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Affichage des articles du mai, 2018

Un homme intègre : La Grotte des rêves perdus

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Enlisement à Téhéran, seconde chance de souffrance, dénouement de damnation. Fritz Lang prétendait-plaisantait que le Scope ne servait qu’à filmer des serpents et des enterrements. Dans Un homme intègre , le format large matérialise à l’écran l’enfermement du protagoniste éleveur de poissons, pas de pythons, et deux ou trois surcadrages d’obscurité directement hérités du dernier plan de La Prisonnière du désert (Ford, 1956) renforcent l’absence d’horizon, de solution. Western et thriller de stagnation, de lenteur, ce métrage innervé par une rage rationnelle nous conte les déboires d’un pisciculteur nordiste cerné par une corruption généralisée, pour ainsi dire ontologique. Ici, en Iran, en 2017, une adolescente peut bien se suicider hors-champ car renvoyée de son lycée pour non-conformité de foi, se voir interdire une simple sépulture charitable en impitoyable cimetière musulman, et des mecs se disant envoyés par la mosquée du coin débouler chez l’innocent trafiquant d’alc

Les Guerriers du Bronx + Les Nouveaux Barbares : Street Trash

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            Quand « foutre le Bronx » ne signifie pas se foutre du spectateur. Tu souriras souvent en découvrant ce diptyque ante / post -apocalyptique, mais avec et non contre lui, car Enzo G. Castellari sait se servir d’une caméra, crois-moi, s’entourer de collaborateurs de valeur, citons le producteur Fabrizio De Angelis, le scénariste Dardano Sacchetti, d’ailleurs en compagnie de son épouse Elisa Livia Briganti, le décorateur-costumier Massimo Lentini, le directeur de la photographie Sergio Salvati ( Crawlspace , 1986 + Puppet Master , 1989 de David Schmoeller), le compositeur Walter Rizzati, les acteurs Christopher Connelly & Venantino Venantini, tous partenaires de Lucio Fulci, autre exilé aux USA pour ses remarquables L’Enfer des zombies (1979), L’Éventreur de New York (1982), Manhattan Baby ( idem ), Murder Rock (1984), n’oublions point le fidèle monteur Gianfranco Amicucci ( Bambola de Bigas Luna, 1996), le musicien Claudio Simonetti, bien sûr ancien Goblin

La Malédiction Winchester : Le Démon des armes

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À louer ? À vendre ? Plutôt une propriété de parvenus, voire de vendus. La bande-annonce présentait un ersatz de la franchise Conjuring (2013-) et ce Winchester -ci, a contrario de celui d’Anthony Mann, estampillé '73, sorti en 1950, ne laissera guère de trace mémorielle chez l’amateur d’horreur. Comme la connerie lucrative de Wan et consorts, il s’inspire de faits supposés réels, petite précaution à la con de greffier sans inspiration, de rédacteur de PV cherchant à faire peur avec la preuve du fait divers, mémère. Très propre sur lui, emballé dans un classicisme soigné mais désespérément anonyme, La Malédiction Winchester (2018) cristallise à sa manière une imagerie de frissons d’aujourd’hui, synthétique et pathétique, à base de hideux CGI et de médiocre mélodrame. Les larmes, on le sait, constituent le substrat de la forêt horrifique, et le deuil, ici multiplié par quatre, bigre, se situe souvent au cœur de la terreur. Les Spierig Brothers ne s’en contentent pas,

La Princesse endormie : Beau-père

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Autobiographie d’une automate ? Victoire d’une vaincue et beauté d’une cabossée.   Restons en Tchéquie, les amis. En découvrant avec ravissement, bien réveillé, La Princesse endormie (1990), on pensait à Sleeping Beauty d’Anne Rice, tant pis pour Perrault & Grimm. D’une femme forte, pléonasme empirique, à l’autre, puisque Kyōko Kishida signe le scénario du conte délocalisé, quasiment méconnaissable et bel exemple de co-production entre l’Europe et le Japon, comme un écho décalé, moins écolo, au Dersou Ouzala (1975) de Kurosawa, alors en visite en Russie asiatique. L’actrice de La Femme des sables (Teshigahara, 1964) semble se souvenir de son argument, le renverser à ses dépens : plus de professeur prisonnier d’une plage, d’un mariage arrangé, enlisé, mais une adolescente maudite dès la naissance par l’amoureux délaissé, blessé, moralement et physiquement, de sa maman devenue reine malgré elle. Notre doubleuse et auteur pour la jeunesse nippone ne s’arrête pas là, va j

La Belle et la Bête : Bloody Bird

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Interdiction de Jésus, injonction de Morrison ? Ramage-plumage d’otage tactile.   Oubliez illico Cocteau, à peine cité le temps d’un plan de rideaux volants : La Belle et la Bête tchèque dialogue davantage avec Herzog, Franju, De Palma, Ridley Scott. Le titre original précise d’ailleurs les choses ; il s’agit de la rencontre d’un « monstre » et d’une « jeune fille », comprenez donc une vierge. Adieu au masque velouté, à la crinière léonine, de Jean Marais magnifiquement défiguré par son amant polyvalent et le maquilleur Hagop Arakelian, bonjour à une tête de piaf inspirée de la party déguisée de Judex (1963) autant que du volatile vengeur de Phantom of the Paradise (1974), ailes de cape à la Batman incluses. Quant au château de huis clos, il annonce bien sûr le petit théâtre de la cruauté transalpin de Bloody Bird (1987), autre item orné d’un oiseau sado. Juraj Herz, décédé au meurtrier mois d’avril, Heynemann opine, paix à son âme slave, se fit connaître en nos contrées

Private Parts : Alice n’est plus ici

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Meublé, démembré, moralisateur, mystificateur : bienvenue à l’hôtel de Paul Bartel. Avec son premier long métrage produit par Gene Corman pour la MGM, Paul Bartel fait bien mieux que relire Psychose (Hitchcock, 1960) ou Le Voyeur  (Powell, idem ) : il anticipe Carrie au bal du diable (De Palma, 1976) et dialogue avec Gorge Profonde (Damiano, 1972). Si son parfait contemporain connut un succès inespéré, refaçonna en partie la psyché sexuelle US, suffocation de fellation, Private Parts demeura privé, avorté, négligé, on ne peut que le regretter au vu de la qualité de l’ouvrage. PB remplace illico Andrew Davis maintenu en piste au poste de DP ; le futur réalisateur des estimables Sale temps pour un flic , Nico , Le Fugitif , Meurtre parfait , signe une direction de la photographie sachant saisir la douceur et la douleur du drame drolatique. Il faut aussi mentionner la partition jazzy et classy , d’inspiration herrmannienne, de Hugo Friedhofer, proche de Steiner & Korng