Hold-up : Virus cannibale
Dialectique épidémique ? Désorientation d’oraison…
À Patricia
Au siècle dernier, souviens-toi,
barbare Barbara, docile Deborah, durant la distribution du
« visionnaire » Vidéodrome (1983), David Cronenberg
déclarait ne pas croire au complot, estimait une méconnaissance généralisée des
causes, des effets. Une quarantaine d’années après, la « Toile »
succède au « câble », les (grands) enfants de Max Renn (re)font des
siennes. Immergés parmi le « film-réalité » de Bill Burroughs, sis au
sein de la « société du spectacle » du sieur Debord, comment
conserver sa lucidité, comment ne pas perdre le nord ? Opus à propos d’un virus, ouvrage « censuré » au viral succès, Hold-up
(2020) constitue un cas d’école, devrait être visualisé, envisagé, par tout
journaliste, tout sociologue. Déjà responsable, voire coupable, du dispensable Thanatos :
L’ultime passage (2019), le fadasse Barnérias effectue sans classe un « pas
de côté », dixit le générique.
Jadis satiriste à/de Nice, Vigo revendiquait un « point de vue documenté ».
Réduit par ses détracteurs à un « documenteur », Hold-up dure presque
trois heures, Seigneur, possède en sourdine les identiques caractéristiques
filmiques que le précité item « nécrophile ».
Les intervenants interviennent, le drone
idem, la musique martèle, le
réalisateur se met en abyme et en scène, amen.
Sur un plateau endeuillé d’émission de TV paupérisée, aux caméras mobiles
exposées, un écran au carré renvoie vers l’ouvrage en train d’être par votre
serviteur visionné. Cette tautologie iconique donne disons la réplique au « financement
participatif » : Hold-up, solipsiste, existe par et
pour celles et ceux adoptant sa perspective, pertinente ou paranoïaque selon votre
opinion. Il ne s’agit pas d’exercer sa raison, il s’agit de procéder par relation.
La pseudo-pandémie, disent-ils,
dissimule à peine un programmé, ou accompagné, requiem moderne, « lutte des classes » remise sur la
table médicale. La cristallisation de défiance, donc de dissidence, carbure à
l’accumulation ; comme dans le cas des crus revenus de l’au-delà, le
catalogue doit convaincre, le pathos promet d’expliquer, d’impliquer. Un
parallèle apparaît, entre « l’holocauste » d’hier et celui
d’aujourd’hui, pardi, le « transhumanisme » en miroir, mutatis mutandis, de l’eugénisme du
nazisme. Un remède amène à la « désinformation » de saison, à la « peur »
imposée : « l’amour », toujours, la confiance accordée à
quelques « blouses blanches », l’hygiénisme du sportif, coureur amateur, ex-scientifique, chic. « Scandalisé »
par pareille démonstration, un spécialiste cinéphile termine sa propre « démystification »
par un salut bienvenu au fameux, facétieux et réflexif F for Fake (1973) de
Welles, toutefois, les « vérités », les « mensonges », le
réel tissé au songe, contaminent tous les discours, tant les deux camps de
combattants par se ressembler in extremis
finissent. Si Binoche & Marceau « partagent », par conséquent
applaudissent, si Finkielkraut & Kahn se lamentent, en gémissent, les
dirigeants à Davos et les outsiders
droitistes jamais ne dialoguent, nous transmettent leur réversible (ré)vision
du monde souvent immonde, surtout pour les travailleurs en sueur, « confinés »
ou déconfits, pour les vieillards du trop tard, qu’ils se taisent ou qu’ils
crèvent. L’enfumage fonctionne à fond, en réflexion, fi de la moindre
réflexion, chacun s’accusant de ses actes patraques, stratégie rassie, mode
machiavélique antique. Dans les « vases communicants » de la « communication »
médiatique, envasée via les « réseaux »
censés « sociaux », le recadrage corrobore, le reproche reproduit
encore.
On se dispute ou discrédite à
distance, d’avancer ensemble on se dispense. Pantins du pouvoir ou apôtres de
la « conspiration », au fond, à quoi bon, les écouter, les
supporter ? Pendant que l’on papote pour sa propre chapelle, son sien cheptel,
que la guéguerre des images et des mirages fait rage, la liberté de se déplacer, de penser, en vient à
s’oblitérer, pas seulement au ciné fermé, qui rouvrira peut-être en décembre,
pour l’instant, des exploitants et du gouvernement, discussions puis
négociations au (dé)goût de cendres, que vienne vite la délivrance du
divertissement, admonestent les distributeurs en chœur, pressants, impatients. Attaqué
de plusieurs côtés, le frondeur se défend, affiche sa bonne foi, met le doigt
sur l’objectif définitif de célèbres « éminences grises », à la
philanthropie de surface : numériser la monnaie, localiser le
consommateur, recréer son corps, « réinitialiser » son esprit. Le
marcheur met les pieds (dénudés) dans l’eau, l’auteur met « les pieds dans le plat »,
oui-da. Son essai « citoyen » vise à avertir au sujet du « hold-up
de la holding ». Montage de témoignages à charge, marionnettes sylvestres du
Sylvester des Guignols de l’info incluses, droits acquis, OK, citation d’une
étude prophétique de la CIA, tangente, au travers de Montagnier, du sida lui aussi
« inventé » : Hold-up se déploie en petit traité
de virologie, de viralité, pas que pathologique, plutôt étatique, économique.
Cependant il ne saurait sidérer à la façon formelle, sens duel, du diptyque
essentiel Diary of the Dead (2007) + Redacted (itou), autres récits
d’épidémie, de dispositif policier, de « film horrifique » arrivé « pour
de vrai », de cinéma méta, de documents réécrits, trafiqués, truqués,
sucrés, de troupes d’hommes armés, d’invasion en vidéo, de victimes anonymes,
de la vérité volée, voilée, violée, au propre, au figuré.
Romero & De Palma, Américains
point sereins, à la fois patriotiques et critiques, délivrèrent, very vénères, so sincères, un vertigineux vortex
donnant à voir en direct, in situ,
une insanité délocalisée, mondialisée, en utilisant la matière même
du ciné, à l’écart du didactisme et du sensationnalisme. Filmiquement misérable,
politiquement discutable, Hold-up s’apprécie a contrario, à un divers niveau. Vous
voici devant un symptôme éloquent, un diagnostic dérangeant ou délirant, un
état des lieux de pays malheureux. La France en souffrance y prend l’apparence
d’une nation de division, d’un organisme maladif. En filigrane s’affirment a fortiori une crise de la crédibilité,
une colère rentrée, des blessures d’usure, un air impur. Du masque au muselage,
de la protection à l’infantilisation, de la solidarité à l’amende, il suffit de
rien, il suffit d’un règne mesquin, rempli d’arrogance et d’incompétence.
Précipité de psyché maltraitée davantage que preuve de ciné maîtrisé, Hold-up
radiographie ainsi une époque médiocre, la nôtre, une fiction de coercition, de
désillusion, d’absence d’horizon, un film effarant, réfrigérant, vécu de son aval
vivant, à son corps peu défendant, sous le sceau d’une victimisation
d’occasion, de l’épouvante ponctuelle du terrorisme intégriste. Que faut-il
afin de nous réchauffer, nous réveiller, nous révolter ? On sait depuis la
parabole platonicienne que sévissent en sus un confort de l’obscurité, un
charme des chaînes, une douleur du dessillement. Le type remonté, éclairé,
redescendu, risque de se faire descendre par ses congénères de caverne, retour
vers Vidéodrome,
sa coda suicidaire, de quai désaffecté, d’épave esseulée, d’Eurydice
désincarnée, de trépas en replay.
Tandis que la démocratie
s’immobilise, s’individualise, se « communautarise », se tribalise,
une amère moralité ironique nous rappelle que les virus vivaces évoluent, tournés vers la vie, l’envie, le
vampirisme, qu’ils déciment les envahisseurs venus d’ailleurs, gageure un brin
xénophobe du La Guerre des mondes de Wells, qu’ils représentent, pari pris,
paradoxal, pas à la Pascal, un salutaire avertissement, une invite au
changement, une exhortation à débarquer, à se (dé)braquer, à ne plus se laisser
embarquer ni braquer par le cynisme du capitalisme ou le catastrophisme du « complotisme ».
Haut les mains, histoire de rédiger soi-même son destin ! Haut les cœurs,
au large des effroyables enfantillages de la terreur !
https://www.courrierinternational.com/article/2008/01/17/quand-davos-etait-un-nid-nazi
RépondreSupprimeret question film de science fiction celle-ci n'est pas " piquée des hannetons "
Dr Pierre Gilbert 1995 Magnetic Vaccines (English Subtitle
https://www.youtube.com/watch?v=mav2dZqQOcE
science fiction ou film d'horreur.... dipende amico vero...
https://www.cairn.info/revue-multitudes-2012-1-page-106.htm
SupprimerMerci pour le partage du lien, article fort instructif et bien construit, synthétique...
Supprimer"En d'autres termes, bien que nous disposions de facultés variées : intelligence, imagination, sensibilité, mémoire…il n'y a pas de synchronicité entre elles. Indiscutablement, notre intelligence calculatrice est parfaitement capable de concevoir ce que serait une apocalypse nucléaire, une guerre bactériologique, les conséquences d'un réchauffement cataclysmique de la planète etc. L'intelligence calculatrice est apte à embrasser, avec ses instruments propres : courbes et statistiques, un tel tableau. Mais ni l'imagination ni la sensibilité ne le peuvent. Ces deux facultés peuvent très bien embrasser un phénomène limité comme par exemple un accident limité ou un crime de sang. Elles ne sont pas à la mesure d'un phénomène global comme ceux que la Technique moderne a désormais les moyens de produire. Elles ne « suivent » pas. Or ceci n'est pas sans graves conséquences, comme nous allons le voir."
Anders suggère donc que l'homo technicus moderne est un « utopiste inversé » : l'utopiste d'autrefois imaginait un monde qu'il était incapable de produire, l'utopie moderne en acte produit aveuglément un monde qu'elle n'est pas capable d'imaginer, de sentir, de véritablement se représenter."
http://1libertaire.free.fr/GAnders22.html
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/04/aftermath-les-chroniques-de-lapres_4.html
Supprimerhttps://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2017/04/homo-sapiens-la-sagesse-des-crocodiles.html
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2016/04/je-suis-les-trois-visages-de-la-peur.html
https://lemiroirdesfantomes.blogspot.com/2017/03/la-mecanique-des-corps-reparer-les.html