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Affichage des articles du novembre, 2018

Stereo : Amnesia

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Maximilian Erlenwein. Récit cerveau, dès l’intro, à moto, en techno, Stereo (2014) rappelle David Cronenberg, pas celui du film homonyme (1969), plutôt celui de A History of Violence (2005). Toujours trompeuses, les apparences rurales, idéales, dissimulent à peine un passé dont la griffe ne cesse de se planter en plein cœur des protagonistes, le Jacques Tourneur de Out of the Past (1947) ne nous contredira pas. Stereo se souvient aussi du Memento (2007) de Christopher Nolan, histoire sans cesse inversée, en différé, d’un enquêteur se découvrant in fine meurtrier, en rime à un certain Œdipe. Moins parricide et incestueux, davantage violent et misogyne, Erik, pas vraiment viking, père par procuration, mécanicien à l’excitante odeur de cambouis, accessoirement motard accumulant les amendes, se divise assez vite, aperçoit, court après puis discute avec le cynique Henry, prénom probablement emprunté au bon tou

Les Deux Orphelines : La Fête à Henriette

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de David Wark Griffith. « Danton and Robespierre » décrit le carton laconique, puisque Griffith , pionnier sous pseudonyme de noble, cependant ni le premier ni le dernier, adapte une pièce de théâtre française à succès, avec l’accord de sa principale comédienne, Kate Claxton. En 1921, il faudrait se méfier de l’anarchisme, du bolchévisme, du fanatisme, cf. la French Revolution , sa voyoucratie de sans-culottes, sa tyrannie de la Terreur. Inspiré par les travaux du spécialiste Thomas Carlyle, par le romanesque urbain, dédoublé, de Charles Dickens, le réalisateur renvoie dos à dos les aristos écraseurs en carrosse de minot et la mob alcoolisée de La Carmagnole dansée, met en parallèle les réjouissances, les lascivités, les atrocités, en maître renommé du montage alterné. Mélodrame historique, Les Deux Orphelines se divise au bout d’une heure et demie, chacun des actes conclu par une coda sous forme d’acmé. La p

Battleship Island : Banzaï

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Cuirassé encombré ? Gueules noires auxquelles croire… Au cinéma, peut-être par-delà, les Japonais, pour les Coréens, ressemblent aux nazis dépeints par les Européens : des repoussoirs absolus, des barbares en costards, les meilleurs ennemis que l’on adore détester, que l’on apprécie de voir trépasser. Carrément caricatural, Battleship Island (2017) contourne quand même le manichéisme, car il possède aussi un traître issu de Séoul, de surcroît nationaliste, indépendantiste, fétiche à exfiltrer. Ailleurs, la jeune Coréenne crue tatouée, révélée exilée, violée, prostituée par un similaire ressortissant, raconte au calme les scarifications que lui imposa un sadique « secrétaire de mairie » de son pays. Il évacue en sus la moindre once de triomphalisme, de chauvinisme, s’achève sur une victoire à la Pyrrhus, sur une liberté incertaine éclairée par l’immense et sinistre brasier de Nagasaki, « quelle horreur », en effet, quel crime (in)qualifiable de guerre et envers l’inhumaine hu

Relic : La Nuit au musée

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Soupe d’entourloupe, cargaison à la con, soirée sinistrée. Ratage total, plantage interminable, co-production cosmopolite commise par l’estimable Peter Hyams, Relic (1997) possédait pourtant un argument pertinent, une thématique à base de mythe et de génétique. Et si, derrière les récits, les superstitions, se tenaient l’évolution, la mutation ? Débuté en Amazonie intime, presque à la Joseph Conrad, par un bad trip sarcastique, le sorcier sourit de l’hallucination du pigeon, ce métrage d’un autre âge, relique cinématographique au croisement du mécanique et du numérique, la créature exotique de Stan Winston alors dédoublée, informatisée, en plan large, en déplacement rapide, se poursuit en huis clos à Chicago, vrai musée transformé en décor de studio, oblique vers le film classé catastrophe, cohorte de petits privilégiés à évacuer, surtout le maire et sa dame, merci aux mécènes, amen , avant de virer au survival enflammé, au moins au sens propre, tant pis pour le figuré, bo

La Ruée des Vikings : Donjons et Dragons

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Réaborder au rivage du vrai ciné, (d)écrire son avenir à l’écart du pire. Après une plage crépusculaire, une carte contextuelle, de la diplomatie sarcastique, Gli invasori (1961) commence par un massacre, un empalement de femme et d’enfant annonçant celui des amants alités de La Baie sanglante (1971), suivis par le transpercement d’une gorge royale par un félon martial, d’occasion, en embuscade. Ce prologue rempli de bruit, de fureur, par exemple celle de Folco Lulli, Nordiste trop épris de paix, père sacrifié, guerrier fauché, se termine sur un minot sauvé des eaux, nouveau Moïse adoubé, élevé, par la reine vite veuve. Sur sa poitrine masculine, le dragon tatoué incarne son identité. Bientôt, vingt ans après, comme les mousquetaires de Dumas, il affrontera son frère farouche, variation du tandem de Romulus & Remus, retrouvailles au goût de funérailles, de forteresse à escalader avec l’aide des archers. Même si l’on apprécie Richard Fleischer, nous voici ainsi assez l

Volupté singulière : Je suis curieuse

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Sven Taddicken. Disons-le d’emblée : formellement, adverbe duel, Volupté singulière (2016) s’apparente à un téléfilm de luxe, à rien de plus, rajoute le corbeau de Poe, aux productions-diffusions du vendredi soir sur chaîne franco-allemande européenne, ici financière. Ni l’utilisation soignée, scolaire, de l’écran large, ni un travelling circulaire à 360 degrés, au sein d’un bar de confession, ni l’implosion au ralenti des accessoires d’une maison ne font illusion, mais tout ceci ne saurait rebuter, priver du plaisir relatif, éphémère, pris à suivre cette romance sur fond de violence, entre quinquagénaires pas si austères. Ménagère maniaque et insomniaque, Helen déprime, se définit comme « quelqu’un sans foi ». Aide-toi, le Ciel t’aidera, oui-da – la voilà via la radio à la poursuite du bonheur, à papoter puis plus puisque affinités avec un professeur homonyme. Hélas, l’ancienne croyante découvre vite que le

Les Chasses du comte Zaroff : Les Animaux fantastiques

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Hallali du proscrit, pérennité de l’insanité… À la fin du film, archer chuté, Zaroff se fait bouffer par ses molosses affamés, présage du carnage des Yeux sans visage (George Franju, 1960), où Pierre Brasseur succombe aussi à ses clébards. Au début, deux balises nocives provoquent un naufrage à la Fog (John Carpenter, 1980), requin inclus. Ensuite, le seul survivant s’éveille sur une île, avise un modèle de Xanadu ( Citizen Kane , Orson Welles, 1941), rencontre l’aristocrate enfui de Russie, Cosaque accueillant à la domesticité mutique, sinon menaçante, en tout cas tortionnaire, Noble Johnson nous offre un irrésistible rictus de Noir déguisé en slave Ivan, ah, le fameux melting pot d’outre-Atlantique, du moule Hollywood. Dans sa forteresse portugaise, le comte de Richard Connell, tant pis pour celui de Bram Stoker, retape des rescapés à coup de vodka, de feu de bois, de concertos de piano. Un friqué alcoolique, sa sœurette circonspecte, composent l’assemblée décimée. Pen