Vices et Caprices

 

Un métrage, une image : Villa Caprice (2020)

Stora assista Melville, mais jamais il ne lui « arrivera à la cheville », surtout pas via ce téléfilm anémique, aux production values estivales, les « déconfinés » en raffolent. Vrai-faux remake du duel idem venimeux et à moitié homo de Plein soleil (Clément, 1960), Villa Caprice carbure donc à la malice, aux multiples machinations à la con. Déguisé en thriller judiciaire, il s’agit d’un mélodrame au masculin, parce que le vaut bien l’avocat « diva », amateur de Mozart, avide de voile, aux honoraires « obscènes », au « paternel, dabe, daron » reclus, simple huissier « un vieillard aigri et borné » devenu, qui fait aboyer Fort Boyard, qui ne supporte le cigare, en plus sa « gardeuse » de « négresse » empeste ! Comme il le confie à sa collègue, aristocratique Claude Perron, durant le décès du pénible papounet hors-champ, il vécut « une enfance lugubre, triste et malodorante », il s’en félicite toutefois, à croire que la lourdeur du bonheur provoque la peur. Contacté, covoituré, par le svelte skipper nourri, séduit, l’emmerdeur de serviteur, « faut pas secouer la carafe » écarlate, en effet, ne comprend que le félin « larbin » abhorrant la Callas en Tosca l’instrumentalise puis s’en débarrasse, puisque possible « plan à trois », tu m’attristes, tire-toi, en compagnie d’un nocturne chat. Pourtant l’épouse un peu suicidaire le prévenait, attablée avertissait l’aviné, « vous allez vous tuer ». Une ancre au cou, le défenseur s’enfonce fissa en coda au fond de l’eau infinie, « fiotte » à la flotte. Le lendemain ne demeurent de lui que des affaires à foutre en l’air ou dans une valise, le propriétaire s’en occupe, magnanime, il regarde à la fenêtre sa femme sur le départ, prédateur perdu, route côtière survolée bienvenue. Si le dialoguiste, notamment de Miller, mérite quelque crédit, le scénariste ne se fatigue et le cinéaste n’existe. Cadré en widescreen, à coup de champs-contrechamps incalculables, ponctué des caméos plutôt rigolos de Darlan & Bouquet, meilleurs ennemis aux répliques laides et jolies, Villa Caprice donne à (re)voir un Arestrup âgé, un Bruel bouffi, un Stocker dessaisi. Sa petite morale provinciale, on doit se méfier des friqués, prendre garde à ne pas leur espace pénétrer, dont il sert de démonstration de saison, manie les magouilles municipales, le vaudeville médiatique, le chantage à tous les étages, même estimé « inefficace et dangereux ». Du ratage et du naufrage, au propre, au figuré, surnage le personnage de Nancy, c’est-à-dire la personnalité d’Irène Jacob, avec laquelle je me console. L’égérie de Krzysztof Kieślowski lit désormais en anglais du Stephen King, Under the Dome idoine, miroitement d’autarcie, voire d’asphyxie, ne porte pas de soutien-gorge, je constate, je ne mate. Grâce à sa grâce, à son visage qui les années apprivoise, le film s’illumine, installe une menace de possession jusqu’à l’explicite destruction, cf. le sourire sinistre du mari, sa main de requin posée sur la cheville foulée. Cela, hélas, ne saurait suffire à rassasier la cornée ni le cervelet, moins encore le score à l’unisson du fiston. Allez, on concasse, on en reste à Brass…

Commentaires

  1. De Bernard Stora, j'avais assez apprécié la prestation d'acteur de
    Samy Naceri dans son adaptation de téléfilm en 2001 du roman de Simenon,
    L'Aîné des Ferchaux.
    Du film objet de ce billet acide, je n'ai vu que la bande annonce,
    avec la désagréable impression de redite et d'acteur pantins de leurs rôles
    enfin un truc bancal et tristement reflet de la désincarnation à l'oeuvre,
    des films d'automates qui n'essaient même plus de donner le change...
    des êtres désincarnés vecteurs à la Deleuze comme qui dirait...

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    1. Charlotte chez Marguerite, en toc ou chic :
      https://www.youtube.com/watch?v=vT_Z9aNzQb8

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    2. Bon je préfèrre rester muette plutôt que de commenter ce duo pseudo Durassien et me souvenir de cet extrait de chaleur et de trouble intenses et tout en retenue de la merveilleuse Girardot versus le sublime désespéré noir d'âme Ronet...
      Trois chambres à Manhattan
      https://www.youtube.com/watch?v=oxmjlIgIZPQ

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    3. https://www.youtube.com/watch?v=rUUo7RTnaBk
      https://www.youtube.com/watch?v=-QId94EhggI

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    4. Merci pour ces émouvants partages, et comme un écho plus réel que...
      A perfect day with Annie Girardot
      https://www.youtube.com/watch?v=ebixIDjb5Yk

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    5. Delon - L'Amour a la mer (participation amicale) fragment
      https://www.youtube.com/watch?v=ERNGtMeGr3w

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    6. https://www.youtube.com/watch?v=1SHCsgqZvQM
      https://www.youtube.com/watch?v=c_Uu7Vel6KE

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    7. Dans la série des "mème(s)" en plus jeune ?
      https://www.vogue.fr/culture/article/suzanne-lindon-seize-printemps

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    8. https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2021/04/naissance-des-pieuvres.html

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    9. Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde - Comédie - Film complet en français - HD
      https://www.youtube.com/watch?v=RSa59zCbS90

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