Justice League XXX : Purple Rain


L’union fait la farce et le cinéphile fait la grimace.


La pornographie apprécie la parodie, transforme fissa les comics en comix, merci aux subsides du studio Wicked Pictures. Par-delà le modèle, désormais produit d’appel, l’humour affiché, atteint ou point, une explicite logique identique caractérise les imageries jumelles, à peine conflictuelles, cf. le disclaimer liminaire, des super-héros mainstream et classés X, à savoir celle de la performance, à la sauce US, c’est-à-dire narcissique, régressive et interventionniste. On doit ce Justice League (Zack Snyder, 2017) bis au spécialiste, voire stakhanoviste, Axel Braun, fils du célèbre Lasse, remember son musical Body Love (1977) et sa muse dénommée Catherine Ringer, jadis déjà signataire du guère excitant Orgasmika (2005) ou l’apprentissage de l’échangisme, du triolisme, de la sodomie et du squirting pour couple en déroute, l’ensemble shooté dans l’obscurité désargentée, en plans-séquences de caméra portée chaloupée, définitivement plombé par une affreuse VF. Douze ans après, rien de changé, ou presque, y compris en VO : le rejeton Braun occupe les postes principaux, scénario, réalisation, direction de la photographie, direction artistique, montage et musique. Cela ne lui suffit pas, il tient la caméra et s’auto-produit, ah oui. Piètre capitaine de l’épopée peu priapique, il paie son indépendance du prix de l’inconsistance. Métrage interminable, Justice League XXX: An Axel Braun Parody (2017 itou) s’étend sur cent cinquante minutes, dont disons quatre-vingt-dix consacrées aux accouplements en costumes, à mater les deux mains sagement jointes, on vous l’assure. L’argument se résume à un jeu de mots de maternelle, come together de double entendre, réunissons-nous/jouissons à l’unisson, à une lointaine menace d’invasion stellaire, fomentée par la regrettée August Ames, entrevue au début, en vilaine reine express.


Sinon, Hal Jordan délaisse son uniforme militaire, sa lanterne verte, pour monter sur le ring, Clark Kent, rural addict, se came à la kryptonite, en réalité de la menthe estivale, dégustée en chope alsacienne, Bruce Wayne s’exerce en mode Jean-Claude Van Damme, dans son jardin serein, et Barry Allen fait des siennes, flashé ou plutôt déphasé. Du côté des dames, Diana Prince, sodomite athlétique, bisexuelle éventuelle, en pince pour Katy Cane, Knockout sait servir fesses nues sa Lashina atteinte d’hubris, Female Furie pas farouche, et Cat Grant pratique de manière littérale, à trois, le fameux journalisme estampillé gonzo. Signalons aussi, par connaissance, par courtoisie, les participations pudiques de Lena Paul en compagne geignarde et de Dana Vespoli en boxeuse gauchère, ma chère. Tout ceci, accompli en pilotage automatique, devant et derrière l’objectif, ennuie à l’infini ; l’ouvrage inanimé, victime de son formatage d’enfantillages, en sus de son interdiction aux mineurs, mérite en vérité d’être déconseillé aux majeurs, en tout cas aux spectateurs encore pourvus d’un œil, d’un cerveau et d’un cœur. Puisque se suivent les champs-contrechamps de téléfilm, puisque la diégèse se déroule parmi des décors récupérés, au rabais, puisque les dialogues éludent les répliques drôles, puisque les scènes de sexe, verbeuses, tout sauf généreuses, assoupissent au lieu d’exciter, à quoi se raccrocher ? Si le casting masculin surprend agréablement, citons Xander Corvus en Green Lantern, Ryan Driller en Kal-El, Giovanni Francesco en Dark Knight, Tyler Nixon en Flash et Derrick Pierce en Lex Luthor, on subit cela surtout pour la revenante Jessica Drake, blonde en or de The Collector (Brad Armstrong, 2004), la Batwoman orageuse de Charlotte Stokely, ensuite au générique de Becoming Elsa: A Coming of Age Story (Rick Greenwood, 2018) et, bien sûr, la plantureuse, malicieuse et assez radieuse Romi Rain.


Certes, quelque chose du féminisme soft, jamais misandre, de Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017) transite ici, façon métaphorique d’affirmer l’évidence, la prééminence des femmes au sein de l’entreprise du « divertissement adulte », ainsi qu’ils disent outre-Atlantique, mais la paresse se substitue à l’effort et l’inappétence à l’indulgence. Surprimé cette année par six récompenses décernées via le magazine magnanime AVN, Justice League XXX: An Axel Braun Parody se garde d’amuser, de rythmer, d’émoustiller, au moyen de sa moralité œcuménique et démocratique, tendance étasunienne, of course. Quant à l’égalité réclamée, proclamée par la persona de Miss Rain, elle semble un pur accessoire de politicienne à lasso dessalé, la distribution et les horizons du récit flapi hélas privés du cosmopolitisme loué. Tout se passe entre WASP et le final fait s’affronter hors-champ Batman & Superman, ce dernier endeuillé, cocufié, auparavant très occupés, à tour de rôle, en compagnie de Flash, par la dextérité buccale et vaginale de Wonder Woman. Demeure le port systématique du préservatif, principe de réalité rétif au fantastique, à la fois didactique et prophylactique, preuve intempestive de la fragilité insoupçonnée, enfin émouvante, de ces surhommes et surfemmes de papier glacé, de mythologie paupérisée, à l’héroïsme d’adolescence depuis longtemps dépassé, bien avant les pitreries sinistres du trumpisme et le déferlement incessant des pantins en collants. Comme le confessait, fatigué, le Danny Glover de L’Arme fatale (Richard Donner, 1987), aphorisme d’ailleurs piqué au moins marrant Police fédérale Los Angeles (1985) de William Friedkin, vraiment « trop vieux pour ces conneries », sorry, dear Romi…


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