Chasse à l’homme : Le Grand Carnaval

 

Mascarade en Louisiane…

Avant le western atomique de Broken Arrow (1996), voici celui, un brin bakhtinien, de Chasse à l’homme (1993). Le cinéaste passe ainsi de l’Asie aux USA, de Hard Boiled (aka À toute épreuve, 1992) à Hard Target et son épilogue over the top, rigolo et virtuose. Pas de colombes au firmament de La Nouvelle-Orléans ? Une poignée de pigeons les remplaceront. L’exilé de son plein gré filme sa fusillade finale de brillant ballet avec plusieurs caméras, cela se voit, non pas à la mode américaine, classique, d’antan, pour se « couvrir », se donner (à monter) du champ, via la variété des (angles) plans, plutôt par personnalité, intrépidité, générosité. Ce qui aussitôt séduit, durant cette séquence délestée de violence, puisque leçon de sa représentation, nuance, outre son énergie jolie, sa lisibilité assumée, le beau boulot du directeur photo Russell Carpenter, collaborateur de Cameron, oscarisé à l’occasion de Titanic (1997), la maîtrise du montage de Bob Murawski, familier du ciné de Sam Raimi, co-producteur ici, réside dans la maestria d’ensemble, le plaisir partagé à organiser in situ un simulacre de massacre sans lui sacrifier, au nom d’une efficacité décérébrée, sa dimension morale. Davantage que retravailler le sadisme délocalisé des Chasses du comte Zaroff (Pichel & Schoedsack, 1932), l’item baptême annonce le miroitement (d’armement, à double main armée) et la (virile, virale) réversibilité de Volte-face (1997), cf. le duel (con)fraternel de Van Damme & Vosloo. Au milieu de tous ces mecs camés (casqués) aux munitions, aux explosions, à la testostérone, un peu à la déconne, silhouettes suspectes d’un baroque entrepôt catho, une femme en effet se glisse entre les flammes, qui embrasent aussi, à demi, le suant et souple Lance Heniksen. L’accompagne, lui-même à cheval, son oncle âgé, précis (Sean, alias Cage dé-visagé) archer. La Natasha de Yancy (Butler) ne plaisante pas, ne tire en l’air , et l’actrice parvient, en quelques secondes, à portraiturer la sidération de son personnage, illico questionné puis désarmé par le proche à reproche. S’il icônise, au ralenti et en dolly, un Jean-Claude tonique, drolatique, moins mélancolique, Woo divertit et avertit.       

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir