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Affichage des articles du avril, 2016

En attendant la mer : Le Bateau

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Suite à son visionnage sur le site d’ARTE, retour sur le titre de Bakhtiar Khudojnazarov. Ouvert par une prière, fini par une épiphanie, ce conte cinématographique, produit par plusieurs pays (Allemagne, Belgique, France, Ukraine), passé inaperçu ici, programmé à un horaire indécent par la chaîne franco-allemande (pour découvrir la création contemporaine, il faut donc être insomniaque ou posséder un ordinateur connecté à la Toile) et résumé à tort par celle-ci en drame écologiste, le (vraiment) dernier film de Bakhtiar Khudojnazarov, prématurément disparu à Berlin au seuil de la cinquantaine, formé à la TV, à la radio et au VGIK, remarqué en Occident dès 1991 avec Bratan, le frère ou On est quitte (1993, primé à Venise), s’apparente à une  «  comédie humaine  »  flottant au-dessus des grands fonds de la tragédie. Il ne faut guère beaucoup se pencher par-dessus bord ni attendre longtemps dans le déroulement, avant de voir s’avancer vers le bateau de pêche un immense mur

Pollock : Ivre de femmes et de peinture

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La biographie d’un peintre ? L’autobiographie d’un acteur, surtout… Projet porté durant dix ans (en parallèle à des versions inabouties avec Barbra Streisand/De Niro et Pacino), qui n’intéressa personne, ni les compagnies dites indépendantes, ni les « grands studios », film tourné en cinquante jours, pour lequel Ed Harris paya de sa poche (il co-produit), de son poids (quinze kilos pris sous la surveillance d’un entraîneur) et de sa santé (repos de quarante-huit heures en réparation d’une carence globulaire, cinq points de suture sur une main suite à la « cascade » avinée en vélo), Pollock retrace les quinze dernières années terrestres d’un artiste « réformé P4 », alcoolique, immature, au fil du temps de plus en plus violent, envers les autres et lui-même, jusqu’à une sortie de route à trois en forme de suicide « involontaire ». Il suffit parfois d’un mot ou d’une réplique pour résumer une œuvre, à tout le moins « éclairer » (non élucider) son protagoniste, et le spectat

Nolaclark : Nola Darling n’en fait qu’à sa tête

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Ouvrir les fenêtres de l’intime et aérer la chambre (verte, filiale) mentale… On connaissait Audrey en critique, photographe, bloggeuse, journaliste : la voici réinventée, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre , en artiste graphique. Parce que les mots ne lui suffisaient plus (à qui peuvent-ils suffire, sinon à ceux qui s’en payent, dans leurs imbuvables ambitions présidentielles ?), parce qu’elle se sentait parmi eux un peu à l’étroit, parce que l’esprit s’avère, pour le meilleur et plus souvent le pire, inséparable du corps. La voilà travaillant de ses mains, enfin, découpant avec ses doigts fins des images pas si sages, dont elle révèle, en adroits collages évocateurs, la poésie naturellement polysémique. L’Occident aime à signifier, à relier les éléments, à raconter d’édifiants récits, afin de conférer en vain un sens à l’existence, beau défi dérisoire placé sous le double signe de l’intelligence et de la beauté, qui suffirait à racheter, à grandir,

A Scene at the Sea : Waterworld

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 « Retour aux sources » et spécialement à celle qui ne se tarit pas… À l’inspiratrice de minuit Quand on naît au bord de la Méditerranée, quand on nage face à une petite ville où surgit le train méta du cinéma, quand on marche sur le sable d’une plage grise et industrielle en hiver, la mer fait partie de votre corps, de votre histoire, cette mare nostrum devient vite vôtre, son souvenir salé jamais ne peut s’effacer. La discutable « mémoire de l’eau » ? Celle de l’enfance et de l’adolescence, du dimanche et du silence, des morts et des survivants, assurément. Pourquoi Fellini y finit-il sa douceur de vivre, pourquoi La dolce vita s’achève là ? Pourquoi Kitano, à la fin de Hana-bi , décide de s’y flinguer, après avoir délivré d’une balle son amoureuse condamnée par la maladie ? Pourquoi A Scene at the Sea et Sonatine comportent-ils de mémorables scènes maritimes, entre jeu et contemplation, joie légère et amère déréliction ? Pourquoi Laurent Bo