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Affichage des articles du février, 2022

Arrivederci amore, ciao

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  Un métrage, une image : Avanti! (1972) Comédie d’Italie, non « comédie à l’italienne », de cadavres, jamais macabre, comme Mais qui a tué Harry ? (Hitchcock, 1955), Complot de famille (Hitch, 1976), Avanti! avance, romance, à contre-courant, à contretemps, divertissement versus désenchantement : face à la fellation, affirmée, de la « suppliciée » Linda Lovelace ( Gorge profonde , Damiano, 1972), au miroir de la sodomie, simulée, de l’« humiliée » Maria Schneider ( Le Dernier Tango à Paris , Bertolucci, 1972), la nudité discrète, rondelette, de la déterminée Mills Juliet, demeure, en définitive, inoffensive, sinon insipide, participe du naturisme, point de l’érotisme. On connaissait, déjà, Un été avec Monika (Bergman, 1953), voici celui, aussi insulaire, moins doux-amer, passé en compagnie de Pamela. Assurance sur la mort (1944) devait débuter dans une morgue, les premiers spectateurs s’esclaffèrent, il fallut renoncer, laisser faire ; une trentaine d’années après, le lieu

La guerre est finie

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  Un métrage, une image : Pluie noire (1989) Filmer l’infilmable, les effets instantanés, puis prolongés, du premier des crimes de guerre, des « crimes contre l’humanité », commis par les États-Unis, avec un cynisme définitif, n’oublions les observations, les interdictions, au Japon sous occupation, sans se soucier de Resnais ( Hiroshima mon amour , 1959), en se souvenant surtout d’Ozu – pari à moitié remporté, puisque musique surdramatique, due à l’incontournable Tōru Takemitsu, plus nuancé, plus inspiré, chez Teshigahara ( La Femme des sables , 1964), Kobayashi ( Kwaïdan , idem ), Ōshima ( L’Empire de la passion , 1979) ou Kurosawa ( Ran , 1985), allez, parce que le prologue, couplé à un retour en arrière, en enfer, reconstitution en accéléré, au risque de saper la célèbre « suspension d’incrédulité », rappelle plutôt la pétrification de Pompéi, qu’il n’annonce Nagasaki. Pourtant, Pluie noire opère, presque sans crier gare, un saut spatio-temporel, préfère à l’historique l

Soigne ta droite

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  Un métrage, une image : Gipsy Queen (2019) Enfant je m’endormais sur des K.O. de rêve Et c’est moi qu’on soutient et c’est moi qu’on soulève Et voici les vestiaires on débande mes mains Kid Marin vient me voir ça ira mieux demain Claude Nougaro, Quatre boules de cuir Dans Blonde Vénus (Sternberg, 1932), Dietrich se déguisait en gorille ; ici aussi, une autre étrangère se masque, se démasque, en sueur, essoufflée, via le vénère adversaire sonnée, enlacée, tu viens de péter les dents de mon copain, putain, lui-même imbibée Blanche-Neige, instant de sidération, ensuite de consécration. Auparavant, le proprio un peu alcoolo du Caveau, du combat autrefois truqué, du rêve depuis cassé, aujourd’hui, voici Ali, ragaillardi, le bien nommé tombeau, hambourgeois, point hindou, attribuait le rôle du « Congo » à un Noir furibard, idée en effet très « impolitiquement correcte », racisme festif, différencié du harcèlement filmé subi par son indocile fifille Esme(ralda), dessinatric

La Dame du vendredi

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  Un métrage, une image : La Femme écarlate (1969) À Jacqueline, admiratrice de Monica & Maurice Comme Macha, éclairée par il suo Carlo (Di Palma), Monica aima le rosso, profondo (Argento, 1975), deserto (Antonioni, 1964), en Dior, l’adore, pense à sa propre mort, en veut à mort, à Julien Sorel, non, au Julien de Hossein, qui, au lit, sudiste, à Nice, vient vite de Vitti baiser, au propre, au figuré, parfums en faillite, propriété spoliée. Rapatriée à Paris, elle s’y divertit, s’y étourdit, décide de s’accorder une semaine, au terme de laquelle elle tuera le « directeur commercial » très indélicat, ensuite se suicidera. De la voleuse malicieuse, d’Austin immaculée, de sombre pistolet, elle demande « plus clair » à l’armurier, la (dé)route croise celle d’un « releveur d’épaves », métier idoine, croyant au « mélodrame », Maurice Ronet, en retrait, émeut, immédiatement malheureux, amoureux, d’une bientôt « morte », illico Vertigo (Hitchcock, 1958), altruiste du porte-à-porte.

J’ai pas sommeil

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  Un métrage, une image : Dracula au Pakistan (1967) Découvrant Dracula au Pakistan , on sourit souvent, pas contre, avec, puisqu’il manie, à l’image du principal personnage, le docteur baladeur le félicite de sa réplique drolatique, le fou rire et le raisonné frisson, du contemporain, plus connu, plus pourvu, Le Bal des vampires (Polanski, 1967) à l’unisson. Pourtant, pas question ici de moquerie, de mélancolie, costumée, annoncée, Sharon à chérir, avant, après le pire, plutôt d’une valeureuse variation, d’une réflexion en action(s), sur le désir, l’adultère, la famille, la foi. Surprise ultime du métrage de morale (pas seulement) musulmane, prologue en voix off d’explicite hubris, seul Allah la vie, la mort « dominer » doit, voilà, on y apprécie, aussi, une scène superbe, de féminine insatisfaction sexuelle, quand Shabnam, mordue, au propre, au figuré, de l’amant mort-vivant, du « cadavre vivant », traduction in English du titre d’origine, l’attend de toute son âme, pour lu

F for Fake

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  Un métrage, une image : La Grande Combine (1966) Femme fatale (2002) citait un extrait de Assurance sur la mort (1944), pendant un clip, Body Double (1984) en ressuscitait l’escalier, l’actrice encore ; The Fortune Cookie , quant à lui, annonce Snake Eyes (1998), pareil spectacle sportif, réflexif, aux milliers/millions de témoins qui ne voient rien, similaire amitié tourmentée, de l’aveuglement vers le dévoilement. S’il anticipe aussi, de manière douce-amère, le climat local d’espionnage paranoïaque, voire l’inverse, de la décennie suivante, cf. Coppola ( Conversation secrète , 1974) and Co. , il corrige la coda du contemporain Blow-Up (Antonioni, 1966), match de tennis mimé, muet, dont le simulacre assumé, en résumé, enterrait une désormais irréelle réalité : le cadavre, l’image du cadavre, le cadavre de l’image, CQFD. Cinéaste classique, réaliste au risque du cynisme, romantique au risque du sentimentalisme, Wilder préfère, une fois défaites les factices ficti

Clair de femme : Schneider dead and alive

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  Muse soumise, victime ultime ? Actrice active, citoyenne lucide… Mère célèbre, à sympathies nazies, merci Sissi, trois, ça (lui) suffit, (dé)liaisons à répétition, Buchholz, Evans, Ganz, Dutronc, Trintignant, dévotion + abandon = Delon, cassé contrat à la Columbia, fiasco avec (l’infernal) Clouzot, dépression post -épuisement, l’important c’est d’aimer, l’important c’est de se ménager, diverses addictions, avérées ou non, divorce amer, ancien mari suicidaire, vraie fausse couche, césarienne maousse, puis Biasini, épousé, séparé, néphrologie pas jolie, atroce accident de l’adoré adolescent, mort qui interroge encore, sépulture (un peu) profanée, (insipide) biopic de 2018 (beaucoup) alcoolisé : le passage sur Terre de Romy Schneider procède du mélodrame, propice au dolorisme, mais la femme (parfois in)fréquentable, l’actrice Eurydice, pléonasme programme d’art funéraire, il faut s’y faire, méritent mieux que les larmes commerciales de biographies refroidies. Romy, réduction au préno

Une autre histoire : Notre histoire

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  Roulette russe ? Succès Circus… Chansonnette simplette, certes, à la musicalité datée, même si Fanny Ardant défendait ardemment, dans La Femme d’à côté (Truffaut, 1981), la supposée vérité de ses dispensables semblables, assortie aussi d’un clip caractéristique, telle une capsule temporelle, un récit de jadis, qui mérite quelques lignes cinéphiles. Une autre histoire commence comme Le facteur sonne toujours deux fois (Garnett, 1946), trio de bon aloi, vaudeville loin de la ville, station-service au bord du hors service, dont le pompiste dépressif évoque un brin l’épave de Tchao Pantin (Berri, 1983). La jeune et jolie Annie Pujol, cliente au téléphone, en parallèle présentatrice de TV, descendante de pétomane, du Gérard en calebard alors la compagne, incarne une conductrice très lisse, avise le pare-brise, coup de foudre contre coup de pompe, se voit au rétroviseur, surcadrage de la brune et du moustachu inclus, cependant ne regarde en arrière, en direction de la cais

L’Équipée sauvage

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  Un métrage, une image : Les Démons du passé (2017) Ce (télé)film infime et intime possède un prologue de prière, au Père amer, un prêtre de pénitencier, une valeureuse veillée, à bougies allumées, à vitrail coloré, because collègue blessé, vite tiré pas assez, un crucifix à proximité du lit où Rita se rétablit aussi, pas la sainte homonyme, mais comme elle portée sur la causes ou les cas désespérés, qui vient de se faire à domicile tabasser, viol de justesse évité, Timo minot miro, illico recueilli par la voisine voilée. Pourtant, pas un soupçon de rédemption, Scorsese & Schrader ne décolèrent, car notre anti-héros, en sourdine raciste molto, Turcs et Roumains, mêmes vauriens, dommage pour le sociable Barat arménien, lui-même à tort accusé, par deux Blacks alcoolisés, de nazie nostalgie, replonge presque aussitôt, esquisse un sourire de plaisir, assis, à l’agonie, bastos dans le bide, sur sa grosse moto, avant d’être avalé par la nuit infinie de guère généreuse Germanie, ro

Lévy et Goliath

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  Un métrage, une image : Les Citronniers (2008) Avant le viandage du Dossier Mona Lisa (2017), entre les réussites de La Fiancée syrienne (2004) et Mon fils (2014), voici une comédie dramatique, en sourdine drolatique, merci au soldat point rapide, indeed , perché, assoupi, parmi ses tests psychométriques, dont celui-ci, dédié au ciné : connaître la fin d’un film, obstacle au plaisir du spectateur ? En vérité, on devine vite la victoire à la Pyrrhus, forcément douce-amère, sur laquelle s’achève le conte de citrons pas si con, certes assez superficiel, métaphorique plutôt qu’euphorique, aux arbres pas un brin tarkovskiens, in fine ratiboisés pour rien, dommage pour le ministre/mari désormais esseulé, autrefois, souviens-toi, très près de l’assistante attirante, en forme(s), en uniforme, d’une chanteuse embrasseuse, d’une journaliste à l’allure de Miss Yiddish, la caméra s’élève au-dessus du mur promis, construit, leitmotiv visuel du récit, selon des Asiatiques construit

Un violon sur le toit : Redécouvrir Rózsa

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  L’amour sous l’armure, Feyder dut s’y faire… À la mémoire de Christopher Palmer Compositeur majeur, cosmopolite artiste, fifils de maman pianiste, violoniste juvénile, mais moins virtuose que Jascha Heifetz, formé en Allemagne, compère de Honegger, compatriote des Korda, ami d’un Herrmann peu magnanime, autre amateur notoire de thérémine, enseignant à USC, l’admiratif Jerry Goldsmith y assiste aussi, Miklós Rózsa voyagea, ne chôma, y compris victime d’un AVC survenu en Italie, reclus à la Dietrich fissa reparti en Californie. Il mena même, dit-il, une « double vie », clin d’œil du titre de son autobiographie au titre d’origine de Othello (Cukor, 1947), Oscar inclus, deuxième reçu, parmi ceux de Spellbound ( La Maison du docteur Edwardes , Hitchcock, 1945), Selznick s’en fiche, s’en félicite, du bienvenu Ben-Hur (Wyler, 1959), à moitié partagé entre musique classée classique et cinématographique, séparation poreuse, distinction oiseuse, cf. un concerto hitchcockien, ça le valai