Dracula : Stoker


« Dracula di Dario Argento ». Et Stoker, stronzo?


« Film riconosciuto di interesse culturale nationale e realizzato con il contribuo del Ministero per i Beni e le Attività Culturali – Direzione generale per il Cinema » puis « liberamente ispirato al Romanzo Dracula di Bram Stoker » dixit le générique du désastre définitif, à la hideur rédhibitoire, au vide vertigineux, à transformer fissa le Dracula classé X de Salieri (1994) en divertissement ludique, le Dracula, mort et heureux de l’être de Brooks (1995) en sommet de sérieux. Puisqu’il pratique un art par définition collectif, Argento entraîne dans son néant des gens de talent, mentionnons Tovoli & Simonetti, Kretschmann & Hauer. Avec une perversité inconsciente, il réunit le couple éprouvé, éprouvant, de l’inestimable Syndrome de Stendhal (1996), afin de mieux le profaner, en plongée. Voilà Asia, grande fifille de son papa, accessoirement arroseuse arrosée de victimisation sexuée, une fois de plus, de trop, topless, tandis que son géniteur de diégèse lui cherche des poux au creux du cou, que les psys de pellicule en fassent leurs incestueux délices. On croyait avoir atteint le nadir du ciné de l’intéressé à l’occasion des pénibles, sinon pitoyables, Le Sang des innocents (2001), Card Player (2004), Aimez-vous Hitchcock ? (2005), Mother of Tears (2007) + Giallo (2009), mais comme le tonneau des Danaïdes, la nullité ne saurait posséder de fond, ni le moindre relief, fi de « stéréoscopie » en Sony. Quand on commet similaire excrément, budgété à sept millions d’euros, déserté en salles, on se fait discret, on s’ensevelit sous la cendre du discrédit ; le septuagénaire concerné, peut-être atteint de sénilité pas si précoce, s’en alla le présenter autour de minuit à Cannes, festival funèbre de capitalistes en costard, de blindées en robe du soir, pérorant à propos des maux du pauvre monde sur un tapis d’abattoir, sur un yacht auteuriste de chaîne franco-allemande.



Attribuer un tel échec à un assèchement créatif, à la situation sinistrée de l’industrie transalpine, relève de l’aveuglement, de la justification d’occasion. Le foyer noir du féminin Jenifer (2005) ne fit pas long feu, ne rassura que Thoret, qui titrait son article au sein de Simulacres d’un optimiste Argento vivo. En vérité, déjà mort-vivant depuis longtemps, il caro Dario continue à nous les casser, à détruire méthodiquement, de manière suicidaire, l’édifice esthétique, ésotérique, poétique et politique érigé durant deux décennies, 70-80. 3D ou pas, Dracula (2012) reprend donc les costumes du fantomatique Fantôme de l’Opéra (1998), voire son romantisme menaçant de roman-photo tramé au chromo. Si Trauma (1993) sombrait dans l’insipide, tant pis pour la dear Piper Laurie, sa relecture des mésaventures du comte increvable sonde le domaine du dérisoire. « Le ridicule ne tue pas », en effet, l’imbécillité, si, et le plagiat, de Browning ou Coppola, ne mérite que le mépris critique. Les balles à l’ail (sic) de Van Helsing, le cinéaste pouvait se les réserver, s’en tirer une à l’insu de son plein gré, en reflet de l’officier au gosier perforé. Le risible bestiaire peine à vous satisfaire ? Voici les seins conséquents de la jeunette et perruquée Miriam Giovanelli. Le ressassé vous assoupit ? Une séquence de sanguinolente baston à la Liam Neeson s’essaie à s(t)imuler. Ceci s’étire pendant cent cinq minutes sidérantes, dont pas une seule ne vient sauver la précédente, la suivante. Après les piètres plantages de Passion (De Palma, 2012), Map to the Stars (Cronenberg, 2014) ManHunt (Woo, 2017), Dracula confirme hélas, à sa façon mortifère, le « naufrage » gaulliste de la vieillesse, que nos idoles de cinéphile jeunesse vieillissent mal, que le champ des possibles s’avère in fine un champ de ruines.



Faut-il brûler Argento, assumer un autodafé de ses films, en rime à la combustion à la con d’Asia/Lucy ? Il se charge lui-même de la besogne obscène, certes anecdotique face au gouffre d’Auschwitz, à nos drames intimes, à la tragédie sensuelle de l’existence. Laissons cependant le pardon aux chrétiens, à Rome ou ailleurs, ne perdons plus notre temps, sur la base d’une renommée autrefois méritée, d’un amour par procuration passé, à pareils produits décérébrés, exsangues, inanimés, minables et lamentables, propices à causer les ricanements des innombrables contempteurs du « genre », du haut de leur snobisme, de leur myopie. Le Dracula média de Stoker demeure hors d’atteinte, d’outrages, le Dracula de Dario s’évanouit dans sa nullissime nuit, CQFD d’une « foire aux atrocités » à déconseiller, à dégobiller, à abandonner derrière soi, à l’instar d’une croix de cimetière très amer.

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