Pink Cadillac

 

Un métrage, une image : Hot Spot (1990)

Ce titre ironique et non érotique, à l’intitulé au sens dédoublé, puisque spatial et sexuel, ressemble à un « film de commande », comme si l’acteur-réalisateur, désormais désintoxiqué, pas encore cancérisé, entendait démontrer sa capacité à s’écarter des apartés disons plus personnalisés de Easy Rider (1969) et The Last Movie (1971), diptyque very seventies. Une vingtaine d’années après, deux ans à la suite du succès critique et public des flics de Colors (1988), le voici à délivrer un petit polar à base de vaudeville machiavélique, comme si le fameux Facteur sonne toujours deux fois (Garnett, 1946) en définitive n’existait pas. Hopper remplace fissa Figgis et retravaille un vieux script du spécialiste Charles Williams, dont viennent d’ailleurs de sortir en salles deux adaptations plutôt mineures que majeures, à savoir Vivement dimanche ! (Truffaut, 1983) et Calme blanc (Noyce, 1989). Le matériau d’origine déjà dispose quelque chose d’une thématique programmatique, car le roman se dénomme Hell Hath No Fury et tronque donc le dicton poursuivi via « like a woman scorned ». La femme « méprisée », « furieuse » en effet, mythologie antique ou d’Amérique nordiste comprise, se prénomme ici Dolly, « poupée » pas conne qui n’abandonne, s’envole en bagnole avec le vendeur/voleur pas si mesquin et point assassin. « Je vais te baiser à mort » promet-elle à son mari cardiaque, ligoté, chevauché, entre ses cuisses lisses, aux mollets rasés, indeed et illico succombé. Harry rêve d’à nouveau s’évader, d’adouber les Bahamas au bras de la glorieuse Gloria, elle-même victime édénique d’un chantage photographique et saphique. Au sein jamais vraiment malsain, à fond inoffensif, de Hot Spot, il s’agit de dépasser les apparences, de témoigner aveuglé, d’oser le dessillement des assortis et maudits amants. Impuissant à repousser l’épouse fellatrice et manipulatrice, vipère sincère, à se passer de sa peau toujours dispo, à l’étrangler subito presto, le beau gosse subit une justice à sa mesure, se retrouve piégé à l’insu de son plein gré par l’impure. Il lui reste à le reconnaître, en elle-même, maintenant sa moitié, à demi se miroiter, à en rire, à partir. À lui le fric stratégique, à défaut de la pureté rencontrée, espérée. Éclairé de manière soignée par le Suisse Steiger, souvent du sieur Emmerich le partenaire, bien servi par ses actrices callipyges, au talent topless, irrésistibles et sereines Jennifer Connelly & Virginia Madsen, par un Don Johnson en forme, bonne baston à l’unisson, Hot Spot séduit modestement, languissant divertissement, en partie musiqué par un John Lee Hooker lancinant. Ni De Palma, en dépit de « l’incorruptible » Charles Martin Smith, ni Lynch, malgré la présence de Jack Nance, l’estimable Dennis propose une parabole fiévreuse et frivole, un conte de masculinité démoralisée, où les femmes, en reflet, rédiment et dominent, en rime…          

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