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Affichage des articles du février, 2021

Regain : Le Blé en herbe

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  Les funérailles, les semailles, les retrouvailles… Fini en février 1937, à « Aubignane », ah bon, auto-publié la même année, collection au titre explicite : « Les films qu’on peut lire », escorté d’un générique d’occasion, d’introduction, partagé en quatre parties, presque en autant de saisons, Regain de Pagnol transpose le roman homonyme de Giono, paru sept ans plus tôt, servit sans doute de base au tournage, au film en mars commencé, dans la foulée, d’ailleurs en parallèle à celui du Schpountz (1938), appréciez la décapitation en point commun, dont le début et la fin toutefois diffèrent, gare à la place de la « diligence », annonce d’accouchement substituée au soc labourant. Ce vrai-faux scénario, délesté d’indications techniques, sinon scéniques, séduit par sa maîtrise suggestive, l’économie de ses didascalies. Ici, on « suit » ou « précède » les personnages, on ne « regarde » plus qu’eux, en train de se déplacer « contre le ciel », c’est-à-dire, aussitôt traduit, d’une caméra

Too Naughty to Say No + Trashy Lady : Initiation perverse

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  Pédagogie adulte, témoignage de tumulte… Voici à nouveau du X narratif, selon des contes d’éducation pas si concons. Si Trashy Lady (Scott, 1985) relit/renverse My Fair Lady (Cukor, 1964), donc Pygmalion de Shaw, Too Naughty to Say No (Knipe, 1985) dialogue à distance avec Alice in Wonderland: An X-Rated Musical Fantasy (Townsend, 1976), lui-même inspiré par Les Aventures d’Alice au pays des merveilles de Carroll. Croque-mort nécrophile du second, l’estimable Harry Reems ( Gorge profonde , Damiano, 1972) rempile en gangster esseulé du premier. Épris d’une petite provinciale très jolie, trop polie, pendant la période de la prohibition, il va fissa la transformer, escorté de la coriace souris de son meilleur et emprisonné ennemi, en disons dame infâme, gare à la réputation à l’approche de la libération. Tourné en deux jours et demi, sans permis, Trashy Lady , assez soigné, plutôt impersonnel, manque de rythme, congédie toute misogynie, permet de retrouver Cara Lott ( Bod

Photos interdites

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  Un métrage une image : Silent House (2012) L’épouvante en plan-séquence ? Pourquoi pas, pas comme ça… Au sein malsain d’une maison vide, pas l’homonyme de Michel Polnareff, presque, se déroule en définitive le mélo (anti)pédo d’un item méta, cf. les affreuses photos, censées être destinées à « l’assurance », tu penses + un Polaroïd littéralement éclairant. L’ opus du couple point prolifique Kentis & Lau, par ailleurs auteur du supérieur Open Water (2004), mélange donc deux imageries very États-Unis, celle du hom(m)e invasion , celle du rape and revenge , associe domicile et esprit, piaule à retaper, psyché à réparer. Fi de la précision de Répulsion (Polanski, 1965), vous voici, moins d’une interminable heure et demie, en compagnie chaotique de la sympa Sarah, fifille à son papa, rapido tourmentée, illico cloîtrée, au cœur et au creux d’un passé indépassé, traumatisé, malvenu, à évacuer en écho à la vente prévue. Comment surmonter, d’un shooting obscène, le sombre et

Hérédité

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  Un métrage, une image : Bloodline (2019) Bouse de Blumhouse ? Réponse à distance au Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jeunet, 2001). Filmé par un admirateur du cinéma de Brian De Palma, remarquez les clins d’œil à Carrie au bal du diable (1976) et Pulsions (1980), du split screen , in extremis , l’utilisation, ce conte tendu et sarcastique possède un titre explicite, à la fois de lignage et de sillage. Bloodline (Jacobson, 2019) nous escorte donc à la rencontre de Cole, « assistant social » altruiste, père protecteur, mari amoureux – mais finalement aussi dément que sa rousse maman. Elle-même s’occupe de son côté d’une infirmière guère exemplaire, dont la nudité frontale et dorsale risque d’irriter les cinéphiles féministes. Entre deux égorgements, entre deux enterrements, on ne se détend, on suspecte un inceste, on se souvient du géniteur de malheur, fissa enfoui au sein d’une fosse, à proximité d’anonymes prédécesseurs. De mère en fils s’exerce ainsi une secrète (in)justic

Les Gaspards

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  Un métrage, une image : La Créature du cimetière (1990) Il existe, on le sait, une multiplicité d’atrocités, comme au cœur de l’horreur mille couleurs. La Créature du cimetière (Singleton, 1990) carbure à l’économique, sinon à la sexuelle, because contremaître malhonnête, sinon raciste, de l’exploitation des ouvriers, de la « promotion canapé » adepte. Conte anticapitaliste doté d’un intitulé à double sens, temporel, mortel, Graveyard Shift cartographie ainsi, en douce, avec rudesse, une Amérique nordiste à contresens du reaganien triomphalisme, démontre de manière marxiste que les travailleurs, là ou ailleurs, ne comptent pour rien, pour du beurre, à peine bons pour une impossible dératisation aux allures d’extrême-onction. Comme l’Overlook de Shining , l’usine textile au bord de la ruine repose sur une nécropole, on y sue, on s’y sacrifie, on ne s’y fait des amis, on y esquisse une romance de malchance. À l’instar du solitaire de western , l’ ex -universitaire endeuillé,

Mishima : Soleil rouge

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Paul Schrader. Le biopic problématique des Schrader, Leonard & Paul les frérots, la co-scénariste + l’épouse du premier Chieko, ne devient vraiment intéressant qu’à son mitan, presque une heure après son commencement. Auparavant, il faut se farcir, avec un ennui poli, un assemblage assez stérile de reconstitution, d’évocation, d’illustration. Certes, on patiente, on ne se lamente, séduit aussitôt par le beau boulot du compositeur Philip Glass ( Koyaanisqatsi , Reggio, 1982 ou Candyman , Rose, 1992), de la monteuse Tomoyo Ōshima, a priori fifille parfois flanquée de son célèbre papa ( Furyo , 1983 ou Tabou , 1999), de la production designer Eiko Ishioka ( Dracula , Coppola, 1992 ou The Fall , Singh, 2006), toutefois cela ne fonctionne pas, demeure désincarné, très et trop appliqué, exercice de style scolaire, guère révolutionnaire, en partie aussi desservi par une sentencieuse voix off intrusive, le noir

Citizen Kane + Persona : Nos funérailles

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  Boutons de roses, leçons de choses… Les débuts emblématiques, très énigmatiques, de Citizen Kane (Welles, 1941) et Persona (Bergman, 1966) carburent au clair mystère du cinéma défini en art funéraire. La pancarte patraque, dotée d’une interdiction d’occasion, fissa enfreinte, indique donc de « ne pas pénétrer sans autorisation », pas seulement, puisque le verbe anglais to trespass provient de l’ancien français trespasser , qui possède déjà ce sens précis, au propre et au figuré, de « traverser », « outrepasser », « transgresser », associé à celui de « passer de vie à trépas », de décéder, CQFD. Si le grillage de bouclage, claustrophobique, journalistique, puis le portail à initiale, kafkaïenne ou fraternelle, de Kane à Caïn, parce qu’il le vaut bien, pourtant béant, il ne faut franchir, au sein de sa sinistre autarcie, le citoyen malsain n’aspire pas non plus à périr. Hélas pour le magnat des médias, le double et fier impératif ne tient pas, s’en fiche la caméra prima donna, en

Hair + Pink Floyd The Wall : Expendables

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  L’unique et l’inique, le numéro et le morceau… Sur le fond en reflet de chansons à succès, écrites pour contester, les séquences font s’affronter l’individu et la collectivité, les solitaires et la masse. Dans les deux cas, complémentaires, contradictoires, il convient de donner à voir un double processus d’impuissance et de dépossession, l’affreuse façon dont l’armée américaine puis l’éducation anglaise transforment fissa les soldats et les élèves en « chair à canon », en « chair à pâté », au sens cette fois littéral, le figuré congédié. Si Forman filme une arrivée en retard, un sauvetage survenu trop tard, une coupure temporelle, de croix et de chevelures une ribambelle, Parker plonge parmi l’esprit point serein ni malsain d’un petit poète humilié en public, à proximité de ses condisciples antihéroïques. Chez le premier, l’aboiement des supérieurs prépare le terrain psychotique de Full Metal Jacket (Kubrick, 1987), la soute de déroute d’un avion vert, outre vite mener au cimeti

L’Été où j’ai grandi

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  Un métrage, une image : Summer of 84 Téléfilmé à domicile par trois Québécois, cet item à la Netflix empeste le jeunisme, le manichéisme, (res)sert la soupe de/à la nostalgie rassie d’une imagerie colonisatrice, d’US et cynique   infantilisme. La médiocre mise en images des idem enfantillages d’un script de rien, très étasunien, à base de provincialisme, de puberté, de paranoïa, dispose ainsi de gentils petits, dotés de méchants parents, aux prises avec un flic peu catholique, puisque porté sur la disparition puis la dissolution d’adolescents, vous m’en direz tant. Par mansuétude cinéphile, on se gardera de comparer cela à ses modèles assumés, assommants ; par charité littéraire, on évitera de parler de Jim Thompson, on invite vite à (re)lire Le Démon dans ma peau ou un épisode bien malsain, au doute guère cartésien, de l’autobiographique Vaurien . Il s’agit, en définitive, d’un récit rétrospectif, d’une moralité (con)formée en boucle bouclée, au caméscope de camelote – « une v

L’Affaire Thomas Crown, 9 semaines ½, Une nuit en enfer : Leçons de séduction

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  Une « raison de vivre » ? Des raisons de revivre… Trois actrices, trois esthétiques, trois décennies, trois scènes célèbres, aussi : L’Affaire Thomas Crown (Jewison, 1968), 9 semaines ½ (Lyne, 1986), Une nuit en enfer (Rodriguez, 1996) constituent ainsi une apocryphe trilogie, où il ne s’agit jamais, en réalité, contrairement à l’évidence des apparences, de susciter le désir sexué, masculin, mis en abyme, mais de s’amuser avec, en trio de duos dotés d’un féminisme soft , en instants très divertissants, où les femmes affables, au propre et au figuré « mènent la danse », sinon la partie, bien sûr d’échecs, « contre, tout contre », affirme la fausse misogynie de Guitry, des mecs aussitôt émerveillés, énamourés, rendus muets, spectateurs au carré d’un beau numéro ni maso ni phallo. N’en déplaise aux adeptes déplaisantes du « male gaze », l’infaillible Faye, la callipyge Kim, la souple Selma ne simulent des muses obtuses, des silhouettes suspectes, sexualisées, instrumentalisées

Elena et les Hommes

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  Un métrage, une image : Le Domaine (2019) Ça sent le renfermé, à la Hérédité (Aster, 2018), matez-moi mes cadres en widescreen millimétrés, mes deux clins d’œil en contre-plongée, à la porte de Shining (Kubrick, 1980) puis au cercueil de Vampyr (Dreyer, 1932). En matière de musique, le cinéaste scénariste cite aussi Rossini, sa pie chipeuse, par conséquent, par ricochet, électro-chocs inclus, domestiques, Orange mécanique (Kubrick, 1971), chic. Hélas, pas de place ici, tant pis, pour le soupçon d’une réflexion en action(s), sur les risques de l’intégrisme, ni les conséquences de la violence, Carl Theodor & Stanley peuvent continuer à roupiller, sur leurs supérieurs lauriers. En vérité, Le Domaine s’avère en définitive un hybride du Village (Shyamalan, 2004) et de World War Z (Forster, 2013), associant autarcie et zombies , justifiant l’enfermement, voire le « confinement », au moyen des morts-vivants. Si Paso à Salò ne manquait d’humour noirissime, son descendant