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Affichage des articles du juin, 2021

Le Nain Jaune : Le Bossu

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  Le père, le fils, l’esprit, le pays… Pour mon père Davantage dialoguiste, surtout scénariste, citons ses collaborations, mot très connoté, texte en contexte, avec Sautet, Clément, Bernard-Aubert, Borderie, Lautner,   Granier-Deferre, Deray, Enrico (Borsalino) and Co. ou Zidi et compagnie, Jardin signa aussi plusieurs autobiographies, dont celle-ci, primée par la française Académie, fichtre, éditée deux ans seulement avant son subit décès. L’auteur des scripts de Classe tous risques (Sautet, 1960) depuis José Giovanni, du Train (Granier-Deferre, 1973) et du Vieux Fusil (Enrico, 1975), se préoccupe ici de son papounet particulier, occulte conseiller, au service de Laval et de ses amis en détresse, peste, complexité d’époque, revient en arrière, à nouveau convie (à) la guerre, survenue cinq ans après sa naissance, pas de chance. L’ami de Morand, Gabin, Delon, dont il parle rempli de tact, d’émotion, en autodidacte, en compagnon, délivre en définitive un ouvrage autant sympathi

Le Schpountz : Paradox

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    « C’est pas gai, mais ça peut le devenir » et à se souvenir, on respire…    Victime d’un mythe critique inique, dû en partie à des écrits de dramaturge pragmatique, en dépit de l’appréciation/réhabilitation du lucide André Bazin, parce qu’il le valait bien, Pagnol accomplit ici plusieurs réussites, en tant que dialoguiste, scénariste et, j’insiste, surtout cinéaste. Ce faux monologue mais vrai moment de « cinéma méta » magnifie Fernandel, homme apparemment peu estimable, Bourvil opine, mais acteur incontournable, n’en déplaise au falot Truffaut, qui bouleverse(ra) aussi en bossu, via les origines « angéliques » de Naïs (1945). En plus de déployer un art poétique sudiste, in situ , bienvenu, Le Schpountz (1938) redécouvre le Paradoxe sur le comédien de Diderot, voire de Rostand la tirade nasale de Cyrano , à l’occasion d’une décollation prétexte à l’exposition de multiples « expressions ». S’il sait se moquer du cynisme des (parisiens) « professionnels de la profession », « 

Le Troisième Homme : Deconstructing Harry

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  Égout itou, plus propre mais autant létal que celui de Kanał … Comment mourir le mieux, sinon de la main d’un ami, même malheureux ? Au son d’une célèbre cithare de trop tard, on passe ainsi de Wajda à Welles, on explore un autre décor, on ranime une autre mort. Modèle de rythme aux cadres obliques, le requiem cette fois manifeste du mensonger macchabée utilise le son à l’unisson, affirmons à nouveau, que vous le vouliez ou non, en chœur avec le spécialiste Michel Chion, le cinéma comme « art sonore », hier et encore. Au creux de tunnels-caveaux, de catacombes européennes remplies d’ombres voire de vauriens, de clairs-obscurs d’impostures, beau boulot du dirlo photo Robert Krasker, pour ceci oscarisé, ensuite au côté de Visconti sur Senso (1954), ah, revoici Alida Valli, à proximité d’une immense roue de la destinée propice à séduire le symboliste Malcolm Lowry (et le John Huston de Au-dessous du volcan , 1984), se trame une traque patraque, en puissante profondeur de champ sur f

Kanał : Underground

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre d’Andrzej Wajda. Il y a dans l’être quelque chose de particulièrement tentant pour l’homme et ce quelque chose est justement LE CACA. Antonin Artaud, Pour en finir avec le jugement de dieu Ah but remember that the city is a funny place Something like a circus or a sewer Lou Reed, Coney Island Baby L’œuvre s’ouvre via un travelling invraisemblable et virtuose, rien du reste ne démentira cette maestria du mouvement et du maniement de la caméra, scène d’introduction et dite d’exposition qui programme et formule en voix off un déterminisme tout sauf magnanime, de « tragédie » indeed nazie. Dans un film « horrifique », surtout tendance slasher , ma sœur, ça succombe en série ; dans un film « pornographique », ça baise en sus aussi ; dans ce « film de guerre » durant la moitié de sa durée déroulé sous terre, ça s’épuise, ça agonise, au creux d’un huis clos de tunnels-tombeaux non dénués d’un sens de l’iro

L’Homme qui rétrécit : Chérie, je me sens rajeunir

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  Tom & Jerry ? Le destin et l’esprit… Au douloureux puis dangereux domicile, voici un survival viril, une véritable Aventure intérieure (Dante, 1987), in extremis ouverte sur l’extérieur. Que l’on considère ou non sa consolation cosmique à la con, The Incredible Shrinking Man (Arnold, 1957) ne manque pas d’âme, masculin mélodrame inversant à chaque instant les valeurs et les échelles jamais à la truelle. En contact en vacances avec une brume maritime façon Fog (Carpenter, 1980) ou Stephen King, de plus perturbé par un pesticide, Scott rapetisse, incarne en effet « à son corps défendant » les retombées radioactives de la menace atomique, sinon le séisme féministe en avance des seventies . Démuni du remède de la médecine, d’une sentimentalité elle-même diminuée, puisque l’amitié d’une « personne de petite taille » défaille, notre ant-héros se transforme fissa en Tom Pouce « tyrannique », malgré sa femme affolée, du commun engagement libérée, car alliance (de souffrance) dé

Michel-Ange : Le Pic de Dante

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  Chapelle à la truelle ? Façade affable…   Décevant et cependant séduisant, Michel-Ange (Kontchalovski, 2019) évacue donc la question de la création, se concentre sur le contexte. « Ça vient tout seul » explique l’artiste laconique, n’en déplaise aux adeptes de la genèse. La statue du pape au genou joli, poli, se voit ainsi expédiée, achevée via une ellipse ensuite reprise durant le déplacement du « monstre » en marbre, un temps retenu, au plan suivant à moitié descendu. Ceci s’assortit de deux ralentis, un sur la paume d’extase et d’agonie d’une femme « foutue », c’est-à-dire baisée à la Baudelaire, sur le visage de diable davantage que d’ange de l’anti-héros à la noce, en train d’assister à des noces. S’il décrit les délices et les douleurs d’un créateur à la Andreï Roublev (Tarkovski, 1969, co-écrit en tandem par le doublé d’Andreï), coda en clin d’œil des œuvres dévoilées, inversées, à la couleur le noir et blanc substitué ; s’il humanise un mythe presque à la Pialat ( Van

New York 1997 : Manhattan

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de John Carpenter. À revoir en VO New York 1997 (1981), on s’aperçoit qu’il prévoit les « migrants » et le « 11-Septembre », qu’il séduit aussitôt grâce à la constance de son élégance, qu’il s’avère un survival cynique. Tout le monde le croit mort, à tort, cependant l’erreur révèle la vérité du soldat salué, du braqueur de banque à collègue et coincé (façon Subway , Besson, 1985), du messie menacé – Snake Plissken respire à peine, il observe davantage qu’il ne s’active, il suit, menotté, contaminé, la « ligne orange » du programme imposé, le compte à rebours sans détour. Dante possédait un guide dénommé Béatrice ; le mercenaire en sursis marche à côté de Maggie. «  A Debra Hill production », Escape from New York limite la bien-aimée Adrienne Barbeau à un rôle mutique, au décolleté certes éloquent, surtout après le valeureux véhicule de Fog (1980). Toutefois l’actrice complice parvient à émouvoir via son au revoir,

Artemisia

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  Un métrage, une image : Frida Kahlo (2020) Après le destin sympathique ( Frida , Taymor, 2002), le dessin historique ( Josep , Aurel, 2020), voici donc les dernières révélations à propos du peintre, puisque l’on promettait de portraiturer une personnalité, en sus de retracer une artiste. Hélas, le vœu pieux boit vite la tasse, surtout de tequila, oui-da, car ces quatre-vingt-dix minutes de ripoliné tumulte se cantonnent à ne jamais dépasser de la doxa les bornes. Documentaire linéaire et scolaire peuplé de transparents experts, Frida Kahlo (Ray, 2020) consacre par conséquent, à l’avenant du tout-venant, une icône laïque de la modernité tendance doloriste, sinon la figure de proue d’un féminisme mâtiné d’exotisme, à Mexico ou à l’hosto. Les Femmes artistes sont dangereuses affirmait la drolatique Laure Adler, toutefois rien de risqué au sein trop sain de ce travail soigné, aseptisé, de cette évocation britannique, didactique et anecdotique, sise sous le sceau de l’autobio (grap

Une affaire de famille

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  Un métrage, une image : La Fleur du mal (2003) Doté d’un titre à deux balles, aussi pourri que celui de l’insipide aussi Bellamy (2009), Baudelaire & Maupassant n’en demandaient pas tant, l’œuvre s’ouvre sur un escalier à la Frenzy (Hitchcock, 1972), pardi. Chabrol s’imagine au milieu des Atrides, il se prend pour Lang, il pense à Kant, en vérité il délivre un livide et médiocre téléfilm, digne de compléter la collection à la con des piètres polars provinciaux diffusés le samedi soir sur France 3, chaîne ici co-productrice. Co-écrit par Caroline Eliacheff & Louise L. Lambrichs, La Fleur du mal carbure donc à la culpabilité décuplée, au passé ressassé, au parricide en replay . En mode pilote automatique, sinon gastronomique, vive les huîtres et les truites, même si la cuisine US ne mérite le mépris, le réalisateur agrémente ses lamproies à la noix d’un zeste d’inceste, de deux cinq à sept au labo illico , le second muni d’une dimension méta, puisque actrice propice à soi

Pink Cadillac

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  Un métrage, une image : Hot Spot (1990) Ce titre ironique et non érotique, à l’intitulé au sens dédoublé, puisque spatial et sexuel, ressemble à un « film de commande », comme si l’acteur-réalisateur, désormais désintoxiqué, pas encore cancérisé, entendait démontrer sa capacité à s’écarter des apartés disons plus personnalisés de Easy Rider (1969) et The Last Movie (1971), diptyque very seventies . Une vingtaine d’années après, deux ans à la suite du succès critique et public des flics de Colors (1988), le voici à délivrer un petit polar à base de vaudeville machiavélique, comme si le fameux Facteur sonne toujours deux fois (Garnett, 1946) en définitive n’existait pas. Hopper remplace fissa Figgis et retravaille un vieux script du spécialiste Charles Williams, dont viennent d’ailleurs de sortir en salles deux adaptations plutôt mineures que majeures, à savoir Vivement dimanche ! (Truffaut, 1983) et Calme blanc (Noyce, 1989). Le matériau d’origine déjà dispose quelque ch

Les Enfants du marais

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  Un métrage, une image : Le Guérisseur (1953) Pour la ronetesque Jacqueline Dans Le Cas du docteur Laurent (Le Chanois, 1957), Gabin se déguise idem en sudiste médecin, confronté à la colère de ses collègues ; dans Le Guérisseur (Ciampi, 1953), pourvu du patronyme-pseudonyme homonyme, Marais à Dinan domicilié traversa déjà tout ça, en sus s’amourache d’une chère malade à tumeur cérébrale. Le mélodrame médical revisite ainsi, in extremis , ici à peine retardée, la fameuse mort d’Eurydice et donc Orphée (Cocteau, 1950). Lachaux/Laurent s’impose en personnage plutôt intéressant, à la fois altruiste et cynique, qui traite ceux nombreux venant le trouver de « névrosés », qui voudrait bien enfin croire à son improbable super-pouvoir. Hélas, l’imposition des mains ne sert en définitive à rien, sinon certes à rendre jolie l’agonie, apaiser la patiente, farouche et frêle Isabelle, munie du charmant strabisme de Mademoiselle Delorme. Le couple en proie au doute, vite en déroute, se v

Les Enfants du désordre

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  Un métrage, une image : Rue des prairies (1959) Denys de La Patellière ne possède le moindre soupçon de personnalité, il se repose sur les personnages, leurs paroles, leurs interprètes, à savoir sur le travail valeureux et savoureux du tout sauf tocard Audiard. Mélodrame familial divisé en deux temps, le passé, le présent, Rue des prairies dispose d’une scène dite d’exposition assez excellente, modèle de litote dépouillé de parlote, où explose en silence l’éloquence de la présence de Gabin déguisé en prisonnier guerrier émancipé, endeuillé, cocufié, donc doté d’un « fils préféré », émouvant « délinquant » de Dumas à défaut de celui de Nicole Garcia. Ensuite, ça se complique, le bâtard se bagarre, sa sœur et son frère font la paire, tandem pragmatique de réussite cynique. Tout se termine au tribunal, père accablé, « mineur » libéré, amour masculin jamais mesquin formulé enfin. L’adaptateur/dialoguiste s’y connaissait en cyclisme, il esquive la pénible sociologie, il esquisse l’

Prince des ténèbres : Antichrist

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de John Carpenter. A priori inspiré par un mauvais rêve de la regrettée Debra Hill, naguère partenaire personnelle et professionnelle du réalisateur, ici aussi portraiturée suivant votre serviteur ; en partie porté par Lisa Blount, actrice douée, productrice de court oscarisé, décédée à la cinquantaine dans des circonstances indéterminées, Prince des ténèbres (1987) se situe ainsi sous le signe d’une Eurydice disons dédoublée, elle-même au récit a fortiori reflétée, puisque deux femmes franchissent en sacrifice la surface de la glace, plongent en paire parmi l’antimatière. Le huis clos eschatologique carbure à la physique quantique et manie le mythe, antique ou christique. Carpenter installe une stase, conduit au climax , achève via une ouverture. Prince des ténèbres se préoccupe donc de communication, de contamination, d’incarnation, de « substance » et de « malveolence », dixit le curé culpabilisé à occulte cl