Sauvez Willy
Un métrage, une image : Paï, l’élue d’un peuple
nouveau (2002)
Huit ans après le déjà surfait L’Âme
des guerriers (Tamahori, 1994), Cliff Curtis en point commun, revoici
les Maoris, certes ceux de ciné, toujours de mélodrame familial, mais désormais
en mode maritime. Ce téléfilm au féminisme soft,
au tourisme ad hoc, à l’œcuménisme en
toc, se vit urbi et orbi récompensé,
adoubé par les sbires de Disney, studio cynique qui récemment salaria sa
scénariste/réalisatrice pour le mimétique Mulan (2020). Construit en boucle
bouclée d’héroïne hospitalisée, l’accouchement de jumeaux outrancier d’ailleurs
barbouillé de ralentis plutôt pourris, le récit semble se soucier de
sociologie, voire d’ethnologie, d’opposition œdipienne, de gémissements
générationnels, de patriarcat pas sympa, d’exil (f)utile, de légende originelle
à base de balèze baleine. En vérité subjective, en réalité pseudo-magique,
(dés)enchantée, l’échouage des gros cachalots, au tendre et cruel appel d’une
sirène lilliputienne soumis aussitôt, affiche fissa de la fable fadasse le
fiasco. Réduite à rien, à un alibi
dramaturgique, à du symbolisme paresseux, de piètre opus pasteurisé supposé politique, l’orpheline enfile les
enfantillages tout sauf de son âge, en oublie de respirer, d’intéresser.
Derrière le conte à succès caractérisé par le miracle laïc d’une collectivité illico recomposée, réconciliée, « tous
dans le même bateau », en effet, au propre et au figuré, se dissimule un
conservatisme de double reproduction, celle du clan allant de l’avant, dommage
pour les individus, celle de l’épouse étrangère, Allemande évidemment blonde,
vive l’avenir assuré in situ de la tribu. Malgré les morceaux assez immersifs
de l’estimable Lisa Gerrard, tout cela (re)file le cafard, tandis que la coda,
à demi suicidaire, ressuscite le sinistre souvenir sous-marin de l’affreux Grand
Bleu (Besson, 1988)…
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