Arrivederci amore, ciao

 

Un métrage, une image : Avanti! (1972)

Comédie d’Italie, non « comédie à l’italienne », de cadavres, jamais macabre, comme Mais qui a tué Harry ? (Hitchcock, 1955), Complot de famille (Hitch, 1976), Avanti! avance, romance, à contre-courant, à contretemps, divertissement versus désenchantement : face à la fellation, affirmée, de la « suppliciée » Linda Lovelace (Gorge profonde, Damiano, 1972), au miroir de la sodomie, simulée, de l’« humiliée » Maria Schneider (Le Dernier Tango à Paris, Bertolucci, 1972), la nudité discrète, rondelette, de la déterminée Mills Juliet, demeure, en définitive, inoffensive, sinon insipide, participe du naturisme, point de l’érotisme. On connaissait, déjà, Un été avec Monika (Bergman, 1953), voici celui, aussi insulaire, moins doux-amer, passé en compagnie de Pamela. Assurance sur la mort (1944) devait débuter dans une morgue, les premiers spectateurs s’esclaffèrent, il fallut renoncer, laisser faire ; une trentaine d’années après, le lieu d’adieu, dépouillé, somptueux, dégoté par le directeur artistique Ferdinando Scarfiotti, collabo du Bernardo, au boulot auprès de Luchino (Mort à Venise, 1971), sur Barocco (Téchiné, 1976), partenaire de Schrader (La Féline, 1982) & De Palma (Scarface, 1983), accueille la scène la plus émouvante et amusante du petit opus impressionniste, du métrage à moitié sponsorisé par l’office de tourisme. Basé sur une pièce à insuccès de Samuel Taylor (Sabrina, 1954, Sueurs froides + L’Étau, AH, 1958, 1969), co-écrit par Billy & Diamond, associés au script doctor local Luciano Vincenzoni (Orca, Anderson, 1977, Le Contrat, Irvin, 1986, des Leone, Tessari, Corbucci), éclairé par l’incontournable Kuveiller (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Petri, 1970 + Le Venin de la peur, Fulci, 1971, viva Florinda, le diptyque Frankenstein/Dracula, 1973-1974, de Morrissey, Profondo rosso d’Argento, 1975), musiqué par Rustichelli qui, parmi sa playlist, sentimentale et sudiste, glisse un pastiche, du fameux intermezzo de Pietro (Mascagni), Cavalleria rusticana de Sicilienne assassine, enceinte, seins nus, un chouïa moustachue, Avanti! survole l’univers de Wilder, manque de matière, manie la lumière, met en lumière le mensonge du père, pardonnable, pardonné, reproduit, on reviendra, promis. Sous l’hédonisme estival, en douce(ur) incestueux, demi-sœur, demi-frère in fine amoureux, heureux, se dissimule une moralité mimétique, sympathique, anecdotique, carburant à la caricature, à l’extorsion en réunion, au chantage à l’image, sorte de travelogue, où deux travellings illustrent la « libération sexuelle » des seventies, le farniente de carte postée, allaitement public compris. Si le conte de classes rien ne casse, le romantisme se modernise, fi du féminisme, Miss Mills, blonde un brin rosée, arrosée, imbibée, tire, pour rire, sur la virilité dévoilée, déverrouillée, de Jack Lemmon, impeccable et récompensé, les pâtes se partagent, en écho à La Belle et le Clodo (Disney, 1955), les pieds de l’appréciée, allongée, anticipent Tarantino leur fétichiste, des bonnes sœurs assistent à Love Story (Hiller, 1970), Boulevard du rhum (Enrico, 1971) remplace Boulevard du crépuscule (1950), Clive Revill excelle, indispensable directeur d’hôtel, l’infect Blodgett ne végète, Janet Agren joue à l’infirmière aryenne. Pourtant, Pamela ne deviendra Andréa (La Grande Bouffe, Ferreri, 1973), ni Fedora (1978), correspondance à distance, soleil sombre, sur l’île sinistre et méta…                                 

Commentaires

  1. Vague souvenir d'avoir visionné ce film dans les années soixante dix, souvenir plus précis de Juliet Mills rencontrée en personne parce qu'à l'époque des années quatre vingt dix, on avait le même courtier d'art, elle m'avait donné l'impression d'être une femme sensible pleine d'expériences et de charme, à l'époque elle travaillait de grandes surfaces avec une sorte de mixture à base de couleurs de plomb à la main et souvent avec beaucoup de relief, d'après ce que j'en vois plus récemment ses oeuvres prennent un aspect plus décoratif alors qu'au début il y avait un côté orage et tragédie, le monde du cinéma étant ce qu'il est, elle avait pris ses distances dès les années quatre vingt, et son accident de voiture ensuite a bouleversé sa vie...
    Les huiles sculptées de Juliette Mills (Troyes)
    https://www.youtube.com/watch?v=kDZ0cC2FaHw

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  2. Pour préciser , https://fr.wikipedia.org/wiki/Juliet_Mills. m'a fait penser à Juliette Mills l'autre actrice que j'ai rencontrée, je ne les confonds pas, simplement un clin d'oeil au niveau sonore entre deux actrices actives à la même époque...

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  3. Les rondeurs de Juliet Mills tout comme celles de Juliette Mills, le cinéma des années soixante dix n'en voulait plus, et c'était pour la seconde d'après quelques témoignages une surveillance de tous les instants pour rentrer dans le moule de la ligne haricot vert à la mode de l'époque...

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    1. Enjoy!
      https://www.arte.tv/fr/videos/106236-019-A/blow-up-marguerite-duras-en-generiques/

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