Dracula père et fils
Un métrage, une image : Dents rouges (Jean-Louis van Belle,
1971)
Contemporain du climatique et plus
chic Les
Lèvres
rouges
(Kümel, 1971), Dents rouges, aka Le Sadique aux dents rouges,
ne lui répond disons, davantage dialogue à distance avec Martin
(Romero, 1977), (re)lisez-moi ou pas. Quant à sa coda aussi sur les toits, elle
comporte une mascarade en clin d’œil au Bal des vampires (Polanski, 1967).
En ceci découvrant, on sourit souvent, car ce métrage méconnu, qui manie la
mise en abyme d’étranglement malséant et les images d’archives de destruction à répétition, ne manque d’humour ni d’amour. Il commence selon une chanson de
désunion, un générique en négatif, sorte de bande-annonce ésotérique, érotique,
au saphisme soft. Il se poursuit par
un complot de toubibs en stéréo, tandem
de médecins malsains, de tics atteints, à téléphone « portatif », fichtre.
Traumatisé à cause d’un accident routier, où l’ami périt, donc du conducteur culpabilité, un publicitaire pour un vampire se prend désormais, voire le
devient en accéléré. Bientôt sa victime en bas de soie noire, noces d’Éros
& Thanatos, la vendeuse de farces et attrapes déclare : « Le sang
est très à la mode aujourd’hui. Les gens adorent l’horrible. » Aussitôt assailli
de serpents en surimpression, d’hallucinations en situation, muni d’un
imaginaire morbide similaire à celui de l’Alex de Burgess & Kubrick (Orange
mécanique,
1971), notre dessinateur presque décédé, d’une étrangère un peu infirmière et
douce fiancée flanqué, revient en vilain voisin puis va se pourvoir en viande
évidemment rouge. « Initié » par un mordeur rémunéré, porteur d’un
foulard point au hasard, il assiste sans s’exciter à une étreinte de mannequins
topless pris en contre-plongée, au
sein d’une piscine en plastique plongés. Hypnotisé, missionné, il marche au
milieu d’un monde littéralement inversé, à piétons à reculons. L’épient et le
pistent un policier ambitieux, un journaliste intempestif, un dompteur hâbleur.
Daniel épargne Jane, effectue fissa un sacrifice de poule(t) à défaut de flic,
tant pis pour Stomy Bugsy. Drolatique et fatidique, filmé de façon very seventies,
cf. le final aux apparences de happening
sous influence de Feuillade, Dents rouges se termine en
montage alterné d’une chute dédoublée, d’arbre et d’homme. Daniel se « dissipe »
et se dissout, tandis que van Belle, ni Franco ni Rollin, cloue au macadam le somnambulique et quasi caligarien Daniel Moosmann, d’ailleurs
réalisateur de Noires sont les galaxies, fameux feuilleton
de fin du monde mitterrandienne, via une végétation-éventration alien, en écho à Belmondo vaincu au traquenard de Godard (À bout de souffle, 1960). Un
chef-d’œuvre, un navet ? À classer comme auto-consciente curiosité...
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