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Affichage des articles du mai, 2019

Un homme qui dort : Le Bel Indifférent

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Une traversée de la neutralité, une odyssée du détachement, un pari d’aujourd’hui…   Tu visionnes à domicile « un film de Georges Perec & Bernard Queysanne ». Tu réécoutes un texte remarquable, lu de manière admirable par Ludmila Mikaël. Tu épouses le parcours de Jacques Spiesser, étudiant démissionnaire, tout sauf suicidaire, en « socio géné », en licence, par ses soins licencié. Solitaire fantomatique, miroité à la Magritte, démultiplié par l’optique, le locataire que tout indiffère plonge en pleine déprime, s’imagine « maître du monde anonyme ». La « mise en scène » du réalisateur s’assimile à une caméra très mobile, ivre de travellings , par conséquent à contre-courant du voyage vers le vide, immobile. De l’espace, donc, des déambulations, mais aussi du son, tu apprécies la bande homonyme de Jean-Pierre Ruh, notamment partenaire d’Éric Rohmer & Roman Polanski, la « musique » de 010, in extremis mélodique. Tu repenses au Ballon rouge (1956) d’Albert Lamorisse, d

Unborn : Phoenix

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Shalom à la gomme ? Conte pour solde de tout compte… Le motif du miroir fantomatique matérialise l’intitulé du blog que vous lisez, lui-même définition du cinéma, mais l’argument mystique et historique excède les reflets funestes. Si Unborn (David S. Goyer, 2009) semble se souvenir de The Grudge (Takashi Shimizu, 2004) et son gosse d’escalier, de Prince des ténèbres (John Carpenter, 1987) et sa terreur quantique, de L’Exorciste (William Friedkin, 1973) et sa tête rotative en spider walk , l’essentiel se situe ailleurs, davantage du côté du Golem (Paul Wegener, 1920 ou Julien Duvivier, 1936), de Ces garçons qui venaient du Brésil (Franklin J. Schaffner, 1978), de Shoah (Claude Lanzmann, 1985). Ce métrage minoré, mal-aimé, mérite néanmoins une heure vingt d’une vie de cinéphilie, car il essaie de revitaliser un thème momifié, celui de la possession/malédiction, au contact de la Kabbale. Hollywood, on le sait, on renvoie vers Le Royaume de leurs rêves de Neal Gabler, s

Le Docteur et les Assassins : Soigner le ciné en société

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Récoltes dérisoires, grains de guérisons… 1 Le cinéma est essentiellement révélateur de toute une vie occulte avec laquelle il nous met directement en relation. Mais cette vie occulte, il faut savoir la deviner. Il y a beaucoup mieux que par un jeu de surimpressions à faire deviner les secrets qui s’agitent dans le fond d’une conscience. Le cinéma brut, et pris tel qu’il est, dans l’abstrait, dégage un peu de cette atmosphère de transe éminemment favorable à certaines révélations. Le faire servir à raconter des histoires, une action extérieure, c’est se priver du meilleur de ses ressources, aller à l’encontre de son but le plus profond. Voilà pourquoi le cinéma me semble surtout fait pour exprimer les choses de la pensée, l’intérieur de la conscience, et pas tellement par le jeu des images que par quelque chose de plus impondérable qui nous les restitue avec leur matière directe, sans interpositions, sans représentations. Artaud, 1927 Nous approchons d’une époque

Journey to the West: Conquering the Demons : Monkey Business

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Chérie, je me sens rajeunir, car tu conjures le pire… Nous voici bien loin du sien Bons baisers de Pékin (1994), salué par mes soins : avec ce colossal succès en Asie, pas même distribué ici, Stephen Chow « fait le show », paraît se prendre pour un certain Tsui Hark, qui ensuite en réalisera la suite, tout aussi lucrative, à l’intitulé lucasesque, Journey to the West: The Demons Strike Back (2017). Co-réalisé par Derek Kwok, co-écrit par des scénaristes en série, éclairé par Sung Fai Choi ( Détective Dee 2 : La Légende du Dragon des mers , Tsui Hark, 2013 + Détective Dee 3 : La Légende des Rois célestes , Tsui Hark, 2018) et musiqué par Raymond Wong ( The Lovers , Tsui Hark, 1994 ou Shaolin Soccer , Stephen Chow, 2001), ce conte moral, presque bancal, mérite d’être visionné en 480p, en VOST en anglais. Si, au Japon, aux États-Unis, la monstruosité marine nécessite des scientifiques, de l’atomique, cf. Godzilla (Ishirō Honda, 1954) ou Piranhas (Joe Dante, 1978), ici, on se

Maria : Cartel

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Pendant ce temps, l’admirable Elektra de Frank Miller se marre… Maria you’ve gotta see her Go insane and out of your mind Latina Ave Maria A million and one candle lights Blondie Monteur autodidacte, venu de la TV, de la publicité, des effets spéciaux, du clip vidéo, de la post -production, CV express fourni par son studio, Pedring A. Lopez aime le cinéma d’action de HK et cela se voit. Il se souvient aussi des Incorruptibles de Brian De Palma (1987), plus précisément de sa batte de base-ball létale. Quant à la coda sous la pluie, elle retravaille avec modestie le prologue épique de The Grandmaster (Wong Kar-wai, 2013). On notera en outre une scène de torture associant la glace et le feu, qui devrait ravir ou faire sourire les proctologues + une baston bicolore, noir et blanc symboliques, entre combattantes de toilettes, viens ici que je te fracasse ta petite tête sur un coin pointu de lavabo , que je t’empale ta compote ad hoc avec mon talon aiguille, brui

Félicie Nanteuil : Maryline

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La star et le poissard, le répertoire et le corbillard, le hasard et le brouillard… Moins singulier qu’Yves Allégret ( Une si jolie petite plage , 1949, Manèges , 1950, Les Orgueilleux , 1953), notre Marc homonyme commit Fanny (1932) ; avec Félicie Nanteuil (1945), il semble associer Entrée des artistes (1931) à La Demoiselle et son revenant (1952). La psychologie se substitue ainsi à la sociologie, la culpabilité remplace la théâtralité. En termes cinématographiques, on passe par conséquent de My Fair Lady (George Cukor, 1964) à Hantise (George Cukor, 1944). Co-écrit par le scénariste Curt Alexander ( Liebelei , Max Ophuls, 1933) et le dramaturge Charles de Peyret-Chappuis (répliques de Ce corps tant désiré , Luis Saslavsky, 1959), dialogué par Marcel Achard, collaborateur régulier du réalisateur, aussi auteur de Madame de… (Max Ophuls, 1953), le métrage éclairé par Louis Page ( Espoir, sierra de Teruel , André Malraux, 1945, L’Amour d’une femme , Jean Grémillon, 19

Rosita : Mon roi

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre d’Ernst Lubitsch. When the night has been too lonely and the road has been too long And you think that love is only for the lucky and the strong Just remember in the winter far beneath the bitter snow Lies the seed that with the sun’s love in the spring becomes the rose Bette Midler Durant cette « romance espagnole » joliment restaurée, merci mémoriel à l’équipe cinéphile de Dave Kehr , conservateur spécialisé d’un fameux musée d’art moderne new-yorkais, des scènes nocturnes émerveillent en mineur, un souverain marivaude, des figurants fourmillent, Mary Pickford se transforme enfin en femme forte, affirmée, délaisse la star adulte déguisée en gosse, (re)lisez-moi à propos de Pauvre petite fille riche (Maurice Tourneur, 1917), La Petite Américaine (Cecil B. DeMille, idem ) et Pollyanna (Paul Powell, 1920). Premier opus américain du réalisateur européen, allez ou non voter demain, au passage invit

The Unseen : Junior

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Séjour de désamour, invitation d’élimination… 1980 again , cette fois-ci à l’occasion d’un film bien nommé, car méconnu, non vu, désormais visible, disponible en ligne, en VO point sous-titrée, en appréciable 480p. S’il se souvient de Psychose (Alfred Hitchcock, 1960), de Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) et, davantage étonnant, de Duel au soleil (King Vidor, 1946), The Unseen (Peter Foleg, 1980) possède son propre style, sa propre personnalité, prend congé du spectateur séduit, surpris, amusé, ému, par une pietà poignante, presque apaisée, qui n’appartient qu’à lui, qui paraphe l’argument de maternité tourmentée, à base d’inceste et d’avortement, rien d’hilarant. Je le dis, je le redis, l’imagerie horrifique (s’)autorise la tonalité drolatique, procède du discours mélodramatique, se place parmi une perspective d’épouvantes et de pleurs, de violence et de clémence, de détresse et de tendresse, double origine de son unique noblesse, mélange étrange de sa supér