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Veni vidi Fidji

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  Exils # 114 (26/06/2025) Adaptation de Dick ? Mélodrame drolatique, où un « adulescent » découvre soudain que depuis sa naissance tout le monde de son petit monde lui ment. Il suffit d’une interférence à la radio d’auto, de la résurrection rapido du pseudo papounet trépassé en bateau, traumatisme et culpabilité de minot à trafiquée météo, pour que le simulacre se détraque, que la « star » décide de passer derrière le miroir (salut Alice), de monter l’escalier (type Magritte), de sortir du studio, réplique et révérence respectueusement insolentes en prime ( time ). L’agent d’assurance accomplit ainsi une seconde (re)naissance, quitte la matrice (sur)protectrice et « manipulatrice », petit paradis WASP pastel et pasteurisé, à rendre caduc celui du miston Burton ( Edward aux mains d’argent , 1990). Point de pilule, de complot, de Neo ( Matrix , les Wachowski, 1999), plutôt la révolte non violente (couteau écarté illico ) et individuelle du héros...

Poussière d’étoile

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  Exils # 113 (18/06/2025) Dans ses Souvenirs et Réflexions , l’estimable musicienne Mel Bonis affirme : « L’artiste n’est pas un moraliste, mais il se doit d’être une personne morale. » On ne saurait douter de l’éthique d’Anthony Mann, néanmoins cette « étoile d’étain » d’intitulé original mérite son titre. Western modeste, mineur et méconnu, cela explique en partie ceci, Du sang dans le désert (1957) ne réussit jamais à s’élever au-dessus du statut de bel exercice de style desservi par un script simpliste, signé du complice de Ford Dudley Nichols ( La Chevauchée fantastique , 1939), « d’après une histoire » de scénaristes de TV, handicapé par un casting anecdotique, surtout du côté des dames, aux rôles en toc, doté d’un didactisme rédhibitoire rempli d’espoir, ce succédané stérile et laïc de l’espérance, précise le credo catho de la précitée compositrice. Un chasseur de primes en transit, pragmatique et presque cynique, transmet sa prati...

La Vue et Louise

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  Exils # 112 (12/06/2025) Plus de petit ami, charme de Hicham et trahison d’omission, CDD terminé, merde aux indemnités, mais l’héroïne ne déprime, les événements ne lui en laissent le temps. Tout autour d’elle se détraque le réel, les choses et les êtres se comportent de manière suspecte : le distributeur de café, à la voix veloutée, féminine et métallique, dysfonctionne façon Le Démon dans l’île (Leroi, 1983), les employés et les passants se voient soumis à d’invisibles assaillants. Tandis que des ouvriers travaillent, que le reflet d’une autre tour et d’un autre chantier sur une fenêtre apparaissent en reflet, le visage de la jeune femme en fragile filigrane, prend place et possession de l’efficace fiction une apocalypse de poche, il y a quelque chose qui approche , résume la chômeuse anxieuse à son ex en train de déménager, sur le point de succomber. La nuit venue, la fin du monde semble advenue, des sirènes retentissent, des types prennent la fuite. Le lendemain, ...

La Quête corse

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  Exils # 111 (03/06/2025) « Aucun sanglier n’a été blessé durant le tournage » : à notre connaissance, la mention ne figure ni au final générique ni sur IMDb sous la rubrique crazy credits . Après le prélude programmatique, crescendo sonore de cigales infernales tu(é)es net, la première séquence associe Dardenne et dépeçage, puisque l’héroïne, de dos filmée, sa chevelure dévoilée, s’attaque à un cadavre illico , reçoit sur le visage quelques gouttes de sang et l’accolade baptismale d’un parent. Elle annonce aussi et ainsi la conclusion d’exécution, avec perruque et teinture, eau minérale locale et mansuétude létale. Déjà séparée à l’insu de son plein gré du petit ami, Lesia, pas Rosetta, une pensée pour Émilie partie, demi-orpheline docile, perd donc en plus le papa, qui mit une vingtaine d’années à venger le trépas tout sauf naturel de son propre paternel, tandis que l’un des tueurs à moto apprécie sa paternité presto, avant de se faire dessouder, peluche premi...

Vain chœur par chaos

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  Exils # 110 (21/05/2025) Dommage pour leurs amateurs : on compte davantage de cascades dans un seul épisode de L’Homme qui tombe à pic que dans toutes les quatre-vingt-cinq minutes presque longuettes de L’ É quipée du Cannonball (1981). Cela peut étonner de la part de Needham, ancien stuntman et acteur occasionnel – il kidnappe Hackman pour French Connection 2 (Frankenheimer, 1975), se met ici en abyme comme ambulancier puis (ré)apparaît à l’ultime plan du bêtisier – qui concocta et connut un autre succès motorisé avec Cours après moi shérif (1977), déjà conduit par Reynolds, ensuite aussi transposé à la TV. Cette variation sudiste (Needham naquit à Memphis) des aventures de (Sisyphe) Vil Coyote cède sa place à une course maousse, illégale of course , « cinq mille kilomètres à cent quarante kilomètres/heure », quelle horreur s’écrie la sécurité routière, et Lee Majors, alias Colt Seavers, la sienne à la (très) regrettée Farrah Fawcett, couple séparé sur le ...

La Grande Attente

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  Exils # 109 (14/05/2025) Dans Pierrot le Fou (Godard, 1965) Belmondo se suicidait à la dynamite, Anna Karina portait une robe écarlate ; dans Week-end à Zuydcoote (1964), il succombe à une bombe, aperçoit au lointain Jeanne en rouge. Le Nolan de Dunkerque (2017) et le Spielberg de La Liste de Schindler (1993) connaissaient-ils l’œuvre de Verneuil ? Peut-être, peu importe, ce titre restauré se suffit à lui seul, délesté d’héritiers. Flanqué de François Boyer ( Jeux interdits , Clément, 1952), Robert Merle, l’auteur de La mort est mon métier , matrice apocryphe de La Zone d’intérêt (Glazer, 2023), s’auto-adapte et dialogue cette chronique tragi-comique d’un couple de jours pas si historiques, plutôt pragmatiques. Si Fabrice ne voyait rien à Waterloo, Julien, Maillat et non Sorel, accomplit un périple picaresque, ponctué de rencontres pittoresques, comme ces vraies-fausses nonnes façon La Grande Vadrouille (Oury, 1966), de caméos plus ou moins rigolos, citons ceu...

Les oies passent, les sauvages trépassent

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  Exils # 108 (13/05/2025) Mélodrame familial et « racial », Le Vent de la plaine (1960) paraît la réponse de Huston à La Prisonnière du désert (1956) de Ford, itou adapté du spécialiste Alan Le May. Les titres d’origine « annoncent la couleur » – de peau : chez le second John, il s’agit de chercher ( The Searchers ) une Blanche enlevée ; chez le premier, on ne peut pardonner ( The Unforgiven ) à la « brune » son pedigree . Voici un voyage inversé, la quête de Wayne remplacée par le débarquement des Indiens et le retour de Lancaster, vrai-faux demi-frère, aussi épris de sa sœur que l’incestueux Montana de sa Gina ( Scarface , De Palma, 1983). Au cours du climax nocturne et communautaire, presque procès à pendaison intempestive, deux récits des origines, de la faute originelle, se racontent et s’affrontent, Burt affabule, autant véhément que Elmer Gantry le charlatan (Brooks, 1960). Le vieillard spectral, à cheval et avec sabre, foncti...