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Affichage des articles du juillet, 2017

Allemagne année zéro : Allemagne, mère blafarde

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Roberto Rossellini. À la mémoire de Jeanne Moreau Une ville en ruines ( exit le carton d’introduction), le thème musical kolossal du frérot Renzo, la dédicace au fils disparu (d’une appendicite), l’ouverture dans un cimetière, une pensée pour Romero, merci, puis un cheval éventré en pleine rue, convoité par la foule affamée, dont se souviendra le Bergman de L’Œuf du serpent  : la nuance, la subtilité, Rossellini laisse ça à d’autres, plus policés, moins documentés, davantage respectueux des bienséance de l’image. Edmund, gamin aryen, gamin de rien, de mère orphelin, marche dans une cité de fin du monde où l’on continue pourtant à vivre, à voler du charbon, à rouler en camion. Il vit avec son père malade, son frère ancien militaire suicidaire, sa sœur sur le point de se prostituer, parmi une dizaine de personnes entassées dans un appartement délabré à l’électricité rationnée. La guerre finie, elle se poursu

Que le spectacle commence : Dirty Dancing

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Un article syncopé, comme de la tachycardie lexicale… All that jazz  : tout ce tralala, voilà. Le spectacle. La vie. Les femmes. Les films. Le Roman d’un tricheur sans la voix off . Le Septième Sceau sans la métaphysique. Une question de vie ou de mort sans la guerre. Les Chaussons rouges sans Andersen. Tous en scène sans la renaissance de Fred Astaire. Phantom of the Paradise sans Faust. L’Impasse sans les gangsters . Le Fellini de Huit et demi  ? Fosse s’en fout. Contrairement à Rob Marshall, auteur du raté Nine . Une comédie musicale ? Un mélodrame. Au sens courant, étymologique du terme. Une autobiographie ? Seuls les lecteurs trop sages prennent Les Confessions pour un témoignage. Loin du loupé-oscarisé Cabaret , Fosse nous interroge, récolte une Palme à Cannes et quatre statuettes techniques. Exit le matériau littéraire d’Isherwood Christopher, adieu à la reconstitution de nazification. On peut apprécier Liza Minnelli, Michael York et Joel Grey, on préférera

Le Dernier Gonzo

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En hommage au journaliste récemment disparu dans un accident de la route, nous reproduisons in extenso son ultime publication, parue dans la revue virtuelle Fever , numéro 69, juillet 2017. Le Dernier Gonzo Même si j'en ai vu des culs C'est son Q.I. qui m’a plu Je vis le choc de cul...ture La belle aventure Mylène Farmer Californication Il fait toujours autant chaud à Los Angeles et je ne m’attarde pas trop à l’aéroport, malgré les mesures renforcées de sécurité. Un débutant impressionné se laisserait sans doute guider par GPS mais je me glisse avec adresse dans la juste sortie et file avec facilité le long du lacis autoroutier : je viens là depuis une vingtaine d’années, je commence à connaître la Vallée. Les missionnaires – une pensée pour la position du même nom, bien sûr – qui la baptisèrent naguère en hommage à un Fernand castillan rougiraient probablement s’ils savaient qu’elle abrite désormais le QG de l’industrie pornographique américa

Mary : Trapèze

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Le monde de la scène ? La scène du monde, sur laquelle ne pas traîner, mais (ré)agir… Hitch, suite et pas fin : le revoici en Germanie, au début des années 30, dans le sillage de The Pleasure Garden , à diriger la version allemande de Meurtre . Liquidons la question de la comparaison : au petit jeu assez stérile des différences, à peine une poignée d’éléments font sens – une gamine insupportable au piano (importance du son, on y reviendra), une cellule en plongée (girouette du destin et ombre du gibet du meilleur effet), une coda méta au carré (retrouvailles sur scène et travelling arrière à la Brecht). Si le titre anglais se signalait par sa vivacité, sa bonhomie, sa proximité de types et d’idiomes avec l’auteur, la doublure teutonne possède une réserve et une raideur caractéristiques du pays, de l’image que l’on s’en fait souvent, en tout cas. En bon fan de Lang, cela ne nous dérange pas, car la rigueur s’accompagne d’un lyrisme intérieur littéralement et musicalement i

The Pleasure Garden : Showgirls

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Comment commencer ? Au music-hall , à bonne école… Noter les « thèmes », souligner les « obsessions » – laissons à d’autres, que le ridicule critique ne tue pas (escalier en contre-plongée = Sueurs froides of course , au secours !), hélas, ces conneries auteuristes et psychanalytiques (ah, s’astiquer à l’aise via l’épée phallique à travers la porte ajourée) : il convient de visionner, apprécier puis écrire sur The Pleasure Garden sans penser à ce qui vient après, de se circonscrire au film en soi, à son ontologie jolie. Car il s’agit du tout premier métrage d’Alfred Hitchcock, avant qu’il ne devienne « Alfred Hitchcock » – une signature, une marque, une institution, un Artiste, un totem. Hitch, alors âgé de vingt-six ans, accepte la proposition du producteur Michael Balcon (il estimera le résultat assez américain) ; adieu les cartons, les intertitres, bonjour les péripéties relatives (dont un problème menstruel) du tournage en Allemagne et en Italie, l’apprentissage su