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Affichage des articles du octobre, 2018

The Blob : The Thing

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Suite à son visionnage sur le service Médiathèque Numérique, retour sur le tire de Irvin S. Yeaworth, Jr. Communisme ? Œcuménisme. L’Invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956) ? La Fureur de vivre (Nicholas Ray, 1955). En 1958, « Steven McQueen » devient Steve Andrews et semble atteint de démence, comme l’indique « le film dans le film » Dementia , aka Daughter of Horror (John Parker, 1955). Lui aussi, en Pennsylvanie, va vivre une nuit éprouvante, va tenter de convaincre la petite ville d’un Danger planétaire , retitrage de ressortie so seventies , affiche fallacieuse à la Frank Frazetta en sus, en vérité très stellaire, in extremis refoulé en Arctique, pas encore touché par le réchauffement climatique, déjà exploré par The Thing from Another World (Christian Nyby, 1951). D’une chose à l’autre : en 1982, John Carpenter localise son eschatologie en Antarctique, à l’exact opposé géographique, amusante manière de se démarquer du modèle. Mais retournons v

Shooting Stars : La Clef

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre d’Anthony Asquith & A. V. Bramble. Des étoiles filantes, des étoiles qui tournent, des étoiles qui tirent : le titre polysémique original de ce métrage admirable résume l’intrigue, mais ne saurait suffire à signifier l’ampleur de son effet sur le spectateur. On ne reviendra pas sur la révélation du consécutif A Cottage on Dartmoor (1929), ni sur le pedigree vite esquissé du cinéaste. On se contentera de dire, d’écrire, que Un drame au studio (1928), avatar univoque, procède déjà du cinéma méta, du triangle amoureux, malheureux, qu’Asquith le dirige sous l’égide du vétéran Bramble, débutant sidérant de maîtrise. Premier film, par conséquent, et à sa manière modeste, constamment documentée, modelée de justesse, un film définitivement grand. Shooting Stars débute par une mise en abyme de western sentimental, par un tournage en intérieurs qui déraille ; pour la prairie éprise, on repassera. Le volatile s’envo

Pumpkinhead : A History of Violence

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Tête de citrouille-potiron pour trouille de saison. Imaginez Simetierre (Mary Lambert, 1989) avec du moto-cross , Les Raisins de la colère (John Ford, 1940) avec une vieille sorcière, Planète interdite (Fred M. Wilcox, 1956) avec des légumes, voire des légendes, d’automne et vous pourrez vous faire une idée assez claire de ce « film culte » méconnu, dû au maquilleur renommé Stan Winston, alors à ses débuts de réalisateur. Pumpkinhead (1988) possède au moins trois éléments majeurs : l’interprétation intense de Lance Henriksen ; la direction de la photographie remarquable de Bojan Bazelli, collaborateur d’Abel Ferrara sur China Girl (1987), The King of New York (1990), Body Snatchers (1993) et de Jennifer Lynch sur Boxing Helena ( idem ) ; sa nature de conte moral à contre-courant. Il commence comme Le train sifflera trois fois (Fred Zinnemann, 1952), par un portrait au passé, sis en 1957, de la lâcheté ordinaire, en nocturne Americana . On refuse une première fois de

Images : Oh, Susanna!

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Bal(l)ade irlandaise ? Enfantillages et fadaises… À Franck Ferreira, affaire de faux hasard En 1972, à Dublin, Robert Altman se renie à demi. Il évacue le choral, il conserve le théâtral. Drame de chambre, à coucher, à photographier, Images dure cent longues minutes et s’achève par une chute, au propre, au figuré. Sous sa douche à la Psychose (Alfred Hitchcock, 1960), l’héroïne pousse un cri prolongé par les percussions ponctuelles, stridentes, et la cascade rurale, renversant le mouvement ascendant, reprenant le plan en grue descendante du début, dévoile le véritable cadavre, celui du mari transi. Quand la gamine, aux faux airs de sœurette, lui demande comment elle-même s’occupait à son âge, sa « meilleure amie » lui répond qu’elle se racontait des histoires. Adulte, elle continue, elle passe son temps à cela, et Altman filme en mode méta son imagination en effet « délirante », son solipsisme de saison, automne d’intériorité, d’amours endeuillées. L’actrice écrivain no

La colline a des yeux : The Barbarians

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Wes Craven. Avec The Hills Have Eyes (1977) – on ne sait pas pourquoi le pluriel disparaît du titre français –, intitulé langien adopté par défaut, préféré à l’explicite et ironique Blood Relations , Wes Craven retravaille et développe l’affrontement final, familial, de La Dernière Maison sur la gauche (1972). Il signe aussi une satire des mœurs US itinérantes, autarciques, remémorant La Roulotte du plaisir (1953) de Vincente Minnelli et ses mésaventures sentimentales à bord de long, long trailer . Ce vrai-faux western , où les Indiens deviennent des anthropophages – on ne cesse de ressasser, de ruminer le cannibalisme, Tsui Hark ne me contredira pas –, où la caravane, le feu de camp et le siège demeurent eux-mêmes, inclut du nucléaire et du patriarcat, réinvente un voyage d’anniversaire (de mariage) en traversée de l’enfer. Durant deux jours et une nuit, unité d’action, de lieu et de temps de la tragédie c

Histoires de cannibales : Scary Movie

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Grosse bouffe et pas le temps de dire ouf. Le deuxième film de Tsui Hark, sorti en 1980, se termine par l’une des images à la fois les plus affreuses et généreuses du cinéma chinois de ce siècle-là. Le réalisateur offre littéralement son cœur au spectateur, qui n’en demandait pas tant, que le don, sinon le ton, indifféra. Comédie horrifique et accessoirement satire du communisme, Histoires de cannibales demeure trente-huit ans plus tard un film définitivement fou et radicalement rationnel. Non seulement le cinéaste signe une œuvre d’une vitesse impensable selon l’étalon d’action hollywoodien, où chaque plan, presque au bord de l’hystérie, conserve une clarté remarquable, une lisibilité ludique, surtout lors des affrontements cycliques, mais en en sus il s’inscrit dans le sillage d’un cannibalisme d’époque et dialogue ainsi avec Zombie (George A. Romero, 1978) puis le parfait contemporain Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato). Moins méta que l’Italien, le Hongkongais rejoint

La Bibliothèque noire : La Forêt forteresse

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Que la fournaise s’effondre ? Que se fissure l’indifférence ! Bien écrit, bien lu, ce roman d’anticipation, déroulé au présent, place l’avenir de la lecture estampillée publique sur une presqu’île d’usine, sous un ciel bleu de banlieue. Des scanners sous contrat puis émancipés, pas ceux de David Cronenberg , donc, y érigent une sorte de coopérative du livre libre, dans les décombres divers d’une bibliothèque d’entreprise. On comprend mieux alors le pourquoi de la couleur d’une bibliothécaire, aussi rouge qu’une utopie du passé ressuscitée, mise à jour, afin de combattre une tendance dystopique de désaffection, de numérisation, de globalisation. Auparavant, Cyrille Martinez donne à entendre trois monologues, celui d’un lecteur, d’un livre, de l’employée précitée. La BNF sert à la fois de cadre et de quatrième personnage principal à cette fable plaisante mais peu profonde. Documentée, historique et architecturale, la première partie cartographie les locaux et miroite les mœurs

Knuckleball : Mon voisin le tueur

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Ménage à trois ? Fugace effroi. Un Shining (1980) matérialiste ? Oui et non. Certes, Michael Peterson , réalisateur-scénariste polymorphe, formé à la TV, emprunte au film de Stanley Kubrick son cadre de conte de fées défait, tisse à son tour un survival d’enfance, de résilience. Comme son célèbre modèle, Knuckleball (2018) débute dans les airs, en voiture, en trio, à l’approche radio d’une tempête du siècle. Il inclut en outre une batte de baseball , le titre technique désignant d’ailleurs un lancer hasardeux, dénommé « balle papillon », des apparitions fantomatiques, une contre-plongée à la verticale iconique et des panoramiques identiques de défonçage de porte, cellier au lieu de salle de bains, bien. N’oublions pas la femme flic occise, en rime au cadavre du psychique Dick Hallorann, ni le fait annexe que Michael Ironside représente, pour certains, un ersatz de Jack Nicholson. Tout ceci établi, que reste-t-il d’original, dans cette œuvre hivernale, un peu vite résumée e