Articles

Affichage des articles du mars, 2017

La Mécanique des corps : Réparer les vivants

Image
Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre de Matthieu Chatellier. Je dis, pour lui refaire son anatomie. L’homme est malade parce qu’il est mal construit. Artaud, Pour en finir avec le jugement de dieu   Put on your red shoes and dance the blues Bowie, Let’s Dance Croyez-le ou non, l’amputation constitue l’une des niches du X en ligne. Rien de neuf, finalement, et sans l’élégance, hélas, du Tristana de Buñuel, mémorable exercice de fétichisme prothésiste remarquablement porté par une Catherine Deneuve décolorée. Point d’érotisation (à la Crash de Cronenberg , par exemple) ni d’héroïsation (malgré une brève volonté de renouer  avec la SF d’adolescence) ici, pas de noms (ils figurent au générique de fin), de relation (au sens de récit) ou de narration (optique de la chronique). Du côté de la côte normande (à défaut de celui de Guermantes), il convient non plus de rechercher puis de retrouver le temps perdu, la sensualit

Le Brasier : Démineurs

Image
Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le titre d’Éric Barbier. Le Brasier ne s’embrase jamais, Le Brasier embarrasse souvent. Cela sent mauvais, cela sent le coup de grisou (ou de Trafalgar) dès le générique de début, salmigondis supposé sensoriel de surimpressions où les gueules noires grimaçantes alternent avec les lettres blanches. Cela se poursuit avec un scénario schizo, qui essaie de jouer sur deux tableaux, l’individuel et le collectif, qui mêle maladroitement amourette, galipettes, contexte et grève. Avec un art de la nuance, de la subtilité, propre à un Yves Boisset, le Barbier (pas de Séville, de Sibérie ni de la Fleet Street de Sondheim et Burton) entend édifier son spectateur à propos du rude labeur des mineurs, de la montée du racisme et de l’anticommunisme bruns dans la France rance (dirait un Philippe Sollers) des années 30. Du côté de Trieux, personne de joyeux ; dans ce Nord reconstitué en Pologne et en Belgique (nonobstant

Et tu vivras dans la terreur

Image
Topographie de l’euphorie par un cartographe du désastre. Qui pourrait m’empêcher De tout entendre Quand la raison s’effondre À quel saint se vouer Qui peut prétendre Nous bercer dans son ventre Si la mort est un mystère La vie n’a rien de tendre Si le Ciel a un enfer Le Ciel peut bien m’attendre Dis-moi Dans ces vents contraires comment s’y prendre Plus rien n’a de sens plus rien ne va Mylène Farmer, Désenchantée Trois lieux caractérisent le vingtième siècle : la salle de cinéma, le parc d’attractions, le supermarché. Chacun représente et concrétise trois moments-avènements : la « société du spectacle », la « société des loisirs », la « société de consommation ». Avec des accommodements locaux, culturels, ce paradigme architectural déborde du cadre occidental pour s’étendre à l’ensemble de la planète. Une fois encore, l’esthétique rejoint le politique, l’économique le ludique, l’abondance la désespérance. Comme nul ne l’ignore désormais, le

Absolute Beginners : Notes sur le jeune cinéma français

Image
Une affaire de perception et de point de vue, always et pour l’éternité. 1 La Fémis, une école de (re)production (sociale) peuplée « d’héritiers » à la Bourdieu ? Avec Le Concours , Claire Simon, une ancienne de la maison, semble découvrir l’Amérique. Dans un registre similaire, la pluie, ça mouille et la guerre, ça tue des gens. « Étonnant, non ? » comme ironisait Pierre Desproges. Allez, on évite d’en rire, please . 2 L’article « polémique » de Richard Brody récemment paru dans le New Yorker (une dizaine de paragraphes sans difficulté lexicale particulière, les anglophones s’en apercevront vite ici ) ne brille certes pas ni par son originalité, ni par sa profondeur, moins encore par la qualité de son style. On ne s’appesantira pas non plus sur la réponse -riposte anodine et chauvine d’un Jean-Marc Lalanne dans les colonnes des «  Inrocks  », hebdomadaire pour bobos aux goûts musicaux assez horribles, à la prose ad hoc , qui osait mettre en une (numéro 1103, du

De Palma : À bout de souffle

Image
Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Noah Baumbach & Jake Paltrow. Cela commence mal, par le début de Sueurs froides (poursuite sur les toits, glissade, gouttière et patatras, voilà, voilà), film « brechtien » remémoré avec révérence par l’intéressé ; cela ne se termine guère mieux, par une photographie de plateau de Redacted (réalisateur debout, la victime musulmane, martyrisée par les petits gars du sale Oncle Sam en Irak, à ses pieds), propre à ravir les féministes rancunières « outragées » par Pulsions . Entre les deux, Brian De Palma, en bleu marine (pas celui de notre walkyrie nationale très bas du front), bras croisés, mains frottées (pour le Rapido d’Antoine de Caunes, à l’époque des Incorruptibles , Christophe Gans le filmait en contre-plongée, sa main en amorce à la Mr. Arkadin ), le regard au plafond ou pointé vers sa gauche, souvent jovial (pour information, ce sacripant impénitent de Sean Penn susurre à l’oreille du pauvre Mich