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Affichage des articles du septembre, 2018

Ghost Stories : Mission impossible

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Les esprits avérés ? Une vue de l’esprit. Des gens de talent, devant et derrière la caméra, mais ça ne fonctionne pas, la faute au freudisme, au manque de rythme, à l’absence de flamme(s) et de femme(s). Deux dramaturges, Jeremy Dyson & Andy Nyman, adaptent leur production à succès, à longévité. On se retrouve avec trois sketches (souvenirs) assemblés à la suite, cousus au fil pas si rouge, dehors, le gore , de l’investigation un brin à la con. Ce trio de cas résiste apparemment au spécialiste médiatique, vieil évanoui de caravane à vomir, qui charge donc le démystificateur en chef d’éclaircir tout ceci. Notre protagoniste, interprété par Nyman himself , s’appelle Goodman et il possède un passif familial conséquent, sa sœurette chassée de la maisonnette par le papounet à papillotes, peu porté sur les amours dites interraciales. Plus tard, comme une rime à nouveau dépressive aux origines gênantes, le vrai-faux psychiatre revivra un trauma de jeunesse à tunnel, à la Stephe

Quiet People : Au nom du fils

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre d’Ognjen Sviličić. À mes parents Voici l’histoire de gens sans histoires, de gens tranquilles, précise le titre. Mais les gens sans histoires, ça n’existe pas, surtout au cinéma. Alors il arrive à Ivo & Maja, remarquables Emir Hadžihafizbegović & Jasna Žalica, ce qu’il peut arriver de pire à des parents : perdre un enfant. Tomica, diminutif affectueux, davantage que le banal Tommy anglo-saxon, rentre un jour autour de sept heures du matin. Il vient de se faire tabasser dehors, il porte des plaies sur sa face, il affirme ne pas souffrir, il s’effondre ce soir dans la salle de bains, à côté de la baignoire sur le point de déborder. Après une nuit d’hôpital, il cesse de respirer, succombe à une double rupture d’anévrisme cérébral, fatal. Entre-temps, Tea, sa petite amie, révèle au couple modeste, lui chauffeur de bus, elle malade, à la maison, le film de l’agression, commise par un condi

Prenez la queue comme tout le monde

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Pourquoi la pornographie sauvera le cinéma – ou pas. Parce que la chair, ma chère. Parce que la mélancolie, mon amie. Parce que même la scène crue la plus crue s’avère moins obscène que le moindre mot de Monsieur Emmanuel Macron.   Parce que si l’on sait simuler un orgasme filmé, misère du manque de générosité, professionnalisation des pâmoisons, la violence du pouvoir sévit pour de vrai, jusques au creux des corps, sur les terres de l’imaginaire. Parce que ces copulations certes souvent à la con, accusées de diffuser une mauvaise éducation auprès de propriétaires prépubères de cellulaires, de progéniture à luxure de parents dits démissionnaires, valent au final toujours mieux que mille massacres médiatiques, que d’insoupçonnables viols conjugaux mutiques (la souffrance dialogue avec l’indicible, contrairement à la victimisation de saison). Parce que la pornographie, que cela plaise ou pas, constitue l’un des marqueurs de la démocratie. Parce que des femmes en font, pourraien

Mauvaise passe

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Notes sur les films médiocres. Je viens donc de visionner en ligne huit navets, intitulés A Taste of Phobia , Bad Guys Always Die , Bleeding Steel , The Debutantes , No dormirás , Porn of the Dead , Portrait de groupe avec dame , The Unseen , et au vu de leurs propres bandes-annonces, je décide de me garder d’accorder quatre heure trente supplémentaires de ma courte vie, pas seulement de cinéphilie, aux Combattants , à L’Olivier , à Wajma, une fiancée afghane , titres disponibles sur le site d’une célèbre chaîne télévisée franco-allemande. Ainsi, voici une partie de ce que propose le ciné d’aujourd’hui, un brin d’hier, avec Romy Schneider. Cela vous intrigue ? Ceci me déprime. Cela vous fait sourire ? Ceci me rapproche du pire. On peut certes prendre ces ratages avérés, ces enfantillages devinés, sans le moindre ombrage, s’en amuser, les relativiser. Après tout, le cinéma, je crois que tout le monde s’en fout, y compris ceux qui le (dé)font, à l’époque de la globalisation. D

La Maladie de Sachs

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37°2 l’après-midi + un regain de sursis. La maladie ramène à soi-même. Même un rhume merdique, maté à coup de médocs médiocres et de système immunitaire supérieur, l’arme la meilleure, la plus impitoyable, surtout lorsqu’elle se retourne contre son propriétaire, ramène au monde. Chaque convalescence devrait s’éprouver ainsi, en modeste renaissance. La machine vivante, émouvante, puise en elle ses propres puissances, se purge par la sueur, éprouve à nouveau la douceur, du soleil et de l’air, durant la marche presque printanière. Le diagnostic définitif, nul ne guérit à l’infini, malgré les rémissions de saison, tu finiras dans un trou, dissous, cosmique et comique, n’assombrit pas le sujet, ne parvient à lui voler sa lumière intérieure, à troubler sa respiration retrouvée. Quel rapport avec le cinéma ? Il va de soi, en tout cas pour moi, peu préoccupé de publier mes bulletins de santé. Les pellicules pullulent, virtuelles et virales. La cinéphilie se classe comme forme bénigne

Zorba le Grec : L’Attaque de la moussaka géante

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Suite à son visionnage en direct sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Michael Cacoyannis. L’apollinien et le dionysiaque. Nietzsche et Sisyphe. Un fiasco presque à la Fitzcarraldo (Herzog, 1982), mais aussi l’écho de Stromboli (Rossellini, 1950), Marius (Korda, 1931), Manon des sources (Pagnol, 1952), La Fille de Ryan (Lean, 1970) ou  Harold et Maude (Hashby, 1971). Avant tout, surtout, une histoire d’amour entre deux hommes, dès le premier regard, en effet, à travers une vitre mouillée. Socrate & Platon ? Non, Montaigne & La Boétie, oui. Mystère de l’élection, voire de la filiation. L’ancien soudard trucideur de Turcs, agresseur de Turques, dessillé du nationalisme, il en porte les stigmates (christiques) sur le torse, sait désormais la valeur d’une vie, de toutes les vies, y compris les salies, tandis que le littéraire solitaire hésite, trop cogite, poursuit sa route en plein jour, revient la nuit. Zorba, père endeuillé, sinon indigne, de gesticulations,

La Petite Fille au bout du chemin : A French Letter for Jodie Foster

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Portrait épistolaire d’une femme fréquentable. Dear Jodie, J’ignore si vous lirez un jour cette lettre, puisque francophone de bonne école américaine, comme chacun sait. Je vous l’écris sans chichis, je ne rédige pas votre biographie. Deux feuillets devraient donc suffire à vous dire mon admiration, non ? Ne croyez pas, loin de là, que je me fiche aussi de votre filmographie, mais j’aime avant tout y retrouver votre voix, y compris en VO, votre visage, votre jeu précis, intense, sincère, peu importe votre âge, ma chère. Cette fraîcheur naturelle, pérenne, vous l’affichez depuis vos jeunes années. On vous vit ainsi grandir puis vieillir avec nous, à l’instar de notre star nationale, Sophie Marceau, point trop n’en faut, qui partage avec vous le privilège discutable d’avoir poussé la chansonnette suspecte au côté de vocalistes hexagonaux, citons Claude François & François Valéry, par ailleurs estimable compositeur pour le saphisme soporifique de Joy et Joan (Saurel,

L’Écorché

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Trois instantanés de certitude ensablée. 1 Et si tu as peur du cadran Regarde bien tous ces gens Ce n’est pas un rêve c’est la vie Jérémy Frerot , Revoir À ma mort, ramène-moi vers la mer maternelle, méditerranéenne. Cinéphile endeuillé, fatigué, enfouis-moi loin du cinéma. Sous le sable de Mademoiselle Rampling, laisse le ressac me bercer au rythme tarkovskien, voire utérin, océanique et cosmique. Puisque le bonheur n’existe pas, puisque n’existent que des instants d’ataraxie, que l’éphémère éternité me délivre de mes tourments d’avant. En vérité, connais-tu rien de plus serein qu’un cimetière marin ? Enfant, j’édifiais des châteaux humides, promis à la ruine, présage du pas si grand âge. Pourquoi, caro Kitano, le métrage vécu nous reconduit-il à la plage virginale ? Parce que toutes les pages, même virtuelles, même apparemment spécialisées en ciné, s’effacent au fil du temps désarmant, se verront supprimées par mes soins, table rase de lecteur cartésien. Lit

Chicago

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Un métrage, une image : Victor Victoria (1982) En 1982, Dustin Hoffman se déguise en femme ( Tootsie , Sydney Pollack), tandis que Julie Andrews se grime en homme. Nous voici, ainsi, dans le sillage polémique de Cruising (William Friedkin, 1980), où Al Pacino se perdait au cœur des bars homos, au creux de son miroir maso. Ici, point de trouble identitaire, d’enquête existentielle, l’hétérosexualité ne vacille jamais, malgré les apparences, justement, et Blake Edwards magnifie son épouse travestie, comme s’il éprouvait le besoin d’un costume masculin, afin de mieux mettre en scène la sensualité de l’actrice guère androgyne, jusqu’alors gentille Julie de Mary Poppins (Robert Stevenson, 1964), La Mélodie du bonheur (Robert Wise, 1965) ou du Rideau déchiré (Alfred Hitchcock, 1966), estimable trilogie apocryphe et familiale. Outre réussir en réponse à l’échec intéressant de Star! (encore Robert Wise, 1968), Victor Victoria retravaille un item de la UFA, millésimé 1933, da