Cinglée

 

Un métrage, une image : Shock (1946)

La matrice apocryphe de Sœurs de sang (De Palma, 1972) ? Presque, puisque ici aussi témoin de meurtre (quasi) réduit à l’amnésie par un shrink nuisible (pléonasme). Pourtant l’impérial Price portraiture un psy assassin à l’insuline point délesté de conscience ni de culpabilité. Au terme du deuxième replay du trauma méta, il étrangle sa salope séduisante, « femme fatale » (et vile rivale) d’un « film noir » jamais misogyne, in extremis moral, policier perspicace à la clé, cherchons donc le létal chandelier. Déjà co-écrit par Eugene Ling, l’un des scénaristes de Behind Locked Doors (Boetticher, 1948), l’ouvrage de Werker, précis, impersonnel, ne repose ainsi sur un tueur à la truelle, un acteur cabot, a contrario possède un casting choral impeccable, mentions spéciales à Mesdames Lynn Bari (L’Incroyable Monsieur X, Vorhaus, 1948) & Anabel Shaw. Bien éclairé par le tandem MacDonald (Niagara, Hathaway, 1953) & MacWilliams (Lifeboat, Hitchcock, 1944), Shock adresse un clin d’œil adéquat, patronymique, atmosphérique, à La Maison du docteur Edwardes (Hitchcock, 1945) et annonce en sourdine, en huis clos molto psycho, Le Secret derrière la porte (Lang, 1947). Il s’agit en sus d’un item lié à la guerre, à sa folie fissa soignée, pas encore préoccupée de « SSPT ». Comme chez Arnold (L’Homme qui rétrécit, 1957), une scène de songe réussie les objets agrandit, en l’occurrence la poignée d’une porte, éloigne et rapproche, l’horizon, le son. Le docteur Cross, qui fracassa le crâne de sa femme guère infâme, juste plus âgée, moins jolie, que la haineuse Elaine, porte bien son nom de trahison (double cross) et sa croix homonyme, gare à la déprime. Construit en blocs successifs, c’est-à-dire en série de chocs ou d’injections, trame en miroir de la factice fiction, l’œuvre va vite, divertit, voire captive, car elle s’apprécie en thriller heuristique, forme avec le titre suivant de BB un distique dédié à la fausse insanité, à l’épreuve de la vérité. Mieux, elle amène et met en scène, néanmoins hors-champ, la malle macabre de La Corde (Hitchcock, 1948) et met en garde contre l’arrogance et les avérées dérives d’une pseudo-science, un « art », dit Price, ensuite remise en cause, au sein des subversives, lucides et excessives seventies, par Deleuze, Foucault ou Guattari, oui…

Commentaires

  1. "Premières à en faire les frais, les écoles de cinéma. Là, il n’est bientôt plus question que des «machinations» du producteur, de «l’idéologie inconsciente du spectateur», ou de la «fonction auctoriale» du réalisateur." https://wukali.com/2021/02/26/a-laube-du-xxie-siecle-la-french-theory-et-les-campus-americains-citer-en-detournant/10221/

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    1. https://unitedsquid.com/twin-peaks-actress-joan-chen-sounds-off-says-political-correctness-is-detrimental-to-art/

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    2. Vanessa Codaccioni: «Surveiller et asservir: tous suspects ? https://www.youtube.com/watch?v=f43PsmoWEro

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    3. https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/03/garde-vue-droit-camera-emoi.html
      https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2015/11/mon-nom-est-personne.html
      https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/03/la-terre-vue-du-ciel-notes-sur-les.html

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