The Ward

 

Un métrage, une image : Behind Locked Doors (1948)

La matrice apocryphe de Shock Corridor (Fuller, 1963) ? Pas d’accord, car le cinéaste et les scénaristes, dont le Martin Wald de La Cité sans voiles (Dassin, 1948) et Outrage (Lupino, 1950), ne se soucient de sociologie, d’insanité généralisée. Les cinéphiles gay friendly souligneront, nous nous en doutons, la dimension homoérotique de la masculine clinique, possible présage des célèbres westerns portés par Scott & consorts. Nonobstant, Boetticher aborde ce script symbolique, à base d’apparences trompeuses et judicieuses, avec style, le transcende ainsi. Le couple d’occasion s’épousera pour de bon, le juge injuste, faux malade, vrai coupable, passera du cabanon à la prison, la célébrité, la récompense, se verront vite supplantées par la sincérité de la romance, le renversement du motif poussif de la « demoiselle en détresse » : le privé paupérisé, assommé, devra sa (sur)vie, son sauvetage, à la journaliste proposant et disposant, y compris en prenant la place d’une rivale. Quelque chose (de Figaro, tant pis pour Tennessee) du masqué, démasqué, marié Beaumarchais, se retrouve délocalisé, dynamisé, via l’ouvrage désargenté, soigné, divertissement stimulant d’associations (de malfaiteurs) de talents, ceux de Lucille Bremer (Le Chant du Missouri, Minnelli, 1944) & Richard Carlson (L’Incroyable Monsieur X, Vorhaus, 1948 ou L’Étrange Créature du lac noir, Arnold, 1954), de Douglas Fowley (Monsieur Joe, Schoedsack, 1949 ou Chantons sous la pluie, Donen + Kelly, 1952) & Thor Johnson (La Fiancée du monstre, Wood, 1955), du compositeur Albert Glasser, du directeur de la photo Guy Roe. Le sana s’appelle La Siesta, cependant le spectateur ne s’endort pas, séduit par la pertinente patine un peu expressionniste apposée sur le patchwork baroque. En définitive, ce faux « film noir », comme on dit outre-Atlantique, sa (re)découverte mérite, puisque rapide et climatique, sadique et romantique, dramatique et drolatique. Oscar pour Oscar ? Beau bravo à Budd… 

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