Lévy et Goliath

 

Un métrage, une image : Les Citronniers (2008)

Avant le viandage du Dossier Mona Lisa (2017), entre les réussites de La Fiancée syrienne (2004) et Mon fils (2014), voici une comédie dramatique, en sourdine drolatique, merci au soldat point rapide, indeed, perché, assoupi, parmi ses tests psychométriques, dont celui-ci, dédié au ciné : connaître la fin d’un film, obstacle au plaisir du spectateur ? En vérité, on devine vite la victoire à la Pyrrhus, forcément douce-amère, sur laquelle s’achève le conte de citrons pas si con, certes assez superficiel, métaphorique plutôt qu’euphorique, aux arbres pas un brin tarkovskiens, in fine ratiboisés pour rien, dommage pour le ministre/mari désormais esseulé, autrefois, souviens-toi, très près de l’assistante attirante, en forme(s), en uniforme, d’une chanteuse embrasseuse, d’une journaliste à l’allure de Miss Yiddish, la caméra s’élève au-dessus du mur promis, construit, leitmotiv visuel du récit, selon des Asiatiques construit, Volvo illico, cette minable manie de Germanie, d’Amérique nordiste aussi, protection d’imposition, sécurité d’emmuré. Le conflit de voisinage, avéré dans la réalité, reflète bien sûr le trop fameux « conflit israélo-palestinien », comme disent depuis des décennies les observateurs bourrins, l’avocat sent ses doigts, n’en démord pas, la fifille d’un autre ministre épousera, presque russe papa, il instrumentalise le match médiatisé, à l’issue judiciaire disons nationalisée. Mais le réalisateur israélien ne manie le manichéisme, en tandem avec une co-scénariste d’origine palestinienne, pointe à dessein le pouvoir d’un patriarcat tout sauf sympa. Jamais misandre, moins dur que tendre, sucré, salé, Les Citronniers carbure à la mélancolie d’une amitié féminine, pudique et publique, magnanime et intime, le silence telle une sorte de résistance, de reconnaissance, double sens. Ni Guédiguian ni Sirk, Riklis semble cependant se souvenir de Tout ce que le ciel permet (1955), de son histoire d’amour tourmentée, contrariée, ici, de manière symbolique, miroitée, au beau baiser, joliment illuminé. Mal reçu à domicile, accusé à tort de prendre parti pour le mitoyen ennemi, salué, récompensé, à l’étranger, le métrage sage, en aucun cas sauvage, frise l’inoffensif, diplomate ratage, parvient au sauvetage, via son casting choral impeccable, mentions spéciales à Mesdames Hiam Abbass & Rona Lipaz Michael, actrices à la beauté instantanée, au talent évident, aperçues parmi les opus précédents. Refus de final heureux, camelote amerloque, le mec de loi s’en moque, loups relous, à deux ou quatre pattes, Salma (Madame Zidane, photo du footeux fournie au lit, eh oui) substituée à Ana (y los lobos, Saura, 1973), nuit agitée, de tir indéterminé, de maison maltraitée, ho(m)me(s) invasion de viol par procuration, descendance, adoptive ou non, au loin, à l’unisson, la bien prénommée Mira, qui regarde, parle, vise l’impensable, sinon l’impossible, pleure par-delà les mers, mère à l’instar de la douce et souriante adversaire, ensuite au terme du générique, une maxime ésotérique, explicite – ainsi va la (sur)vie en Cisjordanie, ni enfer, ni paradis, décor en or, à mort, de fable affable, lestée de légèreté, de joviale gravité, lucide à défaut d’être intrépide.  

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