Scout toujours…

 

Un métrage, une image : Snobs ! (1962)

Visionné via la guère austère Jacqueline Waechter, l’ouvrage d’un autre âge séduit assez, en raison de sa dynamique division : la satire de l’arrivisme provincial évite le vitriol et déploie sa tendresse, pas seulement cinéphile, envers un casting choral autant impeccable qu’improbable. Au niveau de la forme, de toute façon indissociable du fond, une similaire opposition se reproduit, porte un identique fruit : à l’excès assumé du récit, cependant toujours précis, répond donc une réalisation rigoureuse, jamais relâchée, contraste stimulant, en partie dû aux fidèles talents du compositeur Joseph Kosma (Le Cas du docteur Laurent, Le Chanois, 1957 ou Crésus, Giono, 1960), du directeur de la photo Marcel Weiss (La Ferme du pendu, Dréville, 1945 ou Meurtre en 45 tours, Périer, 1960), de la monteuse Marguerite Renoir (La Chienne, Renoir, 1931 ou Les Eaux troubles, Calef, 1949). En compagnie de l’ami Moury, Mocky signe un script sarcastique et in extremis romantique, « chassez le naturel, il revient au galop », de facto, subito presto, à la suite du discours catho, épiscopal, molto moral, consacré à l’insanité de classe autorisée du « massacre » des chasseurs à cheval, Oscar Wilde pouvait apprécier. Outre sa chère Véronique Nordey, ici blondie, déjà croisée chez Rouleau (Les Sorcières de Salem, 1957) & Franju (La Tête contre les murs, 1959), le cinéaste se met aussi au service de la chouette Élina Labourdette (Les Dames du bois de Boulogne, Bresson, 1945 ou Lola, Demy, 1961). Si les femmes possèdent force, lucidité, charme, les hommes paraissent de grands enfants, plutôt que des pantins malsains, néanmoins « menés par le bout du nez » par le luciférien Courtin, « diabolique » et suave Gérard Hoffmann (Vivre sa vie, Godard, 1962). Insuccès en salles, toutefois soutenu par les Cahiers du cinéma, pas la première fois, Snobs !, produit à domicile, par Balzac Films, disons en demi-indépendant, résiste à l’usure des ans, divertissement souriant, « mené tambour battant » et de plus anticipant, repeinte en blanc, la verte cuve iconique, au contenu élastique, des Aventures de Rabbi Jacob (Oury, 1973), idem moralité sentimentale…                 

Commentaires

  1. Merci pour le clin d'oeil savoureux d'un cinéphile averti autant que fin connaisseur des "divertissements souriants " à "moralité sentimentale", question salve et verve la courte tirade de Pierre Dac n'est pas à piquer des hannetons ! quand au Sieur Francis Mocky lui laisse carte Blanche pour nous stimuler les zygomatiques !

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    1. https://www.youtube.com/watch?v=SQAbtykIkZY
      https://www.youtube.com/watch?v=q8-KWPTpydc

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    2. Entre Pierre Clémenti et Francis Blanche, on est gâté ! Champagne !
      Jacques Higelin - (1979)
      https://www.youtube.com/watch?v=mD3bh3wWaSQ

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