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Affichage des articles du août, 2019

Midsommar : Soleil de nuit

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ABBA, sabbat, b.a.-ba du bla-bla… Le réalisateur poseur du raté Hérédité (2018) délocalise donc en Suède Le Dieu d’osier (Robin Hardy, 1973 + Neil LaBute, 2006), espère que son Midsommar (2019) sidérera le spectateur, à l’instar du personnage de Christian, peu chrétien en dépit de son prénom, de son destin, aux prises avec des païens, alors possible ersatz de l’Alex molto Ludovico de Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971), étalon concon, de défloraison à l’unisson, thésard en retard, plagiaire policé, in fine immobilisé, rendu muet, glissé nu à l’intérieur d’une carcasse vidée d’ours maousse, brûlé vif en compagnie d’un duo de volontaires masos, what if  si l’if ne fait son office ?, trinité mortelle bouclant la boucle du suicide en trio initial. Hélas, cette acmé enflammée, de festival estival létal, dévoile le vide général, réduit le mince récit en cendres, propose en apothéose un incendie qui jamais ne flambe. En raccourci, la communauté bucolique, atrocement accuei

Le Mauvais Chemin : L’Héritier

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Suite à son visionnage sur la chaîne d’ARTE, retour sur le titre de Mauro Bolognini. I cheated myself Like I knew I would I told you I was trouble You know that I’m no good Amy Winehouse Film inanimé, film désincarné, Le Mauvais Chemin (Bolognini, 1961) se place, dès sa première séquence, sous le signe (du destin, de croix) funeste de la terre, funéraire autant que financière. Au royaume de l’argent, les corps ne s’offrent pas longtemps, les sentiments ne valent rien, coûtent beaucoup, se paient au prix de la vie, pardi. Le roman original, écrit par Mario Pratesi, s’intitule L’eredità , par conséquent, nous y voilà : La viaccia s’avère un exercice (de style), presque passéiste, sinon costumé, de naturalisme transposé, reposant sur une trame très usée, à base de « maladie », d’héritage à outrages. Comme chez le gras Zola, des silhouettes suspectes servent à illustrer l’emprise du déterminisme, de l’atavisme, y compris a contrario , à coup d’altérité, à nous é

White of the Eye : L’Arme à l’oeil

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Misogyne et moralisateur ? Méritoire même (en) mineur… Le mariage de la carpe Cannon et du lapin Cammell accoucha donc d’un petit polar un peu arty , assez bizarre, citant autant Dario Argento, tendance Ténèbres (1982), gare au verre, que Jean-Luc Godard, toujours trop tard pour éteindre la mèche, Pierrot le Fou (1965) opine. Co-écrit par China & Donald, remarquez, au resto, le caméo de la compagne, itou créditée dialogue director , éclairé coloré par Larry McConkey, également manieur de steadicam , scoré à la fois par Rick Fenn, cette fois-ci sans 10cc, Nick Mason, enfin émancipé de Pink Floyd, Leoncavallo & Mahler, mince, le Paillasse du premier plus tard réutilisé, à l’occasion de l’opératique Les Incorruptibles (Brian De Palma, 1987), Sean décède dans son sang, White of the Eye (Donald Cammell, 1987) portraiture, par conséquent, un spécialiste du son, à l’oreille inouïe, oh oui, au bord de la rupture, pas seulement sentimentale, plutôt cérébrale, à l’orée de

Blastfighter : La Chasse

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Jake et son faon, Jake et son enfant, Jake en ermite et en mécanique…          Bien sûr, Blastfighter (Lamberto Bava, 1984) adresse des clins d’œil aux Chasses du comte Zaroff (Irving Pichel & Ernest B. Schoedsack, 1932), à Délivrance (John Boorman, 1972), à Voyage au bout de l’enfer (Michael Cimino, 1978), à Rambo (Ted Kotcheff, 1982), au contemporain Razorback (Russel Mulcahy), mais il résonne surtout, certes à sa modeste mesure, avec Impitoyable (Clint Eastwood, 1992), possible titre suppléant, puisque son argument, de passé point ne passant, repose à la fois sur le refus de la violence et l’accomplissement de la vengeance. Le générique de fin précise que les images de souffrance animale proviennent d’archives, exit le côté documentaire de Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980), donc, cependant ce métrage de traque générale, de gibier à deux pieds, capable de parler, pleurer, constitue à sa manière un tract contre l’occupation discutable, qui révulsait un

The Last Movie : Kill the Gringo

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Dennis Hopper. Franchement, il faudrait se ficher du making-of , en laisser la chronique du chaotique anecdotique au concierge Biskind, afin d’apprécier ce film restauré, ressuscité, en tant que tel, c’est-à-dire comme un creuset cohérent, où s’entrechoquent, en pertinent patchwork , des échos de Accattone (Pier Paolo Pasolini, 1961), Au-dessous du volcan (John Huston, 1984), Fitzcarraldo (Werner Herzog, 1982), Husbands (John Cassavetes, 1970), Pat Garrett et Billy le Kid + Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia (Sam Peckinpah, 1973-1974), Prenez garde à la sainte putain (Fassbinder, 1971), sans oublier, bien sûr, des correspondances ponctuelles, personnelles, avec Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), The Blackout (Abel Ferrara, 1997) ou Easy Rider (Denis Hopper, 1969). Le co-scénariste Stewart Stern, par ailleurs auteur des scripts de La Fureur de vivre (Nicholas Ray, 1955) et Le Vilain Améric

Au-delà des montagnes : La Vague

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Suite à son visionnage sur la chaîne d’ARTE, retour sur le titre de Jia Zhangke. Les Pet Shop Boys sont à toi Air les Daft Punk Madonna T’as l’cœur à danser moi pas Alain Chamfort Cet interminable mélodrame maternel, au marxisme de maternelle, à l’auteurisme mondialisé, autorisé par ARTE, à l’œcuménisme critique, fatidique, commence donc comme un Jules et Jim (François Truffaut, 1962) délocalisé. Au terme de quarante-cinq minutes cadrées carré, puisque le film enfile les formats, multiplie les temporalités, 1999 en 1.37, 2014 en 1.85, 2025 en 2.35, le titre apparaît, affirme en anglais que les montagnes peuvent partir, voire mourir, l’intitulé original résumant l’amitié miroitée, jouant sur la géographie, sinon la nostalgie. Elles peuvent aussi, on le sait, accoucher de souris, bel exemple que voici. Le triangle possède stabilité, dixit Mademoiselle Moreau, pardon, Miss Tao, hélas il s’avère ici insipide, ressassé, ripoliné à la sociologie jolie. Un cours d’écon

Solo : Nada

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Jean-Pierre Mocky. Programmation posthume, Solo (1969) commence comme se termine La Cérémonie (Claude Chabrol, 1995), par un massacre magistral, une leçon d’assemblage-dégommage. Ensuite, passée une maquette de paquebot suspecte, le concertiste en costard noir dissimule les diamants dérobés, s’allonge, content, en position de gisant : dès cet instant, le spectateur un peu attentif devine vite quel destin, guère serein, s’abattra in extremis sur cet ersatz d’Arsène Lupin, piégé par un frangin parisien, déjà « radicalisé », dirait-on aujourd’hui. Tourné à Reims, financé par un certain Taittinger, notez le placement de produit discret, connaissant un œcuménique succès, critique, public, ce film rapide, un brin insipide, doit davantage au cauchemar qu’au « film noir », à Robert Bresson qu’à Bob Aldrich. Au milieu de « modèles » anonymes, d’une mécanique idéologique, Mocky repasse devant la caméra, à contrecœur,

Coming Home : Made in China

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Zhang Yimou. Un téléfilm de luxe, un « véhicule » d’actrice, une évocation de bon ton ? Oui et non, car Coming Home (2014) doit sa modeste séduction à son dédoublement. Comme le retour à la maison de dénomination, de saison, s’accomplit en couple, d’abord le père, puis la fille, ce très sage métrage, à base « d’amnésie psychogène », de déjà-vu malvenu, en français, s’il vous plaît, de soleil absent, bienvenue à la pluie, à la neige, se divise et vise autre chose que le « devoir de mémoire », voire la repentir intime. Au-delà du récit d’une Pénélope délocalisée, déboussolée, victime anonyme, une parmi des milliers, en rime à la propre épouse de son agresseur sexuel, maître-chanteur d’autrefois, elle-même démunie de son mari, en banlieue rééduqué, au milieu de l’acier, réversibilité des rôles, du pouvoir impitoyable, d’une époque pourrie, d’un passé qui ne passe pas, que retrace le cinéma, le mélodrame domestiqu

Mr. Long : Les Délices de Tokyo

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Sabu. Après une intro à la Tarantino, parlote rigolote de tueurs en chœur, remember Reservoir Dogs (1992), une relecture culinaire de L’Été de Kikujiro (1999) ? Oui et non, car si ce professionnel ronfleur, monolithique, mutique, aux mains lavées, à l’âme malade, doit beaucoup à son homologue selon Kitano, le métrage possède sa propre personnalité, fait penser, de manière mesurée, aux Sept Samouraïs (Kurosawa, 1954), à Clean (Assayas, 2004) et à l’ item de Naomi Kawase (2015), sous-titre d’article, tandis que l’étreinte ultime, bouleversante, exaltante, nouveau contrat, larmes de joie, que fais-tu là, tous vous voilà, renvoie vers la coda idem du Voleur de bicyclette (De Sica, 1948). Correspondance cohérente, puisque Mr. Long (2017), opus en partie à propos de paternité, y compris empêchée, par procuration, par adoption, se soucie à son tour de social, cartographie un quartier, à défaut d’un pays, pau