Sois belle et tais-toi : Bye-bye à Tanya

 

En mémoire de Tanya Roberts (1955-2021)…

Très chère Tanya Roberts, dès lors décédée des suites d’une infection urinaire, reins atteints, fragilité d’hépatite C, saloperie de septicémie, je ne vais déranger l’éternelle éternité du repos et de la paix supposés, je voulais vite vous remercier de votre beauté, de votre simplicité, de votre perso(n)na(lité), du tracé en moi-même (dé)laissé. Au ciné, à la TV, jadis, au siècle dernier, je vous croisais au creux de l’estimable Tourist Trap (David Schmoeller, 1979), du sympa Sheena (reine de la jungle, John Guillermin, 1984), du bondesque Dangereusement vôtre (John Glen, 1985), des dispensables polissonneries d’adolescente insomnie de Night Eyes (Jag Mundhra, 1990) + Inner Sanctum (Fred Olen Ray, 1991), de Drôles de dames (1980-1981), de La croisière s’amuse (1982), de Si tu me tues, je te tue (1983). Quelle brève carrière, ma bien chère, à peine prodiguée pendant une vingtaine d’années, avant que la maladie de votre scénariste de mari ne vous invite à une retraite anticipée… Auparavant, vous passâtes par l’Actors Studio puis la défense des animaux, par off-Broadway, olé, par le mannequinat, la publicité, quittant New York pour L.A. Vous fîtes itou la couverture de People & Playboy, pas dans une identique tenue, certes. Vous saviez de source sûre les avantages et les désavantages de la qualité des traits, de la photogénie jolie, du typecasting peu magnanime. Philosophe, vous sûtes assumer vos choix, bons ou mauvais, en public, en privé, rien il ne vous prit de (vous) renier. Votre filmographie vous reflète-t-elle en totalité ? Pas plus que votre CV, allez. Toutefois, à cause ou grâce à tout cela, d’items (mé)connus la liste guère héroïque, au bord de l’anecdotique, votre grâce surgit et reste à la surface, au sein des miens souvenirs cinéphiles ne s’efface.


Les nominations moqueuses des rassis Razzie (Awards), qui s’en soucie, qui ne les oublie ? Chez Schmoeller & Guillermin, ou au côté du regretté Roger Moore, du solide (et sous-estimé) Stacy Keach, du moins célèbre Andrew Stevens, acteur pour De Palma (Furie, 1978), fils de la cara Stella, collaboratrice de Cassavetes, Lewis ou Peckinpah, époux de Kate Jackson, autre « ange » à chérir de l’invisible « Charlie », fi de Burton et sa chocolaterie psy, n’omettons de mentionner les noms de vos camarades Cheryl Ladd & Jaclyn Smith, moui, vous ne déméritâmes, d’âme, Madame, vous ne manquâmes, par conséquent vous méritez mieux que quelques lignes nécrologiques et médicales commises parmi un quotidien de presse régionale tout sauf sentimental. Sans macérer dans la mienne, de sentimentalité, il me plaît de (re)penser à votre foyer, pas celui, recomposé, par vous-même autrefois abandonné, jeunesse preste, mariage à l’écart des enfantillages, sous le signe de la fidélité placé, plutôt le feu doux qui provient encore de vous, au-delà d’une hospitalisation hélas bien trop de saison, d’un destin incertain, de possibles désormais rendus impossibles, en dehors de et sur l’écran, petit ou grand. Tandis que la réalité de notre modernité ressemble, au propre, au figuré, à une glaciation de malédiction, que le « congé maladie », dixit Isabelle Adjani, elle-même reconnaissante envers son cher Robert (Hossein), imposé par les autoritaires autorités à la culture hexagonale (et mondiale) se poursuit presque à l’infini, le charme de Tanya Roberts réchauffe à  la façon d’un sincère sourire loin du pire, d’une petite étoile morte, point falote, en compagnie de laquelle frémir d’aimable plaisir, face aux flammes affables d’une femme fréquentable, aux personnages pourvus d’une sensualité contrastée, lumineuse ou dotée d’obscurité.

En filigrane affleure aussi une forme de familière mélancolie, à ne confondre, effet rétroactif, avec la tristesse du deuil d’aujourd’hui. Oui, ainsi va la vie, Alain Delon chaque jour honore ses morts et votre serviteur évolue, en partie, au milieu de femmes doublement défuntes, car occises mais immortalisées par la caméra, voilà. Cette lettre à cœur ouvert, Tanya, ma chère, je sais bien que jamais vous ne la lirez, pourtant je ne peux me résoudre à (vous absoudre) la terminer de manière seulement attristée. J’espère vous (re)voir, un jour, un soir, au hasard, qui n’existe, qui excite, qui rassemble de si différenciées trajectoires, en plein jour, dans le noir, au gré, bon gré mal gré, de la quarantaine de vos apparitions, au cinéma, à la télévision. En attendant, dormez éternellement, golfeuse heureuse et vadrouilleuse valeureuse de votre vie, de nos envies, puisque Tanya détentrice du secret de Victoria, votre prénom d’administration, aura à partager, à prolonger, selon l’horizon.  

Commentaires

  1. Je ne connais pas le talent de cette actrice, qui me reste à découvrir au travers de films inconnus à mes yeux, à la lecture de votre billet on découvre ce talent certain de votre part pour décrire avec brio le sentiment amoureux d'un cinéphile sous le charme...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un autre admirateur de la dame :
      https://www.youtube.com/watch?v=wDQaLtQfUnc

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir