Maigret à Vichy : Un cœur simple
Tosca d’opéra, étrangleur de valeur…
À Jacqueline, presque spécialiste
Il existe un déterminisme du X :
il faut copuler ; il existe un déterminisme de la police : il faut
enquêter. Même en cure, à cause d’un peu d’usure, du cap patraque de la
cinquantaine incertaine, le célèbre commissaire ne s’indiffère, de façon
définitive ne se « met au vert ». Accompagné de son épouse
disponible, complice, le voici à marcher parmi l’irréelle, voire « anormale »
et « au ralenti » Vichy, à y collaborer, terme là-bas très connoté,
vous en conviendrez, avec Lecœur, son ancien comparse perspicace, à rousse
moustache, délesté de ses « troubles de conscience », idem de son désir de « connaissance ».
Car Maigret ne peut s’empêcher de vadrouiller, d’observer, de s’interroger, de
s’inquiéter. Au terme de cent quatre-vingt-quatre pages épurées, écrites avec
économie, du dialogue et du récit maestria mesurée, quasiment à la Hemingway,
allez, le coupable se confesse, émeut Maigret au point que celui-ci, rentré
auprès de sa moitié chez lui, à l’hôtel sempiternel, en vient à souhaiter son
acquittement, tu m’en diras tant. Dissimulée derrière une sordide histoire de
fait divers, à patron concon, à sœurs salopes, à fiston de fermiers à la
flotte, s’affirme en filigrane une réflexion de Simenon sur le roman, son
devoir dessillant. La mère imaginaire, cynique et narcissique, se came au
romantisme, estime Balzac « trop brutal », mais son machiavélisme rémunéré,
durant quinze années, se caractérise par son pragmatisme, sa duplicité, sa
solitude suspecte à force d’être parfaite, « satisfaite ». Quant à sa
sœurette, revenue dare-dare de vacances aux Baléares, en robe transparente, au parfum d’embrun, depuis l’adolescence dégourdie, les mecs minables, néanmoins
non démunis, elle instrumentalise à sa guise, elle profite de l’enfantin et
infantile fric. Misogyne, Simenon, et mateur de culotte de bonne « informe », replète, « simplette » ? Davantage ordonnateur d’une tragi-comédie
vite advenue, vite lue, l’industriel déniaisé, peiné, on ne l’y reprendra plus.
Miroité en Maigret, le romancier tisse sa toile de démystificateur et
désenchanté mélodrame, manie le bovarysme masculin en maladie, n’en déplaise
aux Lange inangéliques.
Maigret l'accoucheur de destin, celui de Lange la faiseuse...la méchanceté humaine étant un breuvage plus difficile à avaler que l'eau salée même à Vichy, l'engrenage fatal un homme en mal d'enfant et de paternité, une femme en mal d'argent et de notoriété, ils devaient fatalement se rencontrer ces deux-là et pas pour le meilleur.
RépondreSupprimerIci le couple Maigret en contrepoint d'affection réelle d'un couple de tendresse
vieillissante et madame Maigret qui a le beau rôle : dans le téléfim
Maigret à Vichy, téléfilm français d'Alain Levent avec Jean Richard, diffusé en 1984,
les décors et le couple réel des Richard à la ville mène l'enquête de façon touchante, un opus sans prétention mais qui a l'avantage de se faire le témoin d'une époque, déjà bien lointaine...Merci pour la dédicace !
Ni Baur, ni Gabin, ni Laughton, pourtant Préjean pas personne :
Supprimerhttps://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2019/08/les-caves-du-majestic-le-coupable-grand.html
Si Maigret en vient à souhaiter l'acquittement du coupable, sentiment oblige même chez un fonctionnaire, c'est que le commissaire et sa femme ont perdu une petite-fille, une enfant mort-née, fait précisé dans un roman du début et de nouveau signalé parfois au fil des enquêtes quand celle-ci vient faire écho de nouveau...
RépondreSupprimerEt la fille de Simenon se suicidera, à la fin des années soixante-dix...
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