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Affichage des articles du octobre, 2021

La Route des Indes

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  Un métrage, une image : Vingt mille lieues sous les mers (1916) Douglas, Lorre, Mason indeed dorment tranquilles, du grand sommeil éternel de leur classique instantané, insubmersible ( Vingt mille lieues sous les mers , Fleischer, 1954), la curiosité, coachée par l’incontournable Carl Laemmle, signée d’un scénariste/réalisateur démuni de renommée, dépourvu de peur, ensuite restaurée par UCLA, s’apprécie cependant en opus pionnier, plaisant, toujours généreux, jamais vieux jeu. Flanqué des frérots Williamson, manieur d’images sous-marines, concepteurs de pieuvre en plastique, chic, escorté du directeur photo Gaudio, du maestro Orlando Perez Rosso, Paton fusionne le roman homonyme et celui de la mystérieuse île, bien après adapté selon l’ item anecdotique mais sympathique d’Enfield (1961), merci aux monstres-merveilles de Harryhausen, à la musique magistrale de Herrmann. Commencé sur un miroir, terminé en humide mouroir, ce Vingt mille lieues sous les mers , surcentenaire, revisi

Man on Fire

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  Un métrage, une image : Les Contes d’Hoffmann (1923) « Rends-moi mon image ou je t’étrangle ! » : la résurrection d’occasion, à frisson de saison, pourvue d’une presque expérimentale et plutôt dispensable partition, fera frémir les féministes, passionnera les psys, ne saurait certes, une seule seconde, rivaliser avec la version des chers Archers ( Les Contes d’Hoffmann , 1951), Moira Shearer for ever , revoilà Ludmila Tcherina, doubler La Poupée (Ernst Lubitsch, 1919), (re)lisez-moi ou pas. Sa découverte cependant n’équivaut à une perte de temps, puisque le film de Max Neufeld, lui-même mis en abyme, au bord de l’abîme, vide de Venise, carnaval macabre, « maison d’ignominie » de bordel à colère plébéienne, duo de frérots, cf. Eugen, Diable doté d’ubiquité, au patronyme explicite, dispose d’une dimension méta de bon aloi, possède un rythme dynamique, se soucie du son à bon escient, démontrant, si besoin, que le ciné muet s’avère souvent parlant, éloquent, acoustique, peu silencie

Vertigo Days : Strange Days

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  Adoucir les mœurs ? Créer du bonheur… Pour Patrick Strange days have found us Strange days have tracked us down They’re going to destroy Our casual joys We shall go on playing or find a new town […] Strange days have found us And through their strange hours We linger alone Bodies confused Memories misused As we run from the day To a strange night of stone Jim Morrison, Strange Days Une amie mélancolie, grande et allemande, traverse en vérité la   valeureuse traversée de ces vertigineuses journées : dès 1967, les Doors annonçaient le décès de l’époque utopique par un titre distordu et fatidique ; en 2021, les frères Acher des Notwist diagnostiquent une glaciation intérieure, quel malheur, cherchent à (s’)échapper à eux-mêmes, sinon à ce qui les suit, une pensée pour It Follows (David Robert Mitchell, 2014), préoccupés d’un spectre, sans doute celui, enfui, de notre autonomie, physique et psychique, une pensée pour Le Fantôme de la liberté (Luis Buñuel,

Blue Banisters : L.A. Woman

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  Lizzy & Stefani ? Femmes fréquentables, amicales et admirables… L’automne vous assomme ? Le monde vous incommode ? La vie vous ennuie ? Revoilà Lana, artiste stakhanoviste, à disque délice, a fortiori autobiographique. J’annote, ad hoc , de Lady Gaga la dernière galette, encore en tandem avec Tony Bennett , autre chanteuse valeureuse, New-Yorkaise à l’aise, passée à l’Ouest ; je désire écrire quelques lignes, à peine dissipée la chimique, alchimique, fumée de Chemtrails over the Country Club , édité au mois de mai. Infidèle à Antonoff, Mademoiselle Del Rey se remémore Ennio Morricone, pas conne, plutôt en mode Leone ( Le Bon, La Brute et le Truand , 1966). De face sur CD, flanquée de ses clebs Tex & Mex, merde au politiquement correct de communauté, à ses représentants autoproclamés, dégoûtés par la pochette suspecte, pas assez dotée de diversité, de l’ opus précédent, tu m’en diras tant, adossée à sa balustrade en bois bientôt bleue, green and grey , allez, tant pis

Milan calibre 9 : Pour une poignée de dollars

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  Des magots, des salauds, la déroute à défaut de Beyrouth… Prologue over the top , durant lequel Adorf y va fond, dégoûté, doublé, puisque simple papier à la place de précieux billets, fait fissa sauter à l’explosif trois complices, auparavant les tabasse, les balafre, leur fracasse la face sur un vase, les féministes, surtout seventies , s’en horrifient. Pourtant, passées disons ces dix premières minutes de cumulatif tumulte, manifeste sans conteste de vivace violence et néanmoins, ou en conséquence, d’anti-réalisme assumé,  Milan  calibre 9 (Di Leo, 1972) pose un regard neuf sur une imagerie sous peu rassie, très liée au ciné, à l’Italie, de la décennie. On se voit surpris, sinon ravi, par la justesse des situations, des émotions, le souci de la psychologie, de la sociologie, certes pas celles de la poussière littéraire et universitaire. Réalisé par un vrai réalisateur, dépourvu de peur, en sus scénariste et dialoguiste, d’ailleurs collaborateur de Leone, Tessari, Fulci, Corbucci

Child’s Play : Boys Don’t Cry

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  Des notes qui dénotent ? Une parabole qui affole… Économique et critique insuccès, adapté d’une pièce acclamée de Broadway, affublé d’un intitulé français racoleur, ridicule, éloquent, Les Yeux de Satan , en partie déprécié par le principal intéressé, Child’s Play (Lumet, 1972) s’apprécie en récit d’éducation à la con, de masculinité très tourmentée, aussi et surtout en leçon de réalisation, davantage que de morale. Il s’agit ainsi d’un jeu (d’enfant-s) dangereux (« You only lose once » affirme l’affiche), facile et funeste, avec le feu, plus celui, refroidi, de l’Enfer de naguère, a fortiori de la confiance, maxime latine explicite, réversible, dorénavant substituée à la foi, cinéphile croyant, tu peux filer fissa. Le métrage méconnu, tendu, d’antan, de son temps, partage, pardi, le paranoïaque, ou pas tant, complotisme sectaire, encore en huis clos mortifère, de Rosemary’s Baby (Polanski, 1968), présage la possession, par procuration, des esprits pervertis, le trépas maternel

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise : Honorer Honoré

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               « Qualité française », à l’aise ou malaise… Eugénie Grandet (Xavier Giannoli, 2021) puis Illusions perdues (Marc Dugain, 2021) ne devraient guère déplaire à Jacqueline Waechter, cependant, de Balzac à nouveau adoubé, adapté, cette double dose interroge. Tandis que Mon petit doigt m’a dit… (2005), début de sa trilogie jolie, suivi du Crime est notre affaire (2008), Associés contre le crime… (2012), d’après l’increvable et vénérable Agatha Christie, connaissait un certain succès, Bertrand Blier, de Canal+ invité, taclait Pascal Thomas, « on en est là », oui-da. Dans le cas qui nous occupe, un peu nous préoccupe, le passé paraît sans cesse (re)présenté, puisque Balzac au cinéma ne date pas d’hier, plutôt du temps des Lumière, de celui d’Alice Guy la pionnière, donc, par corrélation, de Léon Gaumont ( La Marâtre , 1906). Lestée d’une bonne centaine de transpositions plus ou moins à la con, dont quelques curiosités situées du côté de la TV, Le Curé de village (1970)

Furie + Scanners : Brainstorm

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  Filmer signifie s’identifier ; démonstration-détonation… À base de destin un brin œdipien, au cœur du complotisme martial ou médical, Furie (1978) et Scanners (1981) affichent un motif similaire – la puissance de la pensée – mais le (mal)traitent de façon différente : Brian De Palma opte pour l’opéra, David Cronenberg reste sur sa réserve. On assiste ainsi à deux duos de crescendo en stéréo, qui doivent une part de leur saveur, de leur valeur, aux paires Amy Irving & John Cassavetes, Michael Ironside & Louis Del Grande. Chambre à coucher, à contre-jour éclairée, de « père truqué », à la Philip K. Dick, d’Électre relookée, en effet furieuse, « furie », reflet d’Érinye, amphithéâtre de patraque spectacle, au public mis en abyme, assemblage de spectateurs spécialisés aussi sidérés que ceux du ciné, mensonges aux mouchoirs, d’épaule où pleurer, monologue ironique, cela risque de faire mal, attendez la suite, il s’agit d’un jeu dangereux, d’une tension à l’unisson, d’une expér

Mais où est donc passée la septième compagnie ?

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  Un métrage, une image : La Grande Pagaille (1960) Ce récit d’Italie, de route et de déroute, accompagne le périlleux périple de quatre (pauvres) types, dépassés, trépassés, par des événements de revirement. N’en déplaise aux exégètes, aux amants du classement, il ne s’agit, jamais, d’une dite comédie à l’italienne, catégorie discutable, Chaplin opine, enchante et chagrine, certes moins stupide et raciste que celle, à la truelle, de « spaghetti western », Sergio Leone s’en désole, mais, bel et bien, d’un mélodrame martial et masculin, grevé de la gravité au carré du score d’escorte d’Angelo Francesco Lavagnino ( Les Sorcières du bord du lac , Tonino Cervi, 1970). Produit par Dino de Laurentiis, dont le nom fait au moins trois apparitions, durant le générique en images fixes, déjà figées, de bande-annonce immobilisée, l’ opus applaudi accompagne en plus, à sa manière douce-amère, le « miracle économique » capitaliste et consumériste, portraituré pied au plancher par Dino Risi ( Le

The Social Network

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  Du CinemaScope au Trombinoscope : florilège FB… Films Après le risible remake arty par Van Sant commis, un documentariste suisse, qui travailla sur Lucas et les zombies , bigre, délivre une interminable démonstration (bien évidemment dédiée à sa maman) d’histoire orale et d’exégèse collective (en noir et blanc, prologue + épilogue de reconstitution à la con) ; ceci vire très vite à l’effet Rashōmon , voire Koulechov : chacun, plus ou moins savant/intéressant, s’exprime puis au final il n’en reste rien, sinon une sociologie scolaire, une psychologie paresseuse ; pire, cela se voudrait exhaustif mais ignore l’apport du DP Joseph L. Russell (non cité !), néglige De Palma (grand absent, on le comprend), oublie la parodie X du spécialiste Gary Orona ; la vérité (subjective, pas définitive) de la scène se trouve en elle-même, dans l’intégrité de sa durée, son articulation avec le reste du film, ici réduit à l’anecdotique, sa contextualisation de disparition ( L’avventura , connais pas