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Affichage des articles du novembre, 2022

L’Enfer des armes

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  Un métrage, une image : Eastern Condors (1987) Un soupçon des Douze Salopards (Aldrich, 1967), une pincée de Portés disparus (Zito, 1984), un virage vers Voyage au bout de l’enfer (Cimino, 1978) : Sammo Hung (re)connaît ses classiques, cependant ne les duplique, pas davantage ne délivre la matrice apocryphe et obsolète de Une balle dans la tête (Woo, 1990). Doté d’un tandem d’incontournables homonymes du cinéma de HK de ce temps-là, à savoir le scénariste Barry Wong ( À toute épreuve , Woo, 1992), le directeur de la photographie Arthur Wong ( La 36e Chambre de Shaolin , Liu, 1978, Il était une fois en Chine , Tsui, 1991), le réalisateur de valeur de L’Exorciste chinois (1980) ou First Mission (1986) signe en résumé un cocktail guerrier aux tonalités mêlées, comme seul l’écran hongkongais savait les concocter, les doser. Véritable cinéaste, il soigne chaque cadre ; star pas uniquement locale, il possède assez de générosité pour ne limiter les membres des équipes artistiqu

Le Ventre de l’architecte

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  Un métrage, une image : Liebestraum (1991) L’ultime film de Kim Novak la portraiture en patiente très patraque, en gémissante génitrice, in fine en flingueuse au passé, à l’agonie aujourd’hui, tandis qu’elle expire, une jeune femme soupire, grande et petite morts encore mêlées, merci au montage alterné. En dépit de la présence de Pamela Gidley ( Twin Peaks: Fire Walk with Me , 1992) & Bill Pullman ( Lost Highway , 1997), d’une ambiance étrange, de mauvais rêves presque réels, voire l’inverse, d’une perversité secrète et souterraine, on songe davantage à quelques compatriotes de l’aussi scénariste et instrumentiste Figgis, aux claviers comme Badalamenti, eh oui, qu’au spécialiste David Lynch, par exemple à Peter Greenaway ( The Belly of an Architect , 1997), Alan Parler ( Angel Heart , 1987), Nicolas Roeg ( Bad Timing , 1980). Climatique ou léthargique, suivant l’adoptée perspective, moins estimé, à succès, que Stormy Monday (1988), Internal Affairs (1990), Leaving Las Vega

La Charrette fantôme

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  Un métrage, une image : Un carrosse pour Vienne (1966) Une forêt de conte de fées défait, à défaite (« Hitler fichu ») guillerette ; une paysanne pas bavarde, veuve guère joyeuse de guerre affreuse, décidée, Dieu merci, à « réparer l’injustice » d’un mari trop tôt parti, parce que pendu pour l’exemple après avoir volé du ciment, tu m’en diras tant ; deux chevaux « braves » au cœur et à l’écart du drame ; deux soldats à hue et à dia, le premier malade, pessimiste, lucide, le second assez bon, au fond, « bon à rien », il le vaut bien, avec ses photographies de famille, son sommeil d’épuisé, d’employé des pompes funèbres improvisé, où sa Mutter maternelle il appelle : immobile road movie, dont le révisionnisme sentimentaliste évidemment déplut en Tchéco coco, fable affable fournie en hommes mais flanquée d’une seule femme, Un carrosse pour Vienne ( aka le plus pragmatique et moins satirique Un chariot pour Vienne ) se fiche de l’Autriche de Sissi la pasteurisée impératrice, prophé

Cent ans de solitude

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  Armoire normande de kafkaïenne brocante ? Renommée d’emmuré… Policier porté sur la poésie de Ponge, c’est-à-dire drolatique et non lyrique, objective et non subjective, l’auteur jamais moqueur, mais in extremis satiriste, décrit en définitive une odyssée déceptive : ici ne sévit le souffle fantastique et métaphysique, forcément glacé, de l’aventure impure, cf, le presque indépassable et assurément puissant roman, unique à double titre, de Poe, Les Aventures d’Arthur Gordon Pym . Pas davantage robinsonnade, en dépit de la présence réconfortante, amusée, amusante, d’un Inuit guère excentrique, plutôt excentré, sauveur cuisinier, familier du « beautiful day », La Fonte des glaces ressemble un brin à un The Thing (Carpenter, 1982) tragi-comique, à moitié toulonnais, dont l’anti-héros moins parano, quoique, finit toutefois lui aussi refroidi, au propre et au figuré. S’il (r)échappe au froid une première fois, aussitôt décidé à s’aérer, après avoir ingéré des biscuits rassis quasi

Le Chat noir

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  Babe alone in Babylone , rime Birkin ? Houellebecq, par le petit bout de la lorgnette…   Fiction féminine tout sauf féministe, toutefois flanquée d’un furtif féminicide, ainsi disent, discriminatoire néologisme, en droit qui n’existe, les médiatiques militantes de l’anti-sexisme, Babylone n’en fait des tonnes, en dépit du titre à  pedigree biblique, à exil au carré liquide. La pas bête et plutôt chouette Élisabeth, narratrice complice indeed , à double titre, sexagénaire guère exemplaire, se remémore donc sans remords une fête de printemps à contretemps, à cause d’un presque imprévisible étranglement. Tandis que Lydie, ancienne vendeuse de godasses, boit la tasse, de la honte en réunion, à cause d’une anecdote et   d’une imitation à la con, se soucie du destin des industriels poussins, réclame illico du poulet bio, pratique une thérapie épicée, en accoutrement et crinière colorés, le gentil Jean-Lino, vrai-faux papy de l’insupportable Rémi, encaisse en silence l’interdit de f

Fanny

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  Madame rêve, agit aussi, vit sa vie, ses envies, me ravit… Dans le jamais embrasé, « tant pis », Couleurs de l’incendie (Cornillac, 2022), Fanny Ardant , discrètement, brillamment, au creux d’un nocturne compartiment, meurt du cœur, dernière lumière, vitre humide : soudain surgit, au milieu de ma mémoire cinéphile, le souvenir de la Max(ine) de Mission impossible (De Palma, 1996), c’est-à-dire de la superbe et vilaine Vanessa Redgrave, déguisée en stratège de TGV. Auparavant, Ardant donne de la voix, doublée par la spécialiste Sandrine Piau, au château, en appartement, à l’opéra, on n’oublie pas qu’elle incarna, autrefois, une certaine Maria Callas, en master class , Polanski opine, ou dans l’impasse, Zeffirelli confirme ( Callas Forever , 2001), qu’elle narra un documentaire dédié à la cantatrice, proche de Pasolini & Onassis ( Maria by Callas , Volf, 2017). Adolf s’affole, le chœur a cappella , au piano recta , des « esclaves juifs » du Nabucco de Verdi, fi des wagnérie

The War Zone

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  Commémoration d’occasion, memento mori en série, pellicules et pays…   Si tu r’viens n’attends pas que je sois tombé pour la France Étienne Daho Ce spectacle spectaculaire, son-et-lumière mortifère, affola les futuristes, sinon les fascistes ; la Grande Guerre ne pouvait pas ne pas être illustrée au ciné, art massif, optique et mécanique, idem amateur de monuments funéraires, les films eux-mêmes, faussement immortels, dédiés à un identique et différencié conflit, celui ente la mort et la vie, pardi, aux victoires pareillement provisoires, voire illusoires. Dès 1915, donc en léger différé, Feuillade deux fois s’affaira ( L’Union sacrée , Le Noël du poilu ), suivi de DeMille ( La Petite Américaine , 1917), Chaplin ( Charlot soldat , 1918), Griffith ( Cœurs du monde , 1918). Puis le parlant passant par là s’en empara, par conséquent Pabst ( Quatre de l’infanterie , 1930), Hughes ( Les Anges de l’Enfer , 1930), Milestone ( À l’Ouest, rien de nouveau , 1930), Bernard ( Les Cro

Jason X

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  Un métrage, une image : La mort sera si douce (1990)   Thompson au ciné, ancienne histoire, on le sait, depuis les scripts coécrits de L'Ultime Razzia (1956)/ Les Sentiers de la gloire (1957), d’après deux romans précédents, point les siens, jusqu’aux incontournables Guet-apens (Peckinpah, 1972), Série noire (Corneau + Perec, 1979), Coup de torchon (Tavernier, 1981), modèles de fidélité infidèle, voire l’inverse, en passant par les plus davantage dispensables Guet-apens (Donaldson, 1994), Liens secrets (Oblowitz, 1997), The Killer Inside Me (Winterbottom, 2010), n’omettons de mentionner une curiosité intitulée Hit Me (Shainberg, 1996), avec Elias Koteas & Laure Marsac. En 1990 sortit aussi le remarquable et remarqué Les Arnaqueurs de Frears, scénarisé selon le spécialiste Westlake, produit aux bons soins d’un certain Scorsese, au terme duquel le trop sentimental et un peu incestueux Cusack succombait à son implacable maman, donc Anjelica Huston, déguisée en

Naples au baiser de feu

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  Un métrage, une image : Voyage en Italie (1954) (…) calendriers solides et contraignants qui offraient souvent, dans la chaleur des groupes, l’illusion de saturer le temps et de faire ainsi écran à la mort. Vivane Forrester, L’Horreur économique À le visionner en version restaurée, il s’avère qu’il s’agit d’un road movie immobile, travelogue en toc, item modeste, qui n’annonce ni l’ennui de La Nuit (Antonioni, 1961), même si une faune de « naufragés » y figure, flanquée de faunes clairs et obscurs, ni la casse ou le crash à Capri du Mépris (Godard, 1963), itou entourloupe de couple en déroute sur la route. On pense plutôt illico à Psycho (Hitchcock, 1960), conductrice idem , environnement mortel, bien sûr à Stromboli (1950), puisque épiphanie finale et en fanfare, miracle laïc, en sus du Vésuve, aux Onze Fioretti de François d’Assise (1950), suite de saynètes, progression et non narration. Lui-même en tandem avec Vitaliano Brancati ( Le Bel Antonio , Bolognini,

À la rencontre de Forrester

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  Caste de concurrents, complices des maléfices, honte de la honte...   Pascal, Blaise et billet, philosophe de force, opinion, usurpation, vérité, devrait plaire à la pensive Jacqueline Waechter. Biographe à défaut de fée, Dreyfus née, Viviane Forrester signe en 1996 un essai à l’insolite et insolent succès que l’on sait, du Médicis récompensé, placé sous le signe, sinon l’emprise, de l’exclusion, l’élimination, la déportation, la programmation, de la catastrophe, en somme, termes très connotés, en toute conscience utilisés. Parmi un entretien contemporain, publié au milieu de L’Humanité , l’écrivain au féminin, peu fanatique de féminisme, de féminisation du lexique, se rappelait Rimbaud, communard à l’écart, vite devenu marchand, pas d’armes seulement, telle in extremis l’Alice de Lewis, présente ici aussi, revue et outragée par le pas bon Burton. Le titre de l’ item cite donc Soir historique des Illuminations , en conserve la valeur apocalyptique, en liquide la dimension méta

L’Expérience interdite

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  Un métrage, une image : K.Z.9, camp d'extermination (1977) « De même, le cinéma montrant sans cesse des scènes de massacre et d’atrocités, vous finissez par croire que vous   êtes vaccinés contre la mort. C’est du courage en toc. »   Bernard Werber, Le Livre du Voyage Voici un ouvrage lesté d’outrages, qui ne pouvait être produit que durant les excessives seventies , libertaires ou permissives, suivant l’adoptée perspective. Si mon homonyme décédé, donc ressuscité, peut-être que Mengele à ceci aussi pensait, décidait soudain de le commettre aujourd’hui, non seulement il ne trouverait aucun financement, a fortiori du côté du ciné d’Italie, en soins palliatifs, comme chacun sait, depuis disons une trentaine d’années,   mais en sus il lui faudrait affronter de multiples néo-ligues de vertu, plus ou moins bienvenues. Le réalisateur des pas si redoutables, presque recommandables, L’Autre enfer (1981), Scalps (1987), des plus discutables Virus cannibale (1983) et Les Rats

Le Hasard et la Nécessité

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  Dès la naissance, l’absence de liberté ? Le jeu sérieux, de l’unique humanité… « Ce petit livre » de naguère et du père de l’éditrice Odile s’ouvre sur une citation de Lewis Carroll au sujet de l’impossibilité, de sa croyance royale, sinon miroitée, s’achève sur une autre de Tristan Bernard, en compagnie d’épouse proie de Gestapo, rappel du passé résisté, décoré de l’auteur illico . Rostand et sa grenouille, avant Pasteur et sa poule, Woody Allen et le sang de ses veines, Confucius et le non apprentissage de l’arbre du primate, introduisent aussi les trois parties très équilibrées, sur des conférences et des articles basées. En cent trente-et-une pages d’une écriture claire et sincère, Jacob discute de beaucoup de choses, muni d’une modestie socratique, qui s’autorise à l’optimisme. S’il vivait encore, désormais victime du visible, cependant inexistant, « mécanisme de la mort », sans doute déciderait-il de le mettre à jour, puisqu’il suffit de la durée d’une vie, pour constater les