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Affichage des articles du novembre, 2020

Voice from the Stone : L’Emmurée vivante

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  La néo-Italie de Roberto Rossellini ? Une mamma (pas Roma) méta… Rebecca (Alfred Hitchcock, 1940) rencontre L’Incompris (Luigi Comencini, 1966) ? Un peu, oui, plus un soupçon de Poe, celui du Chat noir et du Portrait ovale , allez. Au terme de ce mélodrame maternel, molto gothique, porté par l’interprète de GOT , chic, une fière infirmière impliquée, non diplômée, finit par remplacer la maman trépassée. Si, dès l’ incipit , agonise la pianiste cosmopolite, son fiston tient bon, conjure l’absence, se « mure dans le silence », écoute avec insistance, avidité, la voix envolée, à travers la pierre austère. La villa viscontienne devient aussitôt une chambre d’écho(s), sinon une annexe automnale du caveau familial, un mausolée sonore, par une vieille servante, elle-même évanescente, jadis suicidée, hanté encore. Quant à l’éclairée carrière, inondée au début de la guerre, origine de la richesse patricienne, millénaire, elle autorise l’acoustique aquatique. La soignante et le Signore re

Farmhouse : The Comfort of Strangers

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  Ferme infernale, infanticide humide… On sait, depuis Carnival of Souls (Herk Harvey, 1962), que les victimes d’accident peuvent s’avérer des morts-vivants ; on sait aussi, depuis L’Exorciste (William Friedkin, 1973), que le Diable adore désacraliser les églises. Sans bien sûr se situer sur les hauteurs supérieures de ses prédécesseurs, Farmhouse (George Bessudo, 2008) mérite un article, une salutation pour plusieurs raisons. Il s’agit en résumé d’une moralité éminemment morale, un brin moralisatrice, qui se renverse in extremis . Un couple en déroute, sur la route, en sortie de route, en rencontre un second, trop accueillant et très increvable. Durant le dernier quart d’heure, les exécuteurs de débiteurs se révèlent gouvernés par l’étrange étranger, dans l’ombre resté, du prologue puéril, ensuite toubib, homme en blanc patient. Fifille endeuillée, maltraitée par son papounet désormais décédé, merci Maman, priée de presto ranger son putain de chapelet, on devinera vite pourquoi,

L’Homme atlantique : La Voix humaine

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  Cet amour-là, à plusieurs voies… À Jacqueline, davantage durassienne que moi-même. Vous découvrez L’Homme atlantique (1981). Vous le découvrez, oui. Vous le visionnez car l’amie qui elle aussi vous vouvoie vous l’adressa. Alors vous écoutez Marguerite Duras. Alors vous regardez Yann Andréa. Duras déclame sa déclaration de désamour. Elle dirige Andréa à distance. Le film affiche sa réalisation jusque dans sa narration. Il comporte peu de plans. Il comporte l’empilement d’une mise en abyme au miroir. Dans la villa vide, la voix s’élève. Dans l’écran d’encre, elle se donne à entendre. Absente et présente, voilà. La cinéaste enregistre une présence et une absence. Un homme parmi des milliards. Une élection ou une introspection. Sa proximité, son altérité. L’image multipliée de sa mort au milieu d’un règne mortel. Le son de l’océan. Le paysage d’une plage. Les mots échafaudent aussitôt un hors-champ. Ils identifient une différenciation dite irréductible,

L’Affaire Mattei : Le Goût de l’Italie

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  Trente métrages , trois images, deux visages, un rivage … À l’italianophile Jacqueline Io ho paura (Damiano Damiani, 1977) Petit polar politique, à propos de la pornographie, au propre, au figuré, d’une Italie alors terroriste-terrorisée, ponctué de saisissants effets de réel mortel et placé sous le signe duel de la duplicité, tandem de juges, juste ou injuste, pour policier déplacé, apeuré, justicier, assassiné, où le valeureux Volonté, flanqué des cosmopolites Adorf & Josephson, démolit, doté d’une dépressive fragilité, les « hommes forts » de sa filmographie, chez Petri & Rosi… Il nido del ragno (Gianfranco Giagni, 1988) D’un labyrinthe à l’autre : dans une Budapest spectrale, une secte tisse sa toile… Certes longuet, pas assez personnalisé ni développé, du fantastique toutefois soigné, beau boulot du directeur photo, musique à la Herrmann, avec spécialiste traumatisé, secrétaire singulière + bébé humain-arachnéen. Et Stéphane Audran, comme souvent, émeut vrai

L’Assaut : Le Président

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  Vérité relative, secret souillé, médias d’autrefois… Même méconnu, depuis longtemps oublié, un exemple exemplaire de théâtre filmé ? Film jamais théâtral, cependant adapté du dramaturge Henry Bernstein, plusieurs fois représenté au cinéma, par exemple par Messieurs Marcel L’Herbier, Maurice Tourneur, Raymond Rouleau, Marc Allégret ou Alain Resnais, L’Assaut (1936) mérite mieux que le mépris poli de cette expression alors, déjà, de saison. Certes, ici la parole se met en scène, au milieu, repos estival, familial, à Compiègne, au commencement, à la chambre agitée des députés, au terme, pendant le procès express . Pourtant Pierre-Jean Ducis, industriel cinéphile, actif au cours d’une sombre décennie, de 1933 à 1943, savait se servir d’une caméra, point paresseux ne s’endort pas, durant des dialogues l’ a priori transparent enregistrement. Fable affable sur l’éthique de la politique, la puissance de la presse, la faute à confesse, L’Assaut en filigrane radiographie le pays de Stavisk

Une valse dans les allées : Regarde la mer

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  Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Thomas Stuber. Filmé sous l’influence géométrique, sinon statique, d’un certain Stanley Kubrick, de préférence en caméra fixe, remarquez le surprenant circulaire panoramique, lors du hom(m)e invasion , nonobstant à bonnes intentions, de l’immaculée, suspecte, maison de Marion, sa rime in extremis , en plongée surveillée, Une valse dans les allées (2018), en dépit de sa reprise du Danube bleuté, ne se soucie de « spatiale odyssée », davantage des ravages de notre modernité marchandisée. Dans Zombie (1978), dystopie US itou située au sein malsain d’un symbolique supermarché, les survivants, cependant, s’épuisaient à s’entendre, à se défendre. Ici, assaut accompli, « réunification » faite, quarante années après, les manutentionnaires nocturnes, descendants délocalisés des anti-héros de Romero, ressemblent à des vampires dépressifs, des morts-vivants émouvants. Ce que j’écrivais jadis au sujet de Herbert (2015), le