leone ou le Napoléon
de Kubrick, sans compter Proust par Visconti ou Céline par Pialat (Mort
à crédit).
Tant pis – associer, même en songe,
Baudelaire (admirable et fraternel traducteur du poète, mais accordant trop de foi
à sa calomniatrice « légende noire », alors qu'il connut de son
vivant une courte gloire et succomba aux ironies cruelles du sort davantage qu'à
l'alcoolisme), Mallarmé, Valéry et l'auteur de Rocky/Rambo
(patronyme inspiré à David Morrell par… Rimbaud, ce qui fait rester en bonne
compagnie poétique) ? On l'avoue volontiers, l'idée nous plaît assez...
En guise de bonus, ce petit dé/re-montage habile et très divertissant,
rencontre impossible et spectaculaire entre l’entité protéiforme, monstrueuse, de
Big John immortalisée dans The Thing et les paysages enneigés
de Cliffhanger :
Traque au sommet, nantis de dangers plus « humains ». Une
autre manière de parcourir, les yeux grands ouverts, le fameux « ruban des
rêves » du cinéma…
J'aurais bien voulu voir ce biopic de Poe, Sly ayant le talent et la maturité nécessaire pour un tel projet. Le bonhomme y aurait certainement fait preuve d'un beau classicisme. Dommage. Je te rejoins également sur tes exemples stalloniens (on oublie souvent les très beaux FIST et La taverne de l'enfer), même si - pour ma part - je trouve les deux premiers Expendables plutôt jouissifs dans leur approche 80's du film d'action...Quant au faux trailer, il est très amusant mais, attention : les extraits du film avec Sly concerne le faisandé D-Tox (un slasher mollasson et bourré d'incohérences) et non le bien meilleur - et très efficace - Cliffhanger !
RépondreSupprimerSeulement entrevu naguère ce film de Gillespie, déjà auteur du navrant Souviens-toi... l'été dernier, dont le titre français : Compte à rebours mortel, pourrait (presque) servir au Petit Prince a dit, pour rester dans le registre des rencontres improbables. Je ne corrige toutefois pas l'erreur, préférant rêver à mon tour de ce tressage incongru sous le signe de neiges létales (en deuil, dirait Troyat), empruntées à Poe ou Lovecraft : la cinéphilie, tu le sais bien, se nourrit aussi de films qui n'existent pas... Encore merci pour ta fidélité (avec ou sans Sophie M.) généreuse, Michel !
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