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Affichage des articles du avril, 2019

China Moon : En direct sur Ed TV

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  « Ne pas perdre le nord » ou ramer vers sa mort… China Moon (Bailey, 1994) commence comme Chinatown (Polanski, 1974), par un adultère photographié ; on le doit d’ailleurs au directeur de la photographie de American Gigolo (Schrader, 1980), La Féline (Schrader, 1982), Le Pape de Greenwich Village (Rosenberg, 1984), Mishima (Schrader, 1985), Un jour sans fin (Ramis, 1993), Dans la ligne de mire (Petersen, itou), Pour le pire et pour le meilleur (Brooks, 1997), Incident au Loch Ness (Penn, 2004) ou Les Producteurs (Stroman, 2005). Puis il se poursuit tel La Fièvre au corps (Kasdan, 1981), Floride idem , meurtre du mari, instrumentalisation sentimentale. Bailey travaille en tandem , puisque son épouse Carol Littleton, accessoirement monteuse de La Fièvre au corps , encore, E.T., l’extra-terrestre (Spielberg, 1982), Grand Canyon (Kasdan, 1991), Ce que veulent les femmes (Meyers, 2000) ou Un crime dans la tête (Demme, 2004), assemble l’ensemble, ici assistée par

La Divine : Shanghai Gesture

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Film de putain, putain de film… Femme de Shanghaï Ou de Koustanaï Du peuple massaï Veuve d’un monde qui défaille Rien ne peut égaler ta taille Daniel Balavoine Les yeux levés au ciel du studio, que regarde donc Ruan Lingyu ? Son suicide, survenu le 8 mars 1935, « Journée internationale des femmes », amen , celui de son fils de ciné, Lai Hang, zélé coco néanmoins victime collatérale de Mao ? Le biopic de Stanley Kwan, Center Stage (1992), où la chère Maggie Cheung l’incarne ? Un dieu miséricordieux, du récit, de la cinéphilie ? On l’ignore, on ne le saura jamais, on se souvient que Greta Garbo, autre actrice « divine », à laquelle le titre français de The Goddess fait référence, postée à l’avant du bateau en toc de La Reine Christine (Rouben Mamoulian, 1933), ne pensait à rien, sinon à ses impôts, sphinge suscitant toutes les projections le temps de la projection. Dans La Divine (Wu Yonggang, 1934) qui l’immortalise, Mademoiselle Ruan hypnotise, séduit, b

La Dame de Windsor : Highlander

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de John Madden. Un téléfilm inoffensif ? Sans doute, cependant plaisant. Treize ans avant L’Affaire Rachel Singer (2010), (re)lisez-moi ou pas, Madden devance le Stephen Frears de The Queen (2006), Helen Mirren idem . Mrs. Brown (1997), dénomination moqueuse de monarque a priori trop proche de son « palefrenier », cartographie une royauté recluse, menacée à distance par le républicanisme, dépeint un double portrait, celui d’une femme endeuillée, régie par le ressentiment, préférant le drame de l’exil à la comédie de la vie civile, celui d’un homme amical, loyal, Écossais censé ressusciter Sa Majesté, qui y perdra sa crédibilité, sa santé. La meilleure part du métrage réside dans la dynamique drolatique, tendue-tendre, du couple improbable, impossible, interprété de manière impeccable, récompensée, par Judi Dench & Billy Connolly, vrai-faux sosie de John Cleese, natif de Glasgow croisé selon Fido (Currie,

Tombe les filles et tais-toi

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Trois destinations, trois générations, trois présentations… ·          Carminho canta Tom Jobim de Carminho Une langue partagée, même différenciée, une mélancolie en commun, certes à nuancer : le Portugal et le Brésil ainsi s’unissent, cohérence à distance, rencontre rapprochée, concoctée par Carminho, fille de fadiste, artiste à succès, artiste libérée, capable de crossover par générosité, puisque privée de cynisme intéressé. Avec Carminho canta Tom Jobim , l’auditeur reparcourt un répertoire remarquable, remarqué, ne nage pas dans la nostalgie, sait le prix du présent, de l’instant. Accompagnée par les petits gars de Banda Nova, à savoir Daniel & Paulo Jobim, petit-fils et fils d’Antônio Carlos, Paulo Braga, Jacques Morelenbaum, formation créée l’année de sa naissance, en 1984, qui escorta le maestro de Rio durant une décennie, Maria do Carmo Carvalho Rebelo de Andrade invite pour de beaux duos Maria Bethânia, Marisa Monte, Fernanda Montenegro, lectrice du poète G

Quasimodo : La Gitane

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de William Dieterle. Programmation opportuniste de psychodrame médiatique, ce téléfilm friqué rassemble des gens de talent pour un résultat frisant l’inexistant. Walter Plunkett aux costumes, Darrell Silvera aux décors, Van Nest Polglase à la direction artistique, Joseph August à celle de la photographie, William Hamilton & Robert Wise au montage, Alfred Newman à la musique, Pandro S. Berman à la production + le magot de la RKO : tout cet estimable-respectable aréopage ne parvient point à transcender un opus pasteurisé, inoffensif, révisionniste. Sonya Levien, la solide scénariste de Quo Vadis (Mervyn LeRoy, 1951), autre adaptation davantage réussie de pavé prosélyte, ici accompagnée du romancier allemand Bruno Frank, ne se contente pas de remodeler la cathédrale hugolienne, jadis exécutée par un certain Balzac, à laquelle on peut préférer son homologue proustienne, passons, de la faire finir bien, Seigneur,

Les Lois de l’hospitalité : Querelle

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Jack Blystone & Buster Keaton. Our Hospitality (1923) commence comme Le Vent (Sjöström, 1928) et pourrait se situer en Corse, vendetta nous voilà. Cette « Metro Attraction » quitte ensuite le mélodrame du « Prologue » pour s’orienter vers la comédie de la « Story ». Orphelin délocalisé, héritier désargenté, proie pourchassée, William McKay finira par embrasser/enlacer/épouser la virginale Virginia Canfield, fille-sœur de ses ennemis à domicile, qu’il vient de repêcher des rapides, avec laquelle il voyagea. L’ultime gag dépose les armes, de manière littérale, le mariage en médicament désarmant contre leur maniement américain et la malédiction ancestrale, disons méditerranéenne. Tout ceci, parti de New York riquiqui, méconnaissable carrefour rural, surréaliste, de la Rue 42 et de Broadway, se passe dans le Sud US, renommé pour son hospitalité, même à main armée, par conséquent inclut un domestique « de cou

Le Rendez-vous : Trois sœurs

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Un rendez-vous désolant ? Une destination séduisante.   Voici ce que vomit la Nouvelle Vague, mais évitons le révisionnisme, le manichéisme, puisqu’il s’agit, ici, via mon clavier, avec une souveraine subjectivité, d’évaluer les œuvres pour ce qu’elles valent, veulent et peuvent m’apporter au présent, vacciné contre la nostalgie, délivré de la doxa. Hier, j’écrivais sur Claude Chabrol, aujourd’hui j’écris sur Jean Delannoy – pourquoi pas ? Parce que je ne respire point pendant les sixties , parce que je trouve les oppositions/propositions européennes (ou brésiliennes) de la période concernée à la fois intéressantes et intéressées, les envies de nouveauté, de liberté, d’air frais, au cinéma, au-delà, foutrement légitimes, toutefois tissées à des arrière-pensées œdipiennes, égoïstes, pères par procuration à planter, à remplacer, à préférer aux États-Unis, en Italie, je sais apprécier une réussite cinématographique, je me contrefous des camps, des cartes, des contrats, des cond

La Rupture : Pensione paura

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Son fils, sa bataille, fallait pas qu’elle s’en aille, bis , génitrice assiégée… Face au « plus fumier des fumiers », teint et moustachu Michel Bouquet, Stéphane Audran, dont on ne se lassera jamais de célébrer la beauté, le talent, sinon la discrétion et la distinction, interprète cette fois Une femme sous influence (Cassavetes, 1974), elle idem au bord de la démence, soumise à la pression insupportable de mecs abjects. Gena Rowlands payait cher sa différence et la chère Stéphane doit se battre à chaque instant, quasiment à chaque plan, pour ne pas sombrer, succomber au sein d’un royaume maudit, désenchanté, régi par L’Argent (Bresson, 1983), serpent (monétaire, funéraire) sinistre contre lequel elle se dresse, surnage, telle une « Jeanne d’Arc », rapprochement moqueur mais admiratif effectué par Paul (saint) Thomas, Judas paupérisé, vrai-faux cancéreux à la chaussette trouée, au père remercié, ruiné, probablement enterré. À nouveau admirable, Mademoiselle Audran remporte