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Affichage des articles du octobre, 2019

Deux moi : Agnès Godey au miroir du métier

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La vie d’Adèle ? L’avis d’Agnès… Ne faites pas de photos, s’il vous plaît. Non, je suis une comédienne, vous savez, je sais faire des trucs bien. Ça, ici, je le fais pour bouffer, c’est tout, alors ne faites pas de photos. S’il vous plaît. Ne faites pas de photos. Romy Schneider, L’important c’est d’aimer (Andrzej Żuławski, 1975)   1.       Méthodologie sans Stanislavski Son prochain projet, à l’intitulé très républicain, rappelle Les Enchaînés (Alfred Hitchcock, 1946), sa blondeur rime bien sûr avec celle de Grace Kelly, Kim Novak, Janet Leigh, Tippi Hedren, classement chronologique, quatuor historique, mais Agnès Godey, même joliment photographiée par Carlotta (Valdes, viva Vertigo  !) Forsberg, se devine, s’affirme femme libre, muse multiple, working actress audacieuse, malicieuse, généreuse. Dans Parfum de femme : Connaissez-vous Agnès Godey ? , j’esquissais son portrait plutôt énamouré ; dans Dommage qu’elle soit une putain , je changeais de sexe, je deve

Haunt : House

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La peur de Harper, son bazar, son histoire, sa souffrance et sa renaissance… Sur l’enseigne lumineuse malicieuse, surgie au milieu de la nuit, plusieurs lettres HS : on passe par conséquent de HAUNTED HOUSE à HAUNT, c’est-à-dire d’une habitation « habitée », forme de passivité, à un élément obsédant, (ré)action à répétition. Propice à ravir les psys, ce glissement lexical définit le film, visualise un vide, intronise une hantise. Haunt (Scott Beck & Bryan Woods, 2019) n’inspecte nul spectre, n’affiche aucun fantôme, ne comporte point de poltergeist. Les types puis les filles de Ghostbusters (Ivan Reitman, 1984 + Paul Feig, 2016) peuvent aller se faire voir ailleurs, puisque nous voici au royaume de l’immanence, de la maltraitance, pas de la transcendance, de la survivance ( post - mortem ). Survival en huis clos, aux couleurs fluos, Haunt se déroule pendant la période de Halloween, mais la citrouille balancée contre la porte jaune donne le ton dès l’introduction, cong

Nightmare Cinema : Midnight Movie

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Ticket truqué, séance sans prestance, diagnostic cinéphilique rachitique… Cette anthologie, pas si jolie, dommage, débute bien, par un vrai-faux slasher avec soudeur, segment énergique et drolatique, s’autorisant, à bon escient, à renverser la perspective du spectateur, assorti, en sus, d’un essaim d’araignées de SF, très colonisatrices, sinon dissimulatrices. Hélas, ensuite, ça se gâte, vite. Le récit de chirurgie esthétique, évidemment horrifique, presque satirique, apparaît, en effet, réchauffé, sa coda déjà devinée, avant même le commencement. Puis un épisode sarcastique, à base de possession adolescente, de luxure ecclésiastique, fait sourire autant qu’il lasse, prévisible impasse, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font, pauvres adeptes de la levrette suspecte. Quant à la folie féminine, en noir et blanc very arty , elle reprend le suicide du précédent, mais s’étire et se noie et ennuie. Enfin, le petit virtuose, au bord de la métempsycose, indiffère fiss

Les Rescapés : Dog Soldiers

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Enfants privés de parents, bergers forcément allemands, opus assez plaisant… Les cinéphiles savent depuis Europa (Lars von Trier, 1991) que le terme « loup-garou » désigne, aussi, certains nazis. Dans Les Rescapés (Adrian Panek, 2018), baptisé Werewolf à l’international et Wilkołak à domicile, on n’aperçoit pourtant aucune créature lycanthrope, on se contente d’accompagner un groupe de gamins, survivants résilients du récent démantèlement des camps. Abritée au fond d’une forêt, désormais occupants désarmants, désarmés, d’un manoir sans eau ni électricité, la meute de marmots va devoir affronter l’assaut d’une seconde, tout autant affamée, assoiffée, en sus « dressée pour tuer », salut à Sam (Fuller), de préférence les porteurs d’uniformes rayés, tandis qu’à proximité se terre, au sein d’un bunker à la Hitler, un sinistre déserteur, à son tour prisonnier de la peur, tandis qu’un soldat de Staline, of course alcoolisé, succombe à son instinct sexuel malsain, avant de rece

La Vallée de la peur : Camera Obscura

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  « Les hommes doivent trouver en eux leurs réponses » ou périr au piège du pedigree . D’un Détour (Edgar G. Ulmer, 1945) à l’autre : on retrouve dans La Vallée de la peur (Raoul Walsh, 1947) un récit ressassé, une histoire intériorisée, une masculinité passive, une féminité active, des Euménides plus ou moins magnanimes et un Œdipe idem adopté, cette fois-ci délocalisé du côté de Santa Fe, ouf, olé. Niven Busch scénarisa Le facteur sonne toujours deux fois (Tay Garnett, 1946), écrivit aussi Duel au soleil (King Vidor, 1946), alors (re)voici du destin et du SM, en sus de Teresa, son épouse de l’époque, placée au générique et sur les affiches avant Mister Mitchum, fichtre. Les correspondances se télescopent, puisque Judith Anderson joua dans Rebecca (Alfred Hitchcock, 1940) et Teresa Wright dans L’Ombre d’un doute (Alfred Hitchcock, 1943), puisque une lampe nocturne portée rappelle le célèbre verre de lait de Soupçons (Alfred Hitchcock, 1941), puisque Pursued , titre d’

Détour : Doom

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Indy et son Temple of Doom  ; Al et son Euménide guère magnanime… À côté de Détour (Edgar G. Ulmer, 1945), Le facteur sonne toujours deux fois (Tay Garnett, 1946) confine à la comédie ; face au damné Tom Neal, John Garfield se déguise en gagnant et comparée à la bien nommée Ann Savage, Lana Turner se métamorphose en bonne sœur. Un « film noir » ? Une « femme fatale » ? Je me gausse des genres, je me fous des figures : Détour décrit un enfer miniature, dont la radicalité ne laisse pas de séduire ni de sidérer. Au sortir de la guerre, on devrait, victorieux, s’égayer, se divertir, « boire un verre », « manger un morceau », écouter une chanteuse heureuse au cabaret du coin, hein, de surcroît papoter avec le premier venu, supporter qu’il choisisse sur la machine du resto ce morceau, aussi maudit que la rengaine autant mémorielle de Casablanca (Michael Curtiz, 1942). Pour vous dévoyer du chemin de votre choix, vous faire suivre la pire des voies, détour évidemment sans retour,